Bonjour à tous,
J'ai beaucoup de retard pour les photos mais j'ai profité de ce week end pour fabriquer de nouveaux calumets, ce sont des petits modèles, ceux que les indiens fumaient le plus souvent, notamment les femmes... Par opposition au calumet de cérémonie que tout le monde connait et que l'on voit le plus couramment.
J'en ai profité pour prendre des photos lors des phases de fabrication des fourneaux.
Le fourneau :
La pierre qui sert au fourneau, et que j'utilise, est de la véritable catlinite qui vient du Minnesota.
On en trouve relativement facilement sur le web, mais il y a plus de frais de port que de frais de pierre au poids ce qui n'est pas négligeable.
Par ailleurs, il existe deux ou trois mines de catlinite seulement et la dureté et le grain de la pierre ne sont pas identiques suivant son origine. Il est donc normal que la pierre ne soit pas régulière et qu'elle comporte des aspérités et des inclusions, c'est ce qui fait son charme.
Les différentes étapes de fabrication sont :
1) découpe à la scie du morceaux de bloc "utile" : en premier je trace au crayon les traits de scie généraux. Ensuite c'est la découpe : comme vous le voyez, j'utilise un petite scie type modélisme achetée à n'importe quelle foire fouille, les lames sont de la même provenance, denture de type bois. Il faut compter une lame par fourneau de calumet découpé !! Cela ne sert pas à grand chose d'acheter des lames de super qualité, elles durent un peu plus longtemps mais le temps de la découpe augmente. La coupe de la pierre produit un genre de talc qui bourre le trait de scie donc plus les dents sont neuves et mieux la poudre est évacuée et plus le trait de scie est propre.
Attention c'est une pierre assez fragile et les inclusions peuvent être plus dures !
2) découpe grossière de la forme de base : toujours à la scie, j'enlève les morceaux excédentaires qui serviront à faire des perles ou des amulettes pour les colliers. Rien n'est jeté (comme chez les indiens), même la poudre issue du sciage permet de servir de pigment, pour teinter les peaux de cerf par exemple.
3) perçage des deux trous du fourneau : j'utilise des vieux forets à métaux avec des bagues pour contrôler la profondeur, bien entendu les trous sont faits à l'aide d'une perceuse à main pour un meilleur contrôle. Le trou où viendra s'enfoncer le tube est agrandi de façon conique à l'aide de papier de verre monté sur une forme idoine. J'utilise en fait un manche de pinceau que j'ai façonné à la taille du cône qui convient.
4) abrasion à la lime gros grain pour obtenir la ligne générale : c'est la que la forme est façonnée et que les arrondis sont faits, à ce stade la forme est complètement définie.
5) abrasion à la lime grain fin pour diminuer le grain : cette opération consiste à diminuer les marques de la lime à fort grain tout en respectant la forme générale.
6) ponçage successif jusqu'à obtention d'un fini lisse au doigt : d'abord au papier de verre puis à l'aide de toile abrasive à eau pour la carrosserie, je lisse parfaitement toute la surface du fourneau, je fini au grain 600.
7) finition : pour obtenir la jolie teinte originelle de la pierre, je fini par un lustrage à la cire d'abeille.
Pour cela, je trempe le fourneau chaud dans de la cire d'abeille liquide (chauffée au bain marie), je laisse couler le trop plein et à l'aide d'un chiffon de coton non pelucheux, je retire l'excédent. Ensuite avec une peau de chamois et un peu d'huile de coude on obtient un beau lustrage.
Voilà, le temps de fabrication pour un fourneau tout compris est d'environ deux bonnes heures, c'est un peu moins long pour un petit que pour un gros mais il n'y a pas un gros écart, c'est juste la surface qui diffère.
Le tube ou stem :
En ce qui concerne le tube ou stem, j'utilise soit du tasseau en pin soit du cèdre rouge pour les grands fourneaux type cérémonie (plus beau mais plus cher).
1) sciage du tasseau en deux : on scie en deux dans le sens de la longueur le tasseau.
Suivant la forme du tube à obtenir, j'utilise du tasseau plus ou moins épais.
2) réalisation de la saignée : taillage en creux dans la longueur à l'aide d'une gouge ronde de diamètre 4 ou 5
3) collage des deux morceaux : on les colle ensemble maintenus par des presses, en ayant pris soin de repérer le sens des tasseaux au moment de la coupe pour pouvoir les appairer comme avant le sciage, la ligne de colle sera bien moins visible. Pour la même raison, il faut presser assez fort, j'utilise la longueur de la table de serrage de mon workmate.
Attention de dégager la colle qui aurait pu couler dans la saignée avant qu'elle ne soit dure ! Un cintre de pressing redressé fait très bien l'affaire.
4) façonnage de l'épaulement : à la lime on réalise l'épaulement conique qui s'insérera dans le trou du fourneau.
Attention lors des essais d'enmanchement, la catlinite c'est fragile... Le fourneau doit tenir en place sans forcer.
5) façonnage de la forme : il reste à donner la forme voulue au tube à la lime puis finition au papier de verre de plus en plus fin.
6) finition : au choix de chacun de teinter ou protéger le bois à sa convenance.
Je n'utilise aucun vernis ni produit chimique, que des produits naturels : de l'huile de lin, de la graisse d'ours, de la cire d'abeille ou du jus de citron.
Pour illustrer toute cette prose voilà une photo de ma dernière production de ce week end :
Et il me reste un fourneau de type "cérémonie" dont la taille est d'environ 18 cm de long et dont voici la photo :
J'ai joint une photo d'un de mes fourneaux perso dans son contexte habituel que l'on pourrait appeler "Le clan de l'ours" : (le fourneau mesure environ 20cm de longueur, le stem en cèdre environ 60cm)
En espérant que ce post aura répondu à votre attente, n'hésitez pas si vous avez des questions...