Tenue vestimentaire pour la Laponie Suédoise (Kungsleden) : Eté
Bonjour,
J’ai pris un peu de temps pour écrire cet article sur la Kungsleden, car il me semble qu’il est bon de se donner le temps de la réflexion. Lors de ma ballade le long de la Kungsleden j’ai pris pas mal de photo afin d’illustrer les différentes options possibles. Je mettrai les photos par la suite.
Introduction :
Tout d’abord, je voudrais dire que partir pour plus de cinq jours implique, quasi obligatoirement, que l’on va trouver différentes conditions climatiques. Cela nécessite donc de prévoir le nécessaire.
CAS n°1 on part pour des régions HABITEES :On peut se permettre de faire des impasses au niveau climatique. Par exemple, dans une région où la température évolue de 0°C à 30°C et les précipitations peuvent inclure la neige…on peut se dire qu’il s’agit juste d’avoir l’équipement pour évoluer entre 5°C et 25°C (99% de proba de rencontrer ces conditions, impasse sur les 1% restant) et de faire l’impasse sur les autres conditions : DANS LA MESURE ou l’équipement vous permet d’atteindre un lieu habité pour s’abriter.
Certain vous diront « il faut tout prévoir ». Mais cela impose une lourde surcharge dans le sac à dos. Or cette surcharge occasionne de la fatigue…elle-même source d’accident. C’est encore plus vrai dans les régions montagneuses. "Tout prévoir et tout avoir" n'est pas toujours la voie apportant le plus de sécurité.
CAS n°2, on part pour des régions INHABITEES :Il faut prévoir l’équipement pour 100% des conditions. Si le voyage dure longtemps, il faut être confortable. On peut compter sur le physique quelques jours.....pas 10 jours. Si un accident arrive, souvent favorisé par la fatigue, le "physique" tombe rapidement à zéro....et il ne vous reste alors plus grand chose.
Afin de garder un poids raisonnable, il n’y a pas d’autre méthode que de penser GLOBALEMENT.
Par exemple, votre tente est une partie de votre équipement « vestimentaire », c’est en effet un équipement qui peut vous maintenir plusieurs jours au sec sous un déluge. De même, l’usage d’une tente permet d’envisager l’utilisation d’un sac de couchage ou des vêtements en duvet….globalement la tente n’est pas obligatoirement une solution plus lourde que le tarpaulin.
La Laponie est une région quasi inhabitée. J’ai déjà dit que la Kungsleden était un cas à part puisqu’on peut rejoindre en une demie journée des abris confortables. Mais, avec quelques autres « gros itinéraires » c’est l’exception.
Quelles sont les conditions rencontrées ?
Bien évidemment, je ne me pose pas en expert de la Laponie. Mon expérience se limité à une excursion de 15 jours en été et à un séjour dans le nord la Norvège. Dans le deux cas, le temps a été globalement favorable. Mes commentaires s'appuient sur cette courte expérience et sur mon expérience passée sur d'autres terrains.
N'hésitez donc pas à critiquer.
Dans cette région (kungsleden), nous sommes 200 km au nord du cercle polaire. Ce n’est pas anodin, dans l’hémisphère Sud, vous seriez en Antarctique !!!!.
Les conditions sont très particulières. La température peut aller de 0°C à 30°C….voir plus si on prend en compte les effets de l’altitude. Les forêts sont dans les creux, le reste est sans arbres et très exposé. La région est sujette à des changements de temps importants et aux vents violents. Globalement, j’ai eu l’impression d’évoluer vers 2500/3000m d’altitudes dans les montagnes françaises avec quelques différences :
*La nuit est quasi absente sur la Kungsleden durant l'été. Donc pas d'angoisse de la nuit tombée....mais sommeil plus difficile et coups de soleil possible même par temps "normal" (peau exposée +12 heures)
*Les insectes sont omni présents. Si on utilise contre eux des produits chimiques, il y a un risque d'allergie. Pas toujours agréable à long terme. Incompatible avec certain synthétiques (DEET). DEET incompatible avec crème solaire. Crème solaire et DEET fusillent les membranes lipophiles (genre Goretex).
*On est éloigné de plusieurs heures de la « civilisation ». Pas de portable, pas d’évacuation rapide possible.
*L’eau est omniprésente. En cas de pluie violente et prolongée la progression doit être rapidement très difficile : ruisseaux, boue....
Sur le plan du matériel de portage, j'ai souvent observé sur la Kungsleden : gros sacs (80l), souvent à armature externe, sursacs de protection. Assez peu de ponchos. beaucoup de gens ont un bourdon pour faciliter le passage des ruisseaux.
Cette photo prise sur la Kungsleden illustre bien ce que j'ai observé : souvent un mélange de low et de high tech. A priori, vous vous dites le type c'est le cromagnon des randonneurs, ou bien il est fauché. Puis, quand on regarde bien on constate la présence d'un matelas thermarest et d'une tente hilleberg. Du top matos qui vient témoigner du fait que le type n'est pas fauché (une tente hilleberg c'est mini 500 €).
Le sac est antique, mais en fait bien adapté aux conditions lapones. L'armature peut servir à porter des caisses ou du gibier si on enlève le sac qui y est accroché. Sous une forte pluie, ce type de claie ne s'imbibe pas d'humidité, le sac est relativement étanche (absence de rembourrage sur le sac lui même).
Voici les options vestimentaires rencontrées :*Premièrement : la solution ultra moderne de type « haute montagne ».C’est la plus simple à mettre en ouvre, pas la plus économique. Elle a la faveur des jeunes et des trekkeurs allemands (qui ont souvent en plus des bâtons)
Il s’agit de la combinaison classique trois couches :
-Sous vêtement synthétique haut et bas.
-Veste polaire. Couche supplémentaire.
-Veste de type Goretex montagne, c'est-à-dire coupée près du corps, poches plaquées et courte..
-Pantalon de type supplex à jambe détachable.
-Surpantalon Goretex montagne.
-Chaussettes synthétiques.
-Bob supplex et bonnet chaud.
Chaussures de montagne (Lowa, Meindl, Hanwag). Avec comme variante des chaussures très hautes pour passer les cours d’eau et les zones marécageuses de la marque Lundhags.
Un bon exemple : tout synthétique, ensemble Goretex intégral revétu pour se protéger des moustiques, tente moderne tente MSR ....AMHA c'est une erreur de prendre des vêtemetns externes noirs : certe ils se "salissent" moins vite, mais ce sont des fours quand le soleil est présent (utilisation en simple coupe vent).
Avantages :
Cette solution est clairement efficace. Elle permet d’affronter en sécurité tout type d’évènement.
En cas de gros mauvais temps elle est confortable.
Bien adapté à une utilisation courte et/ou occasionnelle.
Le poids est faible.
Inconvénients :
Elle est la plus onéreuse, sauf si elle permet d’acheter de l’excellent matos en un seul exemplaire, dès le départ.
En dehors des conditions extrêmes elle n’est pas toujours confortable.
C’est globalement fragile et peu résistant sur le long terme. C’est la solution du randonneur/touriste.
Ce n’est pas « écologique », non seulement les matériaux sont issus du pétrole et fabriqués dans des pays exotiques dans des conditions discutables, mais surtout on voyage un peu des cosmonautes : on n’est pas en contact avec la nature, on s’isole d’elle.
Elle nécessite souvent l’usage intensif de produits DEET (anti insectes) et de crème solaire.
Mes conseils :
-Achetez du bon matériel pour la Kungsleden, si possible du trois couches avec ventilations. Essayez d’acheter l’ensemble de votre matériel en même temps. D’une part cela permet de négocier un prix, d’autre part cela permet d’acheter un système cohérent. Le Goretex est la solution offrant le meilleur rapport efficacité/durabilité/absence de risque. Le Goretex est peut être moins performant que l’event ou certaine autres options (Entrant, Dermizax, MP+…) mais il a pour lui une fiabilité et une performance éprouvée.
-Essayez d’éviter le noir (très chaud au soleil) et le bleu (attire les insectes ++, nombreux sur la Kungsleden). Une veste rouge ou de couleur claire est idéale. Le pantalon devrait être clair pour éviter de se transformer en four au soleil, il doit être aéré. Le pantalon est le plus difficile à acheter.
-Achetez une polaire de qualité. Contrairement à ce qui se dit ici ou là elles font la différence en terme de thermicité, durabilité et surtout coupe (ne gène pas sous la veste).
-Achetez des sous vêtements de qualité. Les trois marques que je conseille sont Odlo, patagonia, helly hansen (polypro).
Tshirt : minimum un manche courte, un manche longue à zip. Couleur claire si possible.
Slip ou caleçon : synthétique ou semi synthétique.
Collant : choix délicat, il ne doit pas trop serrer aux chevilles.
-Passe montagne, sous gants. Evitez la soie peu solide.
-Gants : les modèles en windstopper et/ou windbloc sont suffisamment chauds.
-Chaussettes : Je préfère les modèles avec de la laine pour le confort. Mais il faut reconnaître que les modèles synthétiques sèchent plus vites. Prendre des chaussettes noires, elles sèchent encore plus vite. Préférez deux paires de « fines » à une paire de grosse. Prenez une paire de grosse avec du synthétique pour la nuit ou en « back up ».
-Chaussures : pour la Laponie pas besoin de « grosses ». Le terrain est facile. J’ai vu peu de gens en chaussures basses de type « trail » : ils avaient beaucoup d’hésitation lors des franchissements multiples. Ces chaussures ne sont pas résistantes sur la longueur.
A Gallivare (fin du séjour sur la Kungsleden) j'ai rencontré un randonneur français, super sympa, un peu routard bohème désargenté.
Ce franc-comtois de 28 ans avait une grande expérience de la montagne, de l'alpinisme et de la vie dans la nature. Nous avons choisit de louer à deux un B&B. Il venait de passer une semaine sur la pasajaulare (?) un chemin de randonné moins connu que la kungsleden. Son équipement, low tech, venait essentiellement de D4.
Voici l'état de ses chaussures après 15 jours sur le chemin. Elles n'étaient pas neuves au début de la randonnée....mais quand même. A noter que l'odeur qui s'en dégageait était super infecte. Selon lui c'était le principal défaut du modèle.
Evitez les chaussures noires : trop chaudes
- Une paire de chaussette sealskinz me semble utile si vous avez les pieds trempés (pluie continue ou plus sûrement passage de rivière).
*Deuxièmement : la solution classique de type « randonneur classique 80's ».C’est la solution souvent rencontrée chez les scandinaves fréquentant la Kungsleden. Elle correspond à l’équipement classique de randonneur des années 80, avec certains ajouts modernes.
-Elle s’articule autour d’un pantalon en polycoton, parfois à jambe détachable (jeunes). Ce pantalon est robuste, résiste aux moustiques et sèche vite. Il est porté 90% du temps.
Voici l'exemple typique. Pantalon polycoton, chaussures hautes lundhags, matériel de rando.
Les lundhags : courantes sur la Kungsleden . La partie inférieure est en caoutchouc, le dessus en cuir, le haut très montant est matelassé souple. Ces chaussures permettent de passer au sec les multiples cours d'eau rencontrés.
-Au dessus se trouve une chemise en coton ou polycoton ou bien encore une veste en polycoton. Cette couche assure la protection mécanique, solaire et antimoustique elle n’est pas trop chaude mais coupe bien le vent. Elle résiste à une légère ondée et sèche vite. Elle dispose de nombreuses poches pratiques.
- Traditionnellement on trouvait dessus une protection de type veste Kway étanche et non respirante. Cette solution est toujours valable. Mais, la baisse des produits de type « Goretex » fait que la plupart du temps on préfère une veste de ce type.
Un exemple chez cette jeune fille à une halte de la Kungsleden : pantalon polycoton, chaussures lundhags, veste E-vent :
J’ai remarqué que la coupe est souvent longue de façon à protéger le haut des cuisses. Un surpantalon, de type « pêche ou goretex ». Cet ensemble constitue « l’équipement de pluie » et n’est pas porté en dehors de ces conditions. La couleur importe peu pour un port occasionnel, souvent c’est du vert olive.
- Des guêtres sont souvent présentes pour se protéger de la boue, à minima des chaussures montantes. Souvent des bottes en caoutchouc. Dans ce dernier cas, les scandinaves ont en plus des chaussures légères (trail, crocs, sandales….).
-La couche intermédiaire est une polaire ou bien des ullfrotte/woolpower 400gr. ou 600gr. qui sont très répandues, y compris chez les jeunes.
- Les sous vêtements sont les mêmes que ci-dessus avec présence majoritaire de HH en polypro. Pas mal de gens ont des sous vêtements de laine.
Avantages :
C’est, AMHA, l’ensemble le plus confortable. Les odeurs sont mieux gérées. Lers couleurs sont plus discrètes.
Inconvénients :
C’est cher puisque que l’on a « deux tenues ».
C’est plus lourd que la solution un. Mais gérable en terrain plat.
C’est peut être moins adapté aux conditions les plus humides, ou plutôt cette solution demande de l’expérience afin de gérer au mieux l’adaptation des différentes couches aux conditions climatiques.
L’ensemble sèche moins vite que du tout synthétique.
Deux exemples :
*Troisièmement : la solution classique de type « forestier/travailleur ».C’est la solution des gens plutôt âgés rencontrés, souvent celles des « locaux » qui travaillent sur la Kungsleden. J’ai été étonné de rencontrer beaucoup de chemise en coton, souvent en flanelle. De même, j’ai croisé beaucoup de jeans. Beaucoup plus que par chez nous sur les GR !
Pourtant, nous connaissons tous l’adage, et j’imagine les scandinaves aussi : « cotton kill ». Alors pourquoi ?
Avantages :
Ce n’est pas cher. Il suffit de regarder dans vos tiroirs ou d'aller chez Emmaus.
C’est extrêmement solide.
C’est confortable (pas d’irritation) excepté par temps super humide.
Cela sèche devant un feu, ou devant un poêle comme c’est possible de le faire souvent en Suède particulièrement sur la kungsleden.
Cela attire la sympathie des locaux….qui vous assimilent aux travailleurs. Vous ne ressemblez pas à un cosmonaute en ville.
vêtement Anti moustique confortable.
Inconvénients :
-Impossible de laver les vêtements en cours de route. Possible dans les huttes.
-Il faut disposer de change.
-C’est lourd. Possible seulement en terrain non escarpé.
-Comme on ne lave pas les couches intermédiaires….odeur « rustique » de travailleur mais pas la puanteur des synthétiques trop portés
Dans le détail :
-Souvent sous vêtement synthétique ou laine. Parfois chemise coton à carreaux à même la peau.
-Chemise légère flanelle coton et chemise lourde flanelle coton et pull over laine/acrylique ou polaire
-Jean ou pantalon « type chasse » polycoton ou canvas.
-Veste de pluie de type cirée ! C’est super lourd et non respirant, mais cela ne s’imbibe pas d’humidité même après 6 heures sous la pluie. J’ai vu aussi des suroîts qui sont confortables avec les cirés en condition très humides.
-Pantalon de pécheur.
- Souvent des bottes, ou chaussures hautes/guêtres.
Clairement, cette solution nécessite une bonne expérience de la « vie sauvage ». Sinon gros risque d’hypothermie. Sur le long terme, c’est une solution « low cost » car elle ne coûte pas cher et elle est très solide. On peut aussi réparer soi même (fil aiguille). Je constate que par chez moi (Pyrénées) les pros de la montagne ont tendance à revenir vers ces solutions car c’est moins cher. Cela minimise aussi les risques d’allergies.
Cette solution entraîne, de facto, de vivre en étroite liaison avec les conditions rencontrées : on ressent le vent, on sent la fumée, on est humide…..c’est aussi une philosophie. Elle est souvent adoptée sur la Kungsleden.
J'ai pris ici en photo le gardien du refuge de Singi qui repartait chez lui à Gallivare. Vous constatez que ce professionnel ne fait pas dans le hitec. Peut être pour des raisons financières, mais plutôt me semble-t-il parce qu'il est parfaitement expérimenté sur ce type de terrain. Notez comme il porte très bien son sac bien en appui sur les hanches.
Un couple d'une soixantaine d'année. Remarquez, les sacs à claie, les chemises, le port de la paire de botte, ainsi que le pantalon roulé pendant la journée : typique.
Conclusion :
Sur un terrain comme la Kungsleden (Laponie), EN ETE, il me semble que les trois solutions sont viables. La plus « sécure », surtout parce qu’elle nécessite peu d’expériences, est la solution un faisant appel au Hitec. Ce n'est pas obligatoirement la solution la plus confortable, ou la plus adaptée à long terme.
Une belle photo de notre randonneur français "low cost" , "low tech", fumet affirmé MAIS très expérimenté :
Trail de chez D4
Pantalon de chez Quechua.
Chemise flanelle manche longue, chemise flanelle épaisse patagonia (bio cotton), pull acrylique/laine/coton
Tshirt technique en synthétique (D4 je crois)
Chaussettes de tennis en coton.
Veste imper/chasse/pêche quechua. Bien étanche, doublée flanelle.
Did,