Du frais de la part de Laurent et patrice by randonner-leger:
Je viens d'y passer ma 5ième nuit (canal saint martin) mon boulot de toubib pouvant être en plus, utile.
ni fierté,ni courage, mais simplement une réaction face à l'inacceptable
rencontre fantastique avec Augustin ("responsable" des enfants de don quichotte dits EDQ) qui se donne dans cette lutte avec son coeur et son corps,totalement,sans calcul aucun...
rencontre avec les sdf et là ,le choc et le dégout (pas celui que l'on peut croire...):
-quelques jeunes (j'ai donné des conseils de santé à un gosse de 18 ans ) à la rue depuis si longtemps
-de nombreux travailleurs sans logement (métier "sur" pour la plupart), par salaire insuffisant ou manque de caution possible (Marco par exemple 1500 euros par mois à la rue depuis 2 ans et pas par choix)
-quelques alcoolo (mais je le deviendrai probablement aussi si j'étais à laur place) mais en moyenne moins que dans le reste la populace francaise (dixit étude insee)
-la description de la réalité des foyers de courte durée (vol voire viol, morpions, insalubrité et mépris,re-à la rue le lendemain..)me laisse pantois,la nausée monte
-de la souffrance à revendre,mais aussi beaucoup d'espoir dans ce mouvement
-que des écorchés vifs mais avec une put....d'humanité
Ca,c'était le choc...
Le dégout?
aucune réaction politique de tous bords (sarcko no comment,ségolène,arlette marie georges le petit facteur.....RIEN DE RIEN) ;faudrait leur rappeler à tous que le mot politique signifie "qui s'occupe du citoyen"
je ne tiens absolument pas à lancer un débat politique (de toute facon le silence total est de droite et de gauche,extrémes compris),mais comment les croire lorsqu'ils disent vouloir s'occuper de nous, alors qu'aucun ne lève un doigt pour la priorité des priorités...(les morts s'accumulent)
et lorsque le printemps fleurira, leurs tracts dans les marchés risquent de tous être très mal perçus.
Les personnes les plus respectueuses à l'extérieur?
les riverains du canal qui nous encouragent (aucune plainte à ce jour avec 200 tentes)
et la maison police (eh oui !)pour l'instant très très correcte et réactive au moindre dérapage venu de l'extérieur (mais bon l'image de marque est importante,je ne suis pas trop naîf)
Sinon,la tente quechua (posée en 2 secondes)est grande, lourde,mais efficace pour ce genre de bivouac
Elle est surtout VISIBLE de tous.
Ps : Laurent, si tu viens, je t'invite à un vin chaud...
*
Merci pour ces précieuses informations... Et de tout coeur avec vous ! En attendant dimanche. Tu y seras pour la journée, la soirée ou la nuit du nouvel an ? Je demande le toubib de la quarantaine ? Un signe particulier ? Ou tu me reconnaîtras à ma barbe roussement fleurie et à mon regard de poète désespéré ?
Amicalement,
Laurent
PS: j'adore le vin chaud ! On peut apporter des choses pas trop chères ? Du pain, des assiettes, des verres... ? Des idées ?
PPS: je peux aussi passer samedi, mais mon chien aura besoin d'aller courir au bois de Vincennes... Et moi aussi de respirer le vent dans les branches... Et il y a aussi des sans-abris qui y campent... Et depuis de très nombreuses années... Et jamais par goût pour le camping sauvage (ultra dangereux dans ce coin), je peux vous le dire... Deux d'entre eux avaient même planté leur tente exactement sur la tombe de mon premier chien quelques semaines après sa mort, il y a presque dix ans ! (un symbole de vie pour moi probablement...) Au milieu d'un cercle d'arbres sacrés où j'avais accroché des tissus comme le font les tibétains. Ils sont toujours au bois de Vincennes aujourd'hui. Depuis dans cette zone, il doit y avoir une dizaine de personnes qui y vivent toute l'année. Le campement est impressionnant maintenant... Ma Julie au coeur pur avait une si belle âme qu'il fallait bien qu'on lui tienne compagnie ainsi.
P3S:
Cf.*
Une très belle nuit avec Patrice et tous les amis du quai. Ce genre de nuit qu'on n'oublie jamais dans sa vie, et c'est rare, à mon avis. Une leçon de vie à chaque seconde jusqu'à trois quatre heure du mat. Beaucoup de choses à vous raconter... Mais l'essentiel est de venir vous joindre au mouvement...
En partant j'ai croisé Augustin. Trente tentes à Orléans, avec deux pèlerins... (près de ma Loire chérie, exactement là où je jouais du saxo toute la nuit en hiver dans ma jeunesse ; je savais bien que ma grande soeur d'âme allait réagir!)
Cela avance, je vous le dis ! (je ne peux pas tout vous dire à ce sujet...) Il ne faut pas lâcher la prise !
Allez, dehors les amis ! Sortez vos tentes et vos coeurs ! Allez à la rencontre de vos frères et soeurs qui dorment dans la rue ! Vous serez très étonnés du résultat sur vous...
Laurent
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