Salut,
Moi je ne fais normalement PAS de feu en rando. Jamais en été, sauf dans une grotte éventuellement, où ça ne craint vraiment, totalement et absolument rien du tout. Style une grotte inondée de flotte sous une chute d'eau...
Ceux qui ont déjà vu un incendie de forêt de près dans leur vie n'ont généralement pas envie de reproduire l'expérience. À moins d'être de sales cons ou des tarés, ou les deux.
La vitesse où ça se déplace, la puissance que ça a... c'est vraiment un truc de fou. Je préfère encore manger froid, sans dec...
Sinon, je suis plutôt contre le principe de faire un gros feu qui dure toute la soirée et tout. Le feu, c'est un truc qui se fait avec beaucoup de parcimonie. Si j'ai une tasse d'eau à faire chauffer, je fais chauffer UNE tasse d'eau avec trois brindilles et deux crottes de chamois. Ça me fait un feu de la taille de quatre bougies, qui dure 10 minutes, et ça suffit largement.
De toute manière, faut être réaliste, le feu n'est pas un bon système de conservation de la chaleur par temps froid (l'isolation, c'est nettement plus réaliste). Ça n'est pas non plus un bon système d'éclairage. Bref, ça peut servir pour la cuisine, à la limite... en hiver. En été ou dès que ça craint, c'est tout simple : je ne fais pas de feu. À la limite je risque un coup de réchaud en prenant des précautions (un réchaud qui se renverse, ça fait une flamme impressionnante... GAFFE !)...
Faut aussi comprendre que l'été, en conditions extrêmes, la moindre source de chaleur au niveau du sol, dans les aiguilles de pin qui dégagent plein de vapeur de térébenthine peut suffire à déclencher un incendie qui progressera extrêmement vite.
Souvent quand je me ballade en forêt en été, ici, je me dis "tiens, ça sent le feu de forêt"... c'est cette odeur de térébenthine qui me rappelle de mauvais souvenirs...
Évidemment c'est pas très romantique, et dans mes stages les gens s'attendent toujours à passer la nuit près du feu comme à l'époque des trappeurs... eh bé non. Les trappeurs ne perdaient pas 4 heures par jour à couper deux stères de bois pour se chauffer pendant la nuit. Ils avaient un petit poêle dans leur tente ou leur cabane, ce qui permettait de tenir la nuit avec 4 bûches coupées en 5 minutes.
Le "cold camp" est pour moi la forme la plus aboutie de randonnée et de bivouac. Le feu de camp le soir c'est vachement sympa et convivial, mais en même temps ça te fixe, ça t'aveugle, ça te bourre le nez de fumée et c'est cancérigène en plus.
En situation extrême, c'est pas pareil... si t'as pas de matos et que tu dois survivre à une nuit à la belle par -40, ben là oui... ta seule chance c'est de faire un gros feu de rondins. Mais si t'as de l'isolation, à quoi bon ?
Je pense que le feu rassure beaucoup. C'est le bon vieux mythe du feu qui éloigne les bêtes sauvages... quand on a un feu on se sent subitement moins seul. En fait c'est comme la télé. On pense qu'on ne peut pas vivre sans, et le jour où on s'en passe on se rend compte que ça nous laisse plein de liberté en plus.
Ciao
David