Salut
Bon... vu que cette version de mon bouquin a déjà été largement distribuée par mes soins, je vous livre ici une très vieille et très dense version du premier chapitre de mon bouquin. La nouvelle est vachement plus courte, plus claire, plus utile, plus pragmatique... celle-ci je vous la donne, avant que quelqu'un n'aie l'idée de vous la vendre
Evidemment, des dizaines de personne ont reçu ces lignes directement de moi depuis 2006. Pour tous mes stagiaires ou presque, depuis 2006 ou 2007, ça ne sera pas nouveau. Pour les autres, j'espère que ça vous donnera envie d'acheter le bouquin complet, qui sortira dans pas trop longtemps maintenant. Dans sa nouvelle version bien sûr. Mieux
Le texte qui suit, jusqu'à la fin de ce message, est bien évidemment sous copyright quand-même. J'espère que ça vous plaira !
[edit : j'ai changé un peu le ton de ces deux premiers paragraphes qui ont fait culpabiliser, apparemment, beaucoup de gens : pas de panique, si j'avais des reproches à faire, je les ferais directement les gars... je n'en veux à personne, et pour l'instant tout va pour le mieux ]Trois secondes sans prudence
« Un gros matou qui vit vieux, c’est un gros matou prudent. »
— Camille Manise (mon père)
Quand on côtoie un peu les gens qui fréquentent la mort de près régulièrement, on se rend compte qu’ils sont pratiquement tous faits d’un curieux mélange de folie suicidaire et de grande prudence. En fait, les gens qui sont assez fous pour foncer dans un immeuble en flammes pour y sauver un gamin, ou ceux qui s’amusent à sauter d’avions en parfait état de marche en pleine nuit, en ayant sur eux assez d’explosifs pour transformer un petit quartier en cratère fumant, ont tous un point commun. Ce sont tous de parfaits fous-furieux… qui savent ce qu’ils font. En se mettant volontairement dans des situations où la mort peut frapper à tout instant, ils se soumettent à une bonne vieille loi que notre société a tendance à oublier : celle de la sélection naturelle. Et la plupart d’entre eux en sont parfaitement conscients. Donc ils mettent toutes les chances de leur côté en se PRÉPARANT.
La prudence, ou comment les accidents surviennent
La prudence n’est pas tellement ce qui fait qu’on reste chez soi bien au chaud sous sa couette plutôt que d’aller faire des choses dangereuses. La prudence qui nous intéresse ici est plutôt l’art subtil de rendre les choses dangereuses moins risquées. Et cela se fait toujours de la même manière : en comprenant comment la situation peut se retourner contre nous, et en trouvant des solutions fiables pour ne pas que ça arrive.
Ainsi, les pompiers qui s’engouffrent dans une maison en flamme connaissent et comprennent les mécanismes et les dangers d’un incendie, et les parachutistes, de leur côté, savent quels genres d’étuis de couteaux peuvent encaisser les chocs d’un aterrissage un peu raté, et quels explosifs sont assez stables pour servir de coussin à l’atterrissage.
Mais il reste toujours une part d’incertitude. Comme dans tout système complexe, les accidents qui arrivent dans le monde réel surviennent presque toujours par la combinaison de facteurs relativement sans danger, pris isolément, mais qui une fois combinés prennent une allure beaucoup moins réjouissante.
Par exemple, le fait de marcher toute une journée en montagne et d’être légèrement déshydraté le soir n’est pas mortel en soi. C’est même pluôt la norme. Et le fait de se tordre une cheville n’a rien de vraiment dramatique. Mais de se tordre une cheville et de rester bloqué en haut d’une montagne alors qu’on est déshydraté (ce qui limite notre résistance au froid), c’est déjà moins drôle. Ajoutons à ça un petit orage de grêle en fin d’après-midi (fréquent l’été) qui nous trempe jusqu’aux os, et un refroidissement accompagné de vent qui arrivent pendant la soirée, et on a un cocktail qui a déjà tué plusieurs amateurs de plein-air, même sur des montagnes à vache et des itinéraires peu engagés.
[Illustration : diagramme de Venn (3 cercles qui se croisent). Cercles :
Déshydratation et résistance au froid limitée (et pas d’équipement pour compenser)
Entorse sévère (incapacité de se déplacer)
Orage de fin de journée et refroidissement nocturne
À l’intersection des trois cercles, une tête de mort, aux intersections de paires de cercles, triangle et « ! » signifiant le danger, mais pas mortel, dans chacun des cercles, le mot « bénin »]
Si on enlève une seule des parties de ce système, notre randonneur s’en sort relativement indemne. Sans sa cheville tordue, il peut marcher et rentrer se mettre au chaud. Sans orage pour le tremper, le froid et le vent de la nuit restent supportables. Si on ajoute ne serait-ce qu’une couverture de survie ou un poncho au mélange, la survie est assurée… Mais quand tous les éléments sont en place et qu’on n’a pas de solution pour éliminer au moins UNE des parties du problème, c’est échec et mat.
On comprend donc que bien souvent, en survie, il suffit d’éliminer efficacement UNE seule des parties d’un problème pour éviter le pire. Inutile d’avoir toujours réponse à tout. Inutile de se dire que si on ne peut pas tout régler, tout est perdu. Si on sait comprendre clairement de quelle manière les éléments se liguent contre nous, il suffit parfois d’en contrer un seul pour assurer sa survie.
Les gens expérimentés apprennent, avec le temps, à prévoir un peu et à prendre quelques précautions qui pourront court-circuiter ce genre de scénarios pour qu’ils restent de simples désagréments. Mais ce qu’ils gagnent avant tout avec l’expérience, c’est une capacité à reconnaître les situations qui pourraient devenir dangereuses AVANT qu’elles ne le soient vraiment. Comme aux échecs, les gens expérimentés pensent plusieurs coups à l’avance. Ils observent leur environnement et adaptent leurs plans et leurs objectifs en temps réel. Ils savent reconnaître la convergence de quelques éléments avant d’être pris en sandwich. Comme dans une partie d’échecs, ils analysent sans arrêt les mouvements de leur « adversaire », et y réagissent intelligemment.
La loi de Murphy
Les gens expérimentés apprennent aussi à ne pas avoir totalement confiance en leurs capacités. Non pas que celles-ci soient particulièrement défaillantes… Simplement, ils savent que l’être humain n’est pas infaillible. L’erreur est humaine. Et Murphy, en édictant sa fameuse loi, l’avait compris : « si quelque chose peut aller de travers, tôt ou tard ça va se produire ». Plus que du simple pessimisme, Murphy faisait par là preuve de réalisme, et cherchait des systèmes qui ne laissent tout simplement pas de place à l’erreur ou aux aléas, quels qu’ils soient.
Or, très souvent, ce qui peut aller de travers dans un dispositif de sécurité ou une stratégie de survie, c’est la vigilance d’un être humain. Dans les domaines où une erreur humaine peut être fatale, il faut simplement prévoir des mécanismes de sécurité qui ne lui laisseront pas de place, car l’erreur humaine est une constante.
Un grimpeur qui attaque une paroi sans corde n’a pas droit à l’erreur. La moindre chute peut être fatale. Et tôt ou tard, pendant la carrière d’un alpiniste, l’attention se relâche, un muscle se tétanise, un tendon, dans un doigt, part en poulie et nous laisse tomber... La corde et le baudrier, donc, sont là pour pallier à l’erreur humaine qui arrive tôt ou tard. La corde, pour le grimpeur, est un bon exemple de « solution fiable pour ne pas que ça arrive » (voir plus haut)…
Chez mère nature, le poncho, le couteau et tout le reste du kit de survie sont aussi (idéalement) des outils de ce genre. Même si les problèmes auxquels on doit faire face dans une situation de survie sont souvent beaucoup plus complexes que le simple fait de dévisser d’une paroi, quelques techniques de base, un minimum d’infos et un équipement bien choisi peuvent faire la différence entre la vie et la mort.
Mais on ne peut pas tout prévoir. C’est un fait. Et donc il arrive, dans certaines situations délicates, que rien d’autre que notre performance à nous ne soit en mesure de sauver nos fesses. Quiconque a déjà fait un plongeon dans l’eau glacée par –20°C, seul et loin de tout, sait de quoi je parle. Soit on réussit à trouver une solution, soit on meurt. C’est tout simple. Dans ce genre de situation – scénario de survie typique – l’efficacité compte avant tout. Et ce qui constitue le gros de l’efficacité d’un homo sapiens reste, même pour la pire brute du monde, son intelligence. Sa capacité à réfléchir, à juger, à planifier et à agir… Si l’évolution des espèces nous a doté d’une boîte crânienne aussi disproportionnée et d’un cerveau aussi complexe, c’est bien parce que nous y avons trouvé un avantage, quelque part. Et cet avantage, c’est justement la capacité que nous avons à trouver des solutions aux problèmes qui menacent notre survie.
Ceci dit, il existe des facteurs qui peuvent altérer notre intelligence. Et même les plus grands génies doivent faire face à ces réalités, que nous allons voir immédiatement.
L’effet chimpanzé
Nous savons tous que « la panique tue ». Bon. Bien. Maintenant, nous allons prendre le temps de comprendre comment elle tue. Il faut connaître son ennemi…
En situation de survie, comme dans toute situation d'urgence (dans la nature ou ailleurs), l'anxiété et le stress sont pratiquement des constantes. Face à des situations où le risque est bien réel, plongés dans un environnement que nous connaissons mal ou qui devient hostile, nous ressentons toujours du stress... et c'est là une chose parfaitement normale. Aussi, je m'en voudrais d'écrire un livre sur la survie sans parler du stress en long, en large et en travers... et surtout de la façon dont il influence notre capacité à survivre.
Le stress, jusqu'à un certain point, est indispensable à la vie. Un peu d'adrénaline nous aide à performer, à réagir, à trouver des solutions aux problèmes... Dans certains contextes, et à trop fortes doses, l'adrénaline a cependant des effets franchement indésirables. Je regroupe tous ces effets dévastateurs sous une étiquette un peu simpliste, mais qui en dit long sur nos capacités réelles dans ces moments extrêmes : « l'effet chimpanzé ». Car oui, il faut le dire, à partir d'un certain seuil notre adrénaline limite nos capacités les plus fines, et nous rappelle sans la moindre diplomacie que nous sommes, au fond, des primates commes les autres...
Quand on se retrouve en « mode chimpanzé », nous commettons souvent des erreurs grossières, qui peuvent compromettre nos chances de survie. Car si, dans un combat de rue par exemple, il peut être très avantageux de redevenir un primate pur et dur, dans une situation de survie au long cours, il est plus avantageux de réfléchir, de planifier, d’identifier clairement les dangers, de les éviter, et de s’économiser. Tout cela, sous stress, est extrêmement difficile, à moins de s’y préparer correctement, et longtemps à l’avance.
Physiologie du stress
Dans une situation que nous reconnaissons comme étant dangereuse, notre corps réagit parfois très violemment. Les gens qui pratiquent des métiers à risque, tout comme les adeptes de sports extrêmes en savent quelque chose : sous pression, nous changeons. Notre corps, fruit d'une longue et patiente évolution, a acquis au fil des millénaires d'extraordinaires capacités à survivre... et le stress est l'une d'elle. Ces mécanismes d'adaptation au danger sont un trait commun à pratiquement tous les vértébrés, ce qui indique qu'ils sont apparus très tôt au cours de l'évolution des espèces. Une biche pourchassée par une meute de chiens ressent fort probablement les mêmes choses que moi lorsque je me trouve entre une mère ourse et ses petits, ou quand je me rends compte que j’ai oublié l’anniversaire de ma femme... Comme ces fonctions de notre corps sont apparues à une époque où la vie ou la mort dépendaient de facultés très peu subtiles, comme courir plus vite, mordre plus fort ou sauter plus haut, c'est pour stimuler ces seules fonctions que le stress de survie est efficace. Autrement dit, le stress est une façon qu'a notre corps de se rendre plus performant pour ce genre d'activités simples et brutales... au détriment des fonctions plus fines dont nous disposons, et qui sont apparues bien plus tard au cours de notre évolution. Le stress est donc bien souvent inutile, voire contre-productif dans des situations où nous devons faire appel à nos facultés les plus fines, comme lors d'un entretien d'embauche, devant une copie d'examen, ou lorsqu'il s'agit de poser des gestes réfléchis, sûrs et précis pour sauver sa vie ou celle d’un équipier...
Dans une situation de stress intense, deux choses se passent.
D'abord, dans notre système nerveux, un basculement total se produit. Notre système nerveux parasympathique (celui qui est responsable de nos fonctions les plus « zen », comme la digestion, la diminution du rythme cardiaque, etc.) se met en veille, et notre système nerveux orthosympathique (celui lié à l'éveil, à la fuite ou au combat) prend le relais. Instantanément, notre corps tout entier est tendu et prêt à l'action.
Stimulées par notre système nerveux orthosympathique, deux jolies petites glandes situées juste au-dessus de nos reins — les glandes surrénales — envoient un cocktail explosif d'hormones dans notre sang. Composé principalement d'adrénaline, ce cocktail a des effets très importants sur notre corps tout entier (y compris sur notre cerveau)... Ces effets de l'adrénaline ont tous pour but de nous préparer à la fuite ou au combat, pour une situation de danger extrême (comme l'attaque d'un prédateur, par exemple). En voici une liste simplifiée :
Notre rythme cardiaque s'accélère. Lors d'un stress intense et survenant brutalement, il peut monter à plus de 190 battements par minute en moins de deux secondes. Cette augmentation du rythme cardiaque a pour but d'augmenter le débit sanguin et d'alimenter notre système en oxygène et en carburant pour qu'il puisse fournir un effort violent.
Nos bronches se dilatent, pour faciliter la respiration et contribuer à une meilleure oxygénation des tissus, toujours dans le but de faciliter la fuite ou le combat.
Nos vaisseaux sanguins superficiels se contractent (exactement comme quand on a froid). La peau et les extrémités deviennent blanches et froides. Cette constriction des vaisseaux sanguins superficiels a pour but de limiter les pertes sanguines en cas de blessure. Au même moment, les vaisseaux sanguins alimentant les grands groupes musculaires se dilatent autant qu'ils le peuvent, faisant affluer vers eux le sang chargé en oxygène et en énergie.
Nos fibres musculaires atteignent un niveau d'excitabilité extrême : au moindre influx nerveux ils se contractent très fort (ce qui explique qu'on sursaute si facilement lorsqu'on est stressé, et que notre motricité fine disparaît). Les mouvements « parasites » involontaires peuvent apparaître : on se sent raide, maladroit(e). Des tremblements (très similaires au frissonnement) peuvent apparaître si les muscles atteignent un niveau d'excitabilité suffisant pour se contracter d'eux-mêmes. Les muscles de la bouche et du larynx sont eux-aussi très tendus, ce qui peut nous causer certaines difficultés d'élocution et un timbre de voix inhabituel.
Notre foie libère du glycogène, qui servira de carburant à un effort violent.
Toute activité de digestion cesse. Dans certains cas extrêmes, on perd le contrôle de ses sphyncters : la vessie et le gros intestin se vident, sans qu'on puisse y faire quoi que ce soit. C’est désagréable, mais malheureusement parfaitement normal. Le but de la manœuvre est de s’alléger au maximum pour se déplacer plus rapidement.
On se met à transpirer préventivement, pour compenser l'augmentation de notre température corporelle causée par l'accélération frénétique de notre métabolisme. Ce sont les fameuses « sueurs froides ».
Dans notre cerveau, les vaisseaux sanguins qui irriguent notre néo-cortex (la zone extérieure du cerveau qui rend possible les fonctions les plus complexes et les plus « intelligentes » de notre esprit) se contractent, tout comme ceux de notre peau et, en général, de notre « écorce ». L’activité du néo-cortex est réduite au minimum. Le cerveau dit « reptilien », situé dans la masse centrale du cerveau prend le relais. Les fonctions cognitives et émotionnelles les plus basiques prennent le relais : peur, colère, joie incontrôlée (fou-rire), fuite, aggressivité... Nous perdons au bas mot la moitié de nos points de Q.I., et nous agissons de manière très spontanée, voire instinctive, sans pouvoir réfléchir correctement. C'est notre corps et nos conditionnements les plus forts qui prennent le pouvoir et qui dictent notre comportement.
Notre perception du temps change, et l'action semble se dérouler au ralenti. En fait, c'est notre cerveau qui se met subitement à tout percevoir à une vitesse décuplée. Ce phénomène, surtout vérifiable sur de courtes périodes et dans des situations réellement extrêmes, nous permet de réagir plus vite, et dans certains cas de voir toute sa vie défiler devant ses yeux en un temps record... Cela, cependant, ne nous rend pas nos facultés de raisonnement. Nous percevons tout plus vite, mais toute notre activité cérébrale reste cantonnée dans des fonctions primaires.
Notre mémoire à court terme cesse de fonctionner, et entraîne avec elle toute possibilité de retenir clairement des informations à court, moyen ou long terme. En interrogeant des personnes perdues en forêt, on se rend compte qu'elles ne se souviennent souvent pas où elles ont dormi la veille, ou si elles ont bu de l'eau pendant les heures précédant leur sauvetage... !
Nos sens sont en alerte. Nos pupilles se dilatent, notre acuïté auditive, olfactive et même tactile augmentent. Cependant, toute l’attention des sens se braque sur une zone d’environs 90° devant soi : le champ de vision rétrécit (vision tunnel), et les bruits venant des côtés et de l’arrière semblent atténués.
Nous devenons moins sensibles, voire insensibles à la douleur. Dans « le feu de l'action », on peut très bien subir une blessure importante sans s'en rendre compte, et continuer à fonctionner dans un état qui, en temps normal, nous clouerait au sol. Encore une fois, il s'agit là d'une tactique à court terme du corps pour se sortir d'une situation dangereuse coûte que coûte. Très stressés, nous continuerons à bouger pour sauver notre vie tant que notre corps en sera mécaniquement capable, souvent pour découvrir nos blessures éventuelles après quelques minutes seulement... Toutes les guerres ont ainsi leur lot d'histoire macabres où des soldats perdaient des membres et continuaient à se battre sans s'en rendre compte.
Les individus ont des réactions physiologiques très variées face à un niveau de stress donné. Si tout le monde ressent les mêmes types d'effets, lorsque l'adrénaline déferle dans leur sang, l'intensité relative de ces effets est différente pour tous. Ainsi, chez certaines personnes le rythme cardiaque augmente plus vite, alors que chez d'autres la vaso-constriction périphérique est plus importante, etc. Ces différences sont parfois très marquées... et complètement involontaires. Comme la couleur de nos cheveux ou la forme de nos pieds, nos réactions physiologiques à l'adrénaline font partie de notre baggage génétique bien plus que de nos capacités acquises. Mais nous pouvons, par l’entraînement, déterminer en partie notre comportement dans les situations stressantes. Nous en parlerons plus loin.
Un stress intense constitue une dépense d'énergie très importante pour notre organisme. Aussi, après une « grosse frayeur », il arrive fréquemment qu'on se sente complètement épuisé. Le corps, on l'aura compris, néglige toute économie d'énergie pendant ces phases de stress aigu, et dépense sans compter pour survivre coûte que coûte. Cette dépense d'énergie frénétique est une solution de survie à court terme, prévue pour les situations très urgentes. Elle a par exemple du sens lorsqu'un ours polaire décide de faire de nous son casse-croûte, ou lorsqu'on doit réagir vite et violemment à une situation de crise quelconque (sortir d'une maison en feu, se battre pour sauver sa vie, etc.). Il est bien inutile de s'économiser et de penser à préserver son énergie lorsque nos vêtements prennent feu et que nos semelles de chaussures fondent, en plein coeur d'un incendie ! Cependant, nos glandes surrénales font mal la distinction entre ces situations réellement extrêmes et d'autres situations que nous ressentons comme telles. J'ai ainsi déjà vu des gens subir les effets violents d'un stress « de survie » face à une copie d'examen, ou à une araignée inoffensive... Dans certains cas, la dépense d'énergie est inutile, et elle peut même être contre-productive, notamment lorsque nous avons besoins de toute notre tête, ou lorsque notre survie dépend de notre motricité fine.
Stress et performances
À partir d'un certain niveau, les réponses de notre corps à l'adrénaline deviennent si intenses qu'elles perdent en efficacité. À titre d'exemple, au-dessus d'environs 180 ou 185 battements par minute, le oreillettes de notre coeur se contractent et se détendent tellement vite qu'elles n'ont plus le temps de se remplir correctement, ce qui diminue notre capacité cadio-vasculaire. De même, passé un certain point, la capacité contractile de nos fibres musculaires devient telle que nos mouvements sont entravés par la tension de nos muscles antagonistes. Autre exempe, au-delà d'un certain seuil nos pupilles sont tellement dilatées que nous perdons de notre acuité visuelle, et faisons l'expérience de cette fameuse « vision tunnel » qui nous prive de notre vision périphérique...
[illustration : courbe en cloche classique : un axe pour le niveau de stress, un axe pour la performance... le niveau de performance optimal se situe au milieu de l'axe « niveau de stress »].
Soumis à un niveau de stress trop intense, nous perdons :
Notre acuité visuelle et auditive périphériques ;
notre capacité à raisonner et à trouver des solutions intelligentes à un problème, même simple, comme lire une carte correctement, élaborer une tactique, etc. ;
notre motricité fine, qui nous permet de poser des gestes précis et complexes, comme de gratter une allumette, utiliser une boussole, recharger une arme, etc. ;
notre capacité à communiquer clairement et à coopérer avec les membres de notre groupe ;
énormément d'énergie et d'eau...
C'est précisément cette chute de la performance attribuable à un niveau de stress trop élevé que j'appelle « l'effet chimpanzé ». Passé un certain seuil, l'adrénaline qui circule dans notre sang nous prive en effet de certains attributs qui font de l'espèce Homo Sapiens ce qu'elle est : notre capacité de raisonnement, notre motricité fine, et notre capacité à coopérer efficacement avec nos congénères. Lorsque notre sang commence à ressembler à un cocktail d’hormones digne d’un vainqueur du tour de France, et que notre niveau de stress atteint des sommets, nous devenons plus forts, plus instinctifs, plus brutaux, et plus bêtes...
Bref, une personne préparée et qui sait contrôler son niveau de stress pour éviter qu'il ne dépasse le seuil critique peut survivre très longtemps dans la nature. A contrario, une personne qui fonctionne pendant trop longtemps en mode « chimpanzé » diminue ses chances de survie. Le nombre de personnes qui succombent aux effets secondaires de leur propre stress dans la nature est là pour le prouver…
Savoir doser ses cocktails : comment limiter son niveau de stress
Lorsqu'on se trouve dans une situation où il est inutile de préparer son corps pour la fuite ou le combat, mais qu'on ressent néanmoins les effets du stress, il est, logiquement, utile de savoir faire redescendre son taux d'adrénaline. Une bonne maîtrise de ses émotions (et donc de son cocktail sanguin) est extrêmement utile pour économiser ses forces comme pour éviter de subir les symptômes handicappants de « l'effet chimpanzé ».
Il faut tout d'abord comprendre que le stress est une réaction à une situation que nous reconnaissons comme étant stressante. Cette perception, comme toutes les autres, est entièrement subjective et dépend de notre sensibilité, de notre vécu, de nos expériences passées, etc. Par exemple, un très jeune enfant qui voit un 32 tonnes foncer sur lui ne ressentira aucun stress, puisqu'il ne comprend pas le danger. Sa mère, voyant la scène, aura pour sa part une décharge d'adrénaline qui n'aura rien à envier aux plus grands instants de l'histoire militaire... Dans un même ordre d'idées, pour une personne citadine, le fait de se retrouver seul(e), sans matériel et loin de tout en forêt pourra déclencher des réponses physiologiques très intenses, alors que pour un indien d'Amazonie c'est une situation parfaitement normale, qui n'est absolument pas anxiogène.
Le conditionnement
La psychologie comportementale explique ce phénomène comme suit : notre système nerveux autonome réagit à des stimuli à partir d'associations. À chaque stimulus est associée une réponse physiologique quelconque, et cette réponse est généralement acquise (et plus rarement innée). L'exemple du chien de Pavlov, à qui on faisait entendre une cloche avant chaque repas, est un classique. Le chien, associant le son de la cloche à son repas, s'est bientôt mis à saliver au son de la cloche, que le repas lui soit présenté ou non. Cette association entre un stimulus (la cloche) et une réponse (saliver) est appelée, dans le jargon de la psychologie comportementale, un conditionnement.
En psychologie comportementale, le traitement des phobies se base sur ce principe simple de conditionnement, où on « reprogramme » progressivement les réponses de notre système à un stimulus donné. Par exemple, une personne arachnophobe se verra exposée graduellement à une araignée inoffensive, d'abord de très loin et progressivement de plus en plus près. La personne arachnophobe aura pour tâche, tout simplement, de se détendre en utilisant une technique de relaxation de son choix. Ainsi le corps, apprend à associer l'araignée non plus à de l'anxiété mais bien à un sentiment de calme, et les réponses physiologiques s'ajustent. Notre arachnophobe pourra ainsi se désensibiliser aux araignées jusqu'au point d'en laisser une courrir sur sa main sans ressentir la moindre peur. Il est donc possible, jusqu'à un certain point, de prévenir le stress inutile qu'on peut rencontrer dans une situation de survie chez mère nature en se désensibilisant progressivement à ce qui peut nous faire peur dans ce genre de situations.
Pendant mes cours de survie, je laisse régulièrement mes élèves passer des moments seuls en forêt. S'isolant du groupe, chaque élève se choisit un petit coin de forêt qu'il trouve accueillant et y passe quotidiennement un peu de temps tout seul, à observer la nature, à se débarbouiller ou a relire ses notes... peu importe. Au début du stage, cela se fait le jour, puis le soir, puis la nuit, etc. Le but de cet exercice est simplement de désensibiliser les gens au fait d'être seuls dans la forêt. Se sentant à l'aise dans ce contexte, ils pourront, par exemple, se perdre tous seuls sans avoir — en plus de tous les facteurs de stress légitimes — cette peur de la solitude en forêt a gérer.
Ce même principe peut s’appliquer aussi à la peur des hauteurs, à la peur des insectes, à nos manies diverses comme manger dans une gamelle avec une fourchette, manger chaud, boire un café le matin, dormir la nuit et pas le jour, à accepter l’aide du groupe, etc. En s’entraînant ainsi, longtemps à l’avance et progressivement, à vivre autrement, nous nous libérons de toutes ces contraintes artificielles qui sont autant d’obstacles à surmonter en situation de survie. Ce faisant, nous développons un trait de personnalité qui a, à mon sens, une valeur extrême : la rusticité. Nous développons aussi, du même coup, notre capacité à nous adapter à des situations nouvelles. Ces deux traits de caractère, s’ils sont plus ou moins faciles à acquérir selon les personnes, sont avant tout des choses que l’on apprend avec l’expérience.
Techniques de relaxation
Si on peut faire en sorte de « soigner » ses phobies et même de se désensibiliser à beaucoup de choses en s’y exposant progressivement, cette méthode préventive a ses limites. Il arrive parfois qu'on se retrouve face à un stimulus pour lequel notre réponse est le stress, un stress intense qui nous submerge et nous prive, dans le meilleur des cas, d'une bonne partie de nos moyens. Pour pratiquement toutes les personnes qui se retrouvent perdues en forêt ou en montagne, c'est d'ailleurs le cas. Et c’est normal. C'est aussi le cas pour la plupart des gens qui se blessent loin des secours, ou qui se retrouvent dans une situation d'urgence quelconque, en pleine nature ou ailleurs. L'anxiété grimpe, L'adrénaline déferle, et on se retrouve vite, même sans paniquer complètement, en « mode chimpanzé ». Des techniques simples de relaxation peuvent nous aider à faire redescendre notre stress, ou même à l'empêcher de monter. Ces tecniques nous permettent de conserver intactes l'essentiel de nos facultés.
Agir concrètement
Ça peut sembler simpliste, mais l'action est une excellente technique de relaxation. Le simple fait d'agir de manière constructive pour améliorer sa situation constitue l'un des antidotes au stress les plus efficaces. Une personne perdue en forêt, en pleine nuit, et qui prend la décision de s'allumer un petit feu de camp commence déjà à se calmer, avant même de voir les premières flammes de son feu briller... En se concentrant simplement sur des solutions à ses problèmes, la personne stressée laisse moins de place à la peur dans son esprit. Outre cet effet immédiat sur notre moral, une action efficace et réussie améliore concrètement notre situation, ce qui nous rassure d'autant plus. Réchauffée par son feu, voyant un peu mieux autour d'elle, la personne qui vient de réussir à allumer un feu en pleine nuit se trouve concrètement dans une meilleure situation et s'en rend vite compte... L'effet calmant est donc double.
Utiliser son imagination correctement
Quand j'étais gamin, mon père me disait souvent que quand notre imagination et notre raison se battent, c'est toujours notre imagination qui gagne. Je me rappelle de mes premières nuits seul en forêt, vers 8 ou 10 ans, où je m’imaginais sans arrêt qu’un ours allait venir me dévorer, ou qu’une bande de coyotes allaient s’en prendre à moi et me déchiqueter comme ces carcasses de chevreuils que je voyais de temps à autre dans les bois. Ces visions d’horreur duraient en général toute la nuit et ça n’est qu’au petit matin que je réussissais à dormir pendant quelques courtes heures, pour me réveiller épuisé.
Même adultes, nous restons très sensibles à notre imagination. En situation de survie, on pourra s’imaginer que personne ne perdra son temps à venir nous aider, ou que l'ennemi est invincible, etc, etc. Les films d’horreur que l’on peut se faire n’ont pour limite que… notre imagination.
En fait, notre système nerveux autonome (celui qui est responsable, entre autres, du largage de l'adrénaline dans notre sang) ne fait aucune différence entre les situations que nous imaginons et celles que nous vivons réellement. Lorsque nous imaginons un danger, notre corps réagit comme si le danger était bien réel. De même, lorsque nous imaginons une situation plaisante, notre corps la vit comme si elle était réelle, et se détend. L'imagination, donc, a un pouvoir énorme.
Dans les pires moments, on peut imaginer des situations plaisantes pour se donner un peu de répis. Lorsque la situation le permet, imaginez ce qui vous ferait le plus plaisir au monde... imaginez tous les détails, laissez libre cours à vos plus intenses fantasmes... Les résultats sont surprenants.
Notre cerveau, d'ailleurs, utilise ce processus de manière innée pour protéger notre « moi » des assauts du monde extérieur. Dans ces moments de pur cauchemar où nous flirtons avec la mort et les limites de notre tolérance physique et morale, nous avons ainsi tendance à « décrocher » pendant de brefs instants, pour nous retrouver dans un endroit merveilleux, quelque part au fond de nous-mêmes, où la souffrance et la peur n'existent plus. Ce phénomène est difficile à décrire à quelqu'un qui ne l'a pas vécu, mais cela se rapproche clairement d'un état de conscience altéré où notre cerveau nous envoie des images et des sensations rassurantes, pour nous « donner des vacances » en quelque sorte. Je me souviens, ainsi, d’avoir admiré le faux-plafond sale d’un hopital, et d’avoir été complètement absorbé par son grain, par les jeux de lumières des néons sur la texture cartonnée. Je trouvais cela si beau que j’étais parfaitement déconnecté de tout le reste, en extase pure et simple devant… un néon et un vieux bout de plafond blanc texturé. Et non, je n’étais même pas (encore) sous morphine.
Le fait est que le corps obéit à l’imagination. Les athlètes de haut niveau, d’ailleurs, utilisent fréquemment des techniques de visualisation pour préparer une épreuve, ou même pour stimuler leur développement physique. Il a été prouvé que le simple fait de s’imaginer à l’entraînement peut avoir un effet bénéfique sur notre condition physique ! Sans tomber dans des détails inutiles, il devient de plus en plus clair pour les scientifiques que notre corps est une extension de notre esprit, qu’il est simplement ce qui permet à l’esprit de réaliser sa volonté. Pour résumer, faites de votre imagination un outil qui vous servira, et non pas un problème supplémentaire.
Respirer
Plusieurs disciplines orientales, du Yoga à la méditation tantrique, en passant par plusieurs arts martiaux et les cours de préparation à l’accouchement enseignent à respirer correctement. Cet acte (respirer) que nous pratiquons pourtant sans arrêt nous semble tellement banal que nous négligeons l'immense pouvoir qu'il cache. La respiration est en effet un outil simple et extrêmement efficace pour limiter son stress, diminuer son rythme cardiaque, détendre tous ses muscles, diminuer l’intensité d’un frissonnement le temps de craquer une allumette… et même calmer certains types de douleur.
La sagesse orientale a découvert les secrets de la respiration il y a de nombreux siècles, et la science d'aujourd'hui explique très bien comment, concrètement, la respiration influence notre corps tout entier. Notre respiration est intimement liée — d'un point de vue anatomique comme d'un point de vue fonctionnel — à notre système nerveux autonome. Les muscles et les divers capteurs biologiques qui interviennent au cours de notre respiration ont une influence réelle sur notre état général. Lorsqu'on inspire à fond et qu'on expire longuement, notre système nerveux parasympathique (la partie « zen » de notre système nerveux autonome) est stimulé, ce qui produit (entre autres) les effets suivants :
notre rythme cardiaque dinimue ;
nos muscles se détendent ;
notre pression sanguine diminue ;
notre seuil de douleur s'élève ;
nous nous sentons plus calmes... et concrètement nous le sommes !
Ces effets, bien connus par les scientifiques, sont bien réels. Ils sont utilisés depuis des siècles et ont faits leurs preuves partout, des montagnes tibétaines aux salles d'accouchement françaises, en passant par les stades de rugby et les champs de bataille. Cette technique, extrêmement simple, est un outil fiable et efficace qu'il ne faut pas hésiter à employer dès que le besoin s'en fait sentir ! Soufflez !
L'humour
Dans beaucoup de métiers à haut risque, comme dans les clubs de fous-furieux pratiquant les sports extrêmes, on semble traiter le risque avec un mépris total. Plaisantant sans arrêt avec la mort, ironisant et bravant tous les dangers avec des blagues parfois un peu grosses, les gens qui ont l'habitude de faire face au danger — loin d'être inconscients — contrôlent en fait leur niveau de stress. L'humour, dans des situations extrêmes, nous fait prendre un peu de recul... Pour notre corps, en effet, le rire est fortement associé avec la décontraction et le plaisir. Lorsque nous rions, notre corps tend vers cet état, et notre stress s'apaise, tout simplement.
Bref, l'humour — outre le fait d'être généralement plutôt marrant — est selon moi une technique de survie à part entière.
Survivre malgré « l'effet chimpanzé »
Même avec toutes les techniques préventives et curatives décrites ci-haut, il existe des situations d’urgence réelle qui vont nous mettre en état de stress intense, quoi qu’on fasse. Une blessure, une situation d’urgence, ou un danger réel qui nous menace sont des choses qui existent, et qui peuvent nous plonger, malgré le meilleur entraînement du monde, dans un état proche de nos ancêtres à poil. En plus de prévenir et de savoir limiter son stress, il est donc aussi très important de savoir fonctionner à peu près correctement malgré lui.
L'importance de la préparation
En « mode chimpanzé », nous ne pouvons faire QUE ce que nous avons patiemment et méthodiquement inscrit en nous jusqu’à ce que ça devienne une seconde nature. C’est en faisant et re-faisant les mêmes gestes, de la même manière, dans des contextes variés et de plus en plus stressants qu’on arrive à pouvoir les poser en situation extrême.
Souvenez-vous de la première fois où vous avez conduit. Tous ces nouveaux paramètres à assimiler. L’embrayage, l’accélération, le bruit du moteur, les vitesses, le volant, les rétroviseurs… Après quelques semaines de conduite seulement, tout était intégré et devenait automatique, fluide, facile. À partir de ce moment, vous pouviez conduire en discutant ou en cherchant votre route, ou en étant stressé. La technique était vraiment intégrée. Il en va de même pour les techniques de survie. Une fois que notre corps tout entier a enregistré ces techniques, elles s’expriment d’elles-mêmes quand le besoin s’en fait sentir. Bref… On doit pouvoir le faire sans réfléchir. Et le seul moyen d’y arriver reste de pratiquer régulièrement.
Nous l’avons bien vu, en situation extrême, nous ne savons plus rien, nous ne réfléchissons plus, nous agissons simplement en fonction de ce qui est le plus profondément inscrit en nous. Seules restent utilisables les choses que nous avons préparées longtemps à l’avance, par la répétition, l’entraînement, la pratique… Il n’y a pas de secret. Il faut travailler.
Pour les mêmes raisons, il est important de bien choisir son équipement, et de bien le connaître. Les pièces d'équipement compliquées, bourrées de fonctions diverses et variées ne servent à rien, dans les situations d'urgence, alors que les éléments simples et faciles à utiliser restent utiles. C’est pour cela (entre autres) que je préfère les bêtes ponchos aux vestes « high tech » pleines de fermerures éclair et de cordelettes fragiles. C’est pour cette même raison que je préfère les couteaux à lame fixe aux multi-outils bourrés de fonctions complexes, les briquets au magnésium (voire les feux de signalisation routière) aux allumettes, etc. En fait, plus une pièce d'équipement est simple, et moins elle fait appel à notre intelligence ou à notre motricité fine, et mieux elle reste utilisable en situation d'urgence. Avant de choisir une pièce d’équipement, je me pose donc toujours cette question : « au niveau utilisation, est-ce que c’est plus proche d’une massue préhistorique, ou d’un truc de l’ère spatiale ? »
Plus ça fonctionne comme une massue (simple, efficace, rien à comprendre, aucune motricité fine nécessaire), et mieux ça marchera en situation d’urgence.
3 secondes sans prudence… en conclusion
L’une des choses qu’apprennent les gens qui pratiquent « Mère Nature » depuis assez longtemps, c’est qu’elle est aussi puissante que belle, et aussi imprévisible que généreuse. La puissance de la nature nous dépasse, et de loin. Les forces en présence sont tout simplement hors de notre portée. Aussi, il est sage de rester humble devant la nature, et de rester conscient de la hiérarchie, quand on se retrouve au milieu de nulle part ou ailleurs. Celle qui commande, c’est Elle. Et la bonne vieille prudence, quant à elle, reste irremplaçable. J’ai pour habitude de dire, comme mon père, qu’un gros matou qui vit vieux, c’est un gros matou prudent. Dans le doute, donc, il mieux vaut pécher par excès de prudence que par accès de connerie.