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Stages de survie CEETS

Auteur Sujet: Que faire face à une tentative de suicide ?  (Lu 22405 fois)

07 septembre 2007 à 12:14:19
Lu 22405 fois

kikou92


Bonjour à tous,

Mercredi midi, un jeune a sauté du 13ième étage d'un immeuble de ma résidence... Il y est resté...
Cela s'est passé très vite, on m'a raconté que dans la cour, il y avait du monde qui vaquait à ses occupations habituelles, y compris des enfants qui jouaient et qui ont tout vu in fine; ils auraient aussi pu se prendre le type sur la tête...

J'aurais très bien pu être à ma fenêtre à ce moment-là et voir le type monter sur le rebord de son balcon. Je me demande ce qu'il aurait fallu faire dans ce cas-là...
Lui gueuler de ne pas sauter ? Vous imaginez s'il me regarde et saute au moment où je lui dis cela, je penserais que c'est ma faute...
Rentrer vite et appeller les pompiers ? Ils arriveraient trop tard ou au pire dans un barrouf de tous les diables qui le motiverait à sauter, non ?

Bref, pas trop d'idée, je suis comme un c*n à me demander comment agir...

Merci pour vos avis. J'ai pas trouvé gd chose sur le net.

ps : j'ai mon AFPS mais je ne crois pas qu'elle soit d'un grand recours dans ce genre de situation.

A+

Alexis

07 septembre 2007 à 12:46:34
Réponse #1

Cynry


Je pense que sur le moment, c'est vraiment du cas par cas. Pour ingestion de médocs, tailladage de veines et trucs dans le style pas immédiat, prévenir les secours puis mettre en application ce que l'on connait en matière de secourisme.

Le mec qui veut sauter du balcon, c'est déjà nettement plus délicat, tu peux risquer un plaquage, avec de bonnes chances de te foutre en l'air avec lui (d'autant qu'il risque de pas être d'accord), essayer de le raisonner (mais un mec qui en vient à un moyen aussi radical est bien décidé je pense). Valable aussi pour les armes à feu, le coup qui part tout seul si t'essaie d'arracher l'arme des mains, ou bien tout simplement le mec qui en a rien à foutre de te coller une balle puisqu'il va se flinguer juste après.


Après, mon expérience dans le domaine m'a appris quelques trucs aussi.
Bien souvent, une TS c'est un genre d'appel à l'aide, histoire de récolter un peu d'attention pour sa personne. Ces gens là, habituellement, en parlent, font triste mine, dans le même but d'ailleurs. Le passage à l'acte est une version plus forte de leur attitude générale.
Donc pour reprendre ce qui t'es arrivé, appeler les secours et le dire à la personne me semble être une bonne solution, elle va savoir qu'on s'occupe d'elle, ça peut faire changer les choses ou au moins donner un peu de temps au secours.

Mais y a aussi l'autre possibilité, celle des gens qui veulent vraiment en finir. En général, ça ne se voit pas avant l'acte, ils ont même l'air plutôt heureux (soulagé d'avoir une date de fin à leur merdier je crois). Et ceux là, si tu leur dit que t'as appelé les secours, et que donc ils ont une chance de s'en sortir en attendant un peu, bah je pense que ça peut accélérer le passage à l'acte.

07 septembre 2007 à 12:49:23
Réponse #2

pimyboc


salut,
AMHA y'a pas grand chose à faire face à quelqu'un de décidé. cependant s'il hésite ben essayer de lui parler. A mon avis que tu interviennes ou pas tu te sentiras un peu coupable dans un sens de n'avoir rien tenter dans l'autre sens avec une issue fatale te fera ressentir de la culpabilité. bref à chacun de voir avec ce que ça conscience peut supporter. néanmoins s'il tu as le temps de lui parler je pense que je lui demanderais ce qui l'a amené à entreprendre ce geste et pas de morale et de poncif à deux balles. j'ai un copain qui a réussi à faire changer d'avis un mec avec un fusil de chasse dans la bouche il lui a parlé de ses problèmes personnels en essayant de lui faire comprendre qu'on passe tous par des moments difficiles surtout que ses problèmes étaient sérieux même si il les a intensifié. pour finir le type à bien voulu lâcher le fusil mais sa main et ses doigts étaient tétanisés sur la queue de détente et du coup à failli se tuer. heureusement que le plafond à ramasser personne n'a été blessé. mais bon combien y arrivent ???

edit " sachant qu'il faut au moins appeler les secours"
« Modifié: 07 septembre 2007 à 12:56:52 par pimyboc »
DEX AIE En Normandie, il n’y a qu’une chose qui peut être haute ou basse : C’est la mer.

07 septembre 2007 à 12:56:52
Réponse #3

Cynry


En fait c'est tellement du cas par cas qu'il y a pas vraiment de réponses. Discuter ça peut rassurer et faire changer d'avis, mais ça peut aussi gaver et aggraver la situation.
Je dirai que le seul truc vraiment systèmatique, c'est l'appel des secours. Déjà parce que les secours font aussi vite que possible pour ces cas là (transmission aux différents services, police et tralala, pour multiplier les chances d'arriver vite), et aussi parce que vu l'acte, le doute peut s'insinuer même dans un esprit décidé (ou pas  ^-^).

07 septembre 2007 à 16:45:08
Réponse #4

kikou92


ouaip !  :-\

Sachant que dans mon cas, je pouvais pas lui parler car trop loin, au mieux crier fort un "NON" ou un "FAIS PAS CA".
Impossible de rester impassible à le regarder sauter de toute manière.  Je pense que j'aurais fait le 18 et misé sur le fait qu'il n'aurait peut-être pas sauté tout de suite... au moins les secours auraient été prévenus et seraient au pire arrivés juste après le saut pour lui apporter les soins nécessaires...

Merci pour votre contribution  ;)

Alexis

07 septembre 2007 à 20:06:22
Réponse #5

Patrick


Je crois que nos sociétés modernes nous font trop souvent oublier l'omniprésence de la mort, qu'elle soit accidentelle, maladive, violente, ou auto infligée.

Oui tout autours de nous des gens meurent tous les jours, se font agresser, se morflent une bagnole, parce qu'ils ont chopé une saloperie ou regardé le mauvais mec de travers, c'est la vie.

S'il s'agit de quelqu'un qui veut vraiment mourrir tu ne pourras rien. Il y a une quinzaine d'année, une femme s'est défenestrée du 4ème étage alors que tous les badauds pensaient qu'il n'y avait plus rien à faire, j'ai pu juguler l'hémorragie à la tête en faisant un tampon précautionneux. Le reste, de mutiples fractures aux membres et au bassin.

J'étais super fier, j'avais sauvé quelqu'un. Pourtant, plusieurs mois après à sa sortie de l'hosto la femme s'est cette fois jetée sous un train et, cette fois, ne s'est pas loupée.

Moralité, si le comportement relève de l'appel au secours, toujours prêter attention aux petites détresses, celle du collègue de taf, du voisin. Mais si la personne est vraiment déterminée à mourrir, c'est vraiment sans issue curative, selon moi.

07 septembre 2007 à 20:25:36
Réponse #6

DavidManise


Bah les autres ont tout dit.

J'ai un bon pote qui s'est suicidé il y a pas mal d'années.  Il était toujours glauque et dépressif.  Puis subitement il s'est mis à aller super bien.  15 jours durant, il profitait de la vie et était rayonnant.  Puis il s'est flingué.

Aucun appel à l'aide.  Juste une petite note aux potes et aux parents pour expliquer son choix et nous dire que c'était pas notre faute, en gros.

Un appel à l'aide, c'est un fait spectaculaire pour attirer l'attention.  C'est fait pour avoir l'air efficace sans l'être vraiment.  N'empêche, y'en a qui se réussissent par accident.  Dans le doute, de toute manière, je sauve si je peux, comme je peux.  Si je peux pas, j'aurai essayé.  Au pire, comme Pat, j'aurai donné une seconde chance à la personne, qui pourra recommencer vraiment si elle le souhaite.

Au final, chacun reste libre.  Tu ne peux forcer personne à vivre.

Ciao ;)

David
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07 septembre 2007 à 20:36:10
Réponse #7

Cynry


Peut-être aussi passer par un soutien psychologique après coup, se on se sent coupable ou quoi. C'est le genre de boulet à pas trainer trop longtemps AMHA...

08 septembre 2007 à 23:12:37
Réponse #8

SurvivalFred


Bah les autres ont tout dit.

Au final, chacun reste libre.  Tu ne peux forcer personne à vivre.

David

J'avais envie d'intervenir dans ce sens mais j'avais peur de frisé l'inhumanité aux yeux de certains ici ... mais le gars, à la rigueur, c'était son droit ...

Quant à la façon d'agir, c'est vraiment au cas par cas et avec ses tripes   :-\

Fred
 

Vous êtes trop devant votre écran d'ordinateur, allez donc pratiquer dehors !!

10 septembre 2007 à 18:29:51
Réponse #9

zoltan charles henderson


TAFDAK avec David dur le fond mais en même temps, en Belgique, il y a six morts par jour par suicide.

C'est plus de morts que par accident de voitures pour lesquels on dépense des millions d'euros en campagne de prévention.

Pour info, il y a plus de suicidés de plus de 65 ans - pour cause de solitude - que d'adolescent (plus souvent appel à l'aide en période de fragilisations).

Les hommes utilisent plus des "moyens" létaux (armes, cordes) que les femmes (médicaments).

10 septembre 2007 à 21:33:06
Réponse #10

DavidManise


J'avais envie d'intervenir dans ce sens mais j'avais peur de frisé l'inhumanité aux yeux de certains ici ... mais le gars, à la rigueur, c'était son droit ...

Bah je pense que c'est très humain au contraire.  Si on voit la chose autrement, on devient dingue je pense...  Enfin perso c'est la seule chose qui me permet d'accepter un minimum le suicide de mon pote.

Ciao !

David
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10 septembre 2007 à 22:15:39
Réponse #11

Woodrunner


Même si s'est dure à dire et à accepter le choix de mourir ou de vivre est pour moi un droit essentiel, et par la même le droit d'essayer de convaincre une personne a vivre ou de lui sauvé la vie l'est aussi,...

Après des années de mieux, de moins bien, de très mal, de tentatives de suicides, mon meilleur ami s'est enlevé la vie il y a 2 mois,... Même si ça me ronge et ça me bouffe de l'intérieur et bien je me force a me dire que s'était son droit, je ne voudrais pas  être privé de ce choix si la situation l'exigeait...Je crois ("S'est à l'église qu'on crois "me gueulerait mon adjudent) que malgré toute l'aide possible et tout les médoc du monde une personne qui est au fond du trou et qui ne voit plus de raison de continuer arrivera a se supprimer a un moment ou a un autre,... On peut essayé de la raisonner, l'empêcher de force, la mettre sous chemise de contention avec des kilos de pilules VASMIEUX ou même VASBEAUCOUPMIEUX si la personne a fais son choix,...

Mais cela n'empêche pas d'essayer, et continuer d'essayer!Même si s'est probablement que pour notre propre conscience!
Je pense ("S'est a l'hôpital qu'on panse!dixit l'adjudant,...) qu'il n'y a pas de recette miracle ni de check liste(même si je suis certain que de grand Docteur se sont penché sur la question et on sortis une marche a suivre grandiloquente,...) pour persuadé et convaincre quelqu'un de ne pas sauté, ou de ne pas quelque chose,...
Celui qui cherchait de l'aide se laissera convaincre, celui qui cherchait son ultime porte de secours ne vous entendras même pas,...Donc il faut agir avec ses tripes et selon la situation,...et surtout en parler après a des amis,  a un spécialiste, a votre imam, votre curé ou votre chaman selon vos croyances, bref une personne en qui vous avez confiances, car le fait d'avoir réussi ou pas a sauver quelqu'un vous feras certainement beaucoup réfléchir et beaucoup douter,...
Every citizen should be a soldier. This was the case with the Greeks and Romans, and must be that of every free state.
Thomas Jefferson
3rd president of US (1743 - 1826)

WOLWERINES!!!!!!!


"Une pomme par jour éloigne le médecin… pourvu que l'on vise bien."    

Winston Churchill

10 septembre 2007 à 23:52:18
Réponse #12

Anke


Sujet difficile s'il en est... surtout si on est impliqué .
Etant très souvent témoin des derniers instants des gens dont j'ai la charge et ayant été confronté récemment à une expérience pénible ( merci encore de votre soutien les gars), je me permets de vous livrer mon analyse.
Je crois qu'être le témoin d'un décès volontaire nous met en face d'au moins deux problèmes :
1) On perd un être cher avec le chagrin que cela nous occasionne à nous. J'exagère un peu en disant que l'on pleure un peu sur nous-mêmes, notre vie va continuer sans lui( elle) et il va falloir continuer, se reconstruire. C'est violent, difficile, mais la vie est forte et on y arrive.ça nous met en face de notre propre mort aussi ...
2)ça nous met en face de notre propre faillite ( je n'ai pas réussi à le retenir). C'est là une limite à notre pouvoir sur la mort qu'il nous faut accepter. Ce n'est ni mal, ni bien, c'est comme ça. Il n'a peut-etre pas voulu entendre, je n'ai peut etre pas été assez convaincant, je n'ai peut-etre pas fait ce qu'il fallait faire... peut-etre.
Mais si je n'ai pas réussi à changer l'issu de son cheminement vers le suicide, j'ai été là, empaqueté dans mon amour, mon amitié. Lui, elle, n'a pas fait ce choix là. Je crois que la seule vraie question que l'on doit se poser est de savoir si le "suicidé" était en mesure de faire un véritable choix en toute liberté et si on lui en a donné les moyens.
Le noeud, je crois, repose sur l'espoir que l'on arrive à insuffler à l'autre ou pas..... je crois bien que c'est ça... l'espoir.
Il n'y a pas de recette pour l'espoir.
Contre le dégout de la vie, il faut s'y résoudre, il n'y a rien à faire.... Si, continuer à vivre, vivre bon dieu, à tout prix et de toutes ses forces.
Woodrunner, je pense que nous sommes un paquet à penser à toi, courage.

11 septembre 2007 à 08:27:57
Réponse #13

Corin


Je répondrais d'abord à ce que tu as vu puis à la question dans le titre.

La première chose que provoque le suicide chez ceux qui restent, c'est la sidération. Bien souvent, c'est ce que recherche celui qui met fin à ses jours de façon spectaculaire et publique. Retournant la douleur qu'il éprouve en violence contre lui-même, il se tue dans une sorte de provocation (du style "vous me faites tous chier. Et bien regardez ce que je suis capable de faire"). On dit "commettre l'irréparable". Ca dit aussi que la personne qui fait ça le fait pour rendre impossible le fait d'arranger les choses. Ceux qui restent se retrouvent désemparer. Ce qui est, entre autres, le but de celui qui met ainsi fin à ses jours.

En fait, comme la tentative de suicide (on dit souvent que si le suicide rate c'est que la victime ne voulait pas vraiment mourrir) est un appel à l'aide, on considère que le suicide spectaculaire est une dernière démonstration de haine de quelqu'un qui ne sait plus comment échapper à sa souffrance.

Statistiquement, ce sont les personnes âgées, au-delà de 60 ans qui mettent le plus fin à leurs jours. Mais elles le font bien souvent de manière discrète. Du coup, on en parle moins. A l'occasion du décès du conjoint ou d'amis proches, la perte de l'envie de vivre, la lassitude, la maladie, les décident à en finir. Et la plupart du temps, ils le font de manière très discrète sans choquer personne. Beaucoup utilisent les médicaments dont ils disposent et on les retrouve dans leur lit.

S'il n'y a rien à faire contre le suicide. En revanche, la tentative est un vrai appel au secours lié à la violence d'un mal-être que l'on rencontre souvent chez les adolescents.
Une structure spécialisée a été mise en place pour cela à Paris.
http://www.mda.aphp.fr/

A+

PS: il faut bien sûr se méfier d'édicter des généralités sur ce qui est, à chaque fois, une histoire de vie différente d'une personne différente.
« Modifié: 11 septembre 2007 à 08:44:36 par Corin »

11 septembre 2007 à 08:34:58
Réponse #14

DavidManise


Toutes mes condoléances, Woodrunner.

ll a fait son choix.  C'est pas ta faute.

David
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11 septembre 2007 à 22:00:06
Réponse #15

Rod


J’ai décider d’écrire un petit texte sur le suicide afin d’éclairer certains membres du forum qui pourraient y être confrontés dans leur entourage… Il est toujours délicat de parler d’une chose aussi personnelle. Je ne prétends pas que mon expérience a valeur d’exemple pas plus qu’elle ne fait de moi un expert en la matière mais certains en tireront peut-être des enseignements.

En effet, il y a plus de dix ans, je me suis suicidé… J’emploie ce terme et pas « j’ai essayé de me suicider » car à l’époque il ne s’agissait pas d’un appel à l’aide mais d’une véritable volonté d’en finir avec une existence qui m’était devenue trop lourde… Hélas, on ne peut pas tout réussir et le destin fait que je suis encore parmi vous pour en parler… ;)

Je partage ici mon expérience car en ce qui me concerne, il n’y a pas eu d’appel à l’aide, de tentative bidon pour attirer l’attention ou même d’indices pouvant laisser penser à mon entourage que j’allais mal…  Bien sûr je n’avais jamais caché mon désintérêt pour l’existence et ma nature quelque peu dépressive à certains de mes proches… Je n’ai jamais eu envie de vivre ni trouvé de goûts à la vie. J’avais même entamé une psychanalyse pour trouver l’origine de ce spleen. Et j’étais également sous anti-dépresseurs.  Mais aux yeux des autres tout allait bien car j’étais jeune, en bonne santé, actif et pas le dernier pour rigoler ou même donner un coup de main…

Pourtant un soir je me suis dit s’en est trop, je tire le rideau et j’ai absorbé une dose massive de médicaments divers… Auparavant j’avais bien essayé une fois de me pendre mais la chaîne autour du cou sur mon tabouret au fond de ma cave, le saut m’avait été impossible… Il faut croire que je n’avais pas ce courage-là… J’ai donc pris mes médocs et je suis allé me coucher près de ma femme. A l’époque, elle travaillait et moi pas, le matin elle était donc la seule à devoir se lever pour partir. Lorsqu’elle est venu me faire un dernier baiser avant de partir, ne se doutant encore de rien, elle a trouvé mon sommeil un peut trop lourd. Elle a donc tenté de me réveiller et elle a bien du se rendre compte que ce n’était pas possible. Elle a ensuite eu le réflexe malheureux de me jeter un verre d’eau au visage… Qui est allé directement dans mes poumons et a bien failli me noyer! Bref, elle a failli involontairement finir le travail. Dans la panique et après avoir appelé les secours elle a quand même fini par trouver les emballages de médicaments que j’avais dissimulé et à mieux compris ce qui s’était passé… J’ai donc fini à l’hosto et passé trois jours dans le coma. Les médecins ont dit à ma femme que si elle était partie sans chercher à me réveiller, il aurait été trop tard pour me sauver. Mais je suppose que la mort ne voulait pas de moi… Elle ne devait pas être pressée de profiter de mon sens de l’humour foireux! :D

A mon réveil, les premières paroles de l’infirmier furent « Je suppose que vous savez pourquoi vous êtes là », avant de me retirer la sonde urinaire avec toute la tendresse d’un personnel hospitalier qui pense souvent qu’il a mieux à faire que de soigner les gens en bonne santé qui essaye de se foutre en l’air… Je lui ai répondu que oui… Je savais parfaitement pourquoi j’étais là et je n’étais certainement pas dans le déni. A vrai dire à ce moment le seul sentiment que j’éprouvais était la honte et la rage d’avoir rater mon coup! Et commença en plus la valse des proches ou moins proches, certains les larmes dans les yeux (et pas toujours ceux qu’on auraient cru), vous demandant pourquoi avoir fait cela et n’avoir jamais appelé à l’aide. Et il me faut bien avouer que je n’en avais une fois de plus rien à cirer de tout cela, le problème était toujours pour moi le fait d’être toujours là sans en avoir plus envie…

Alors vous me direz « Quel intérêt tout ça ? ». Vous dire que tout peut changer mais que cela doit venir de la personne… Tout d’abord ma femme a réussi à me faire promettre de ne plus jamais tenter de me suicider et je n’ai jamais repris une parole donnée quelque soit le prix que j’ai eu à payer. Ensuite j’ai du accepter que pour certaines personnes, il n’y avait pas de perspectives d’avenir. En effet l’envie de vivre n’est pas plus là qu’avant mais ma vision des choses a évolué. J’ai laissé tombé les médocs il y a bien longtemps. J’ai commencé à vivre chaque jour comme si c’était le dernier plutôt que de me demander pourquoi je n’avais pas envie de le vivre. Je m’entraîne à fond, j’aime à fond et je vis à fond pour ne rien regretter le jour où tout s’arrêtera. J’essaye de cultiver un maximum les émotions positives par mes actes et mes échanges. Et tout cela n’a pas fait de moi une tête brûlée mais quelqu’un de responsable…Responsable auprès des gens envers lesquels je me suis engagé et qui me font confiance… Car comme je me le répète chaque jour la Fin est importante en toute chose et nous ne sommes finalement que ce que nous laissons dans la mémoire de ceux que nous avons croisé… A chacun de décider l’héritage qu’il a envie de laisser derrière lui…
On ne peut sauver celui qui ne le désire pas, on peut juste être là pour lui…

Bien à vous,

Rod

11 septembre 2007 à 22:43:35
Réponse #16

DavidManise


Eh bé put**n !  Si je m'étais douté de ça !!!  :o

C'est cool que tu te sois raté en tout cas.  Cool pour nous.  :nana:

Je t'ai déjà dit que je pense que t'es une crevure qui vaut la peine d'être connue ? ;)

Bon...  trêve de plaisanterie.  Y'en a qui vont croire -- à tort -- que j'ai un humour de m*rde.

J’ai commencé à vivre chaque jour comme si c’était le dernier

:up:

Moi un jour ça m'a pris quand je bossais dans les bureaux à Lyon.  J'en avais marre de la ville, du stress et des projets informatiques.  Contexte de m*rde, rachats de la boîte, mon pote Marco qui venait de se tuer en moto.  Un client braillait dans le téléphone.  Son site était encore planté, ceci cela...  Objectifs, rentabilité, machin machin.  J'ai raccroché.  Regardé par la fenêtre.  Que du béton...  et encore, du béton tout fané dégueu.  Gris, sale, et froid.  Je me suis dit "si je devais mourir dans un an jour pour jour, est-ce que je resterais ici à me prendre la tête pour toutes ces conneries ?".  Deux semaines après, j'étais chômeur, parfaitement terrifié, et heureux.

Ciao ;)

David
« Modifié: 11 septembre 2007 à 22:48:49 par DavidManise »
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11 septembre 2007 à 22:52:24
Réponse #17

Maximil


Rod: content de savoir que tu es encore parmis nous après cette épreuve. Et tu as une femme à qui tu dois la vie apparemment  :up: Embrasse la de notre part. L'Amour est à mon avis la plus belle chose qui soit.

Je me suis dit "si je devais mourir dans un an jour pour jour, est-ce que je resterais ici à me prendre la tête pour toutes ces conneries ?".  Deux semaines après, j'étais chômeur, parfaitement terrifié, et heureux.
La force est-elle dans le fait de trouver la réponse ou dans le fait d'accomplir les changements que celle-ci suppose ? :-\
Fabrication maison de stylo-plume , roller , bouchons de bouteilles , kubotan , koppo-stick etc... http://maximil.chez-alice.fr/index.htm
Photographies de Maximil
Patines de chaussures de Maximil

11 septembre 2007 à 23:42:21
Réponse #18

Rod


Eh bé put**n !  Si je m'étais douté de ça !!!  :o
C'est un peu la réaction de beaucoup de gens que je connais quand j'en parle...  ;) Maintenant j'ai fait la paix avec moi-même donc je suis à l'aise pour en parler...

C'est cool que tu te sois raté en tout cas.  Cool pour nous.  :nana:

Je t'ai déjà dit que je pense que t'es une crevure qui vaut la peine d'être connue ? ;)
J'espère que tu ne regretteras jamais ces paroles...  ;D

Bon...  trêve de plaisanterie.  Y'en a qui vont croire -- à tort -- que j'ai un humour de m*rde.
Ah, parce qu'il y en avait encore ici qui n'était pas sûr?  :lol:

Rod: content de savoir que tu es encore parmis nous après cette épreuve. Et tu as une femme à qui tu dois la vie apparemment  :up: Embrasse la de notre part. L'Amour est à mon avis la plus belle chose qui soit.
C'est une femme extraordinaire... Hélas même si l'Amour est important, il ne peut pas toujours nous sauver de nous-même... Mais voyons le positif...

12 septembre 2007 à 10:39:05
Réponse #19

Gustuvi


merci ROD pour ce temoignage j'aurais tellement aimé que mon pote le lise avant de choisir de nous quitter ...........

12 septembre 2007 à 13:13:54
Réponse #20

Anke


Rod !!! Un peu sur le cul ... Comment te remercier pour cette magnifique leçon de vie !

12 septembre 2007 à 13:38:51
Réponse #21

cubitus


L'étonnement de ceux qui le connaissent face au témoignage de Rod (que je ne connais pas) résume bien la difficulté de la prévention du suicide. On n'est pas dans la tête des gens, il est très difficile de savoir avant qu'une personne a des idées suicidaires.

Corin : tes "statistiques" ne résument pas ma réalité. Les personnes âgés se suicident plus, mais les jeunes font plus de tentatives. En clair : les âgés utilisent des moyens efficaces à coup sur (pendaison, arme à feu), les jeunes les médocs. C'est une tendance, pas une généralité.

Face à quelqu'un qui cherche devant vous à se supprimer, faites TOUT ce qu'il est raisonnable de faire pour l'en empêcher. Tout d'abord pour votre conscience. Ensuite le suicide est une crise, à un moment donné. Passé ce moment, la personne peut retrouver un sens à sa vie. Ce n'est pas à vous de décider si sa vie vaut la peine ou pas. Je connais des tétraplégiques heureux.

Face à quelqu'un qui ne va pas bien, ne restez pas seul. Replacez cette personne au milieu de ses liens (familles, amis, médecins, collègues, ... ). Ne prenez pas tout pour vous. Faites en sorte qu'elle soit entourée.

C'est du B-A-BA, je ne suis pas psychiatre, juste un gars confronté régulièrement à la chose et qui essaye de trouver des moyens de faire.

A +


La seule chose qui ne change jamais, c'est que tout change tout le temps.
Proverbe chinois

12 septembre 2007 à 13:46:28
Réponse #22

DavidManise


J'espère que tu ne regretteras jamais ces paroles...  ;D

Je suis prêt à prendre le risque, mon pote ;)

De toute manière si tu te suicides encore une fois, je te tue.

Ciao ;)

David
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12 septembre 2007 à 16:18:43
Réponse #23

Diesel


J'ai surtout connu le coté message/chantage affectif pour ma part.
J'avais un copain qui a fait ça à sa copine pendant près d'un an. Vers la fin c'était même comique.
Je me rappelle une fois nous étionst monté le voir et nous l'avions retrouvé pendu à une poutre en équilibre sur une chaise.
Le pauvre menaçait de se pendre (une fois de plus) sous nos yeux. Ce jour là, nous avons claqué la porte en le laissant tranquille.
Tout ça pour l'entendre nous poursuivre dans les escalier 5 secondes plus tard.
Ou, dans ma grande bonté, lui prêter mon couteau dans un bus pour qu'il puisse se tailler les veines sans trop souffrir, le sien était vraiment mal aiguisé. ::)
Même si ce n'était que du bluff pour se faire aimer, la fille en question a eu du mal à s'en remettre.
C'est aussi une des facettes du "suicide" mais là, la victime n'est celle que l'on croit en fin de compte.
ça n'a pas été comme ça au début, croyez moi, c'est usant car on ne savait pas si le mec était sérieux ou pas. Vers la fin, je l'aurai volontiers poussé dans les escaliers pour m'en débarrasser tellement j'en avais marre. :evil:

On parle des victimes mais les personnes qui côtoient ou ont côtoyé des suicidaires ou des suicidés sont aussi à plaindre. La souffrance des uns a tôt fait de rejaillir sur les autres.
ça doit être difficile de vivre avec quelqu'un qui a essayé de se suicider. Même si les choses se sont réglé en apparence, il reste toujours un doute, un petit truc qui doit titiller par moment.
« Modifié: 12 septembre 2007 à 21:54:24 par Diesel »

12 septembre 2007 à 17:27:37
Réponse #24

Corin


Les personnes âgés se suicident plus, mais les jeunes font plus de tentatives. En clair : les âgés utilisent des moyens efficaces à coup sur (pendaison, arme à feu), les jeunes les médocs. C'est une tendance, pas une généralité.
Plutôt que d'extrapoler au travers du prisme des expériences perso, parce qu'on finit toujours par se gourer (moi le premier ;)), je suis allé chercher des stats du ministère de la santé.

http://www.sante.gouv.fr/drees/etude-resultat/er-pdf/er109.pdf

A+
« Modifié: 12 septembre 2007 à 17:53:55 par Corin »

 


Keep in mind

Bienveillance, n.f. : disposition affective d'une volonté qui vise le bien et le bonheur d'autrui. (Wikipedia).

« [...] ce qui devrait toujours nous éveiller quant à l'obligation de s'adresser à l'autre comme l'on voudrait que l'on s'adresse à nous :
avec bienveillance, curiosité et un appétit pour le dialogue et la réflexion que l'interlocuteur peut susciter. »


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