Bonjour à tous, à toutes.
Prénom : Mike
Pseudo : Micamar (parce que Mike à marre... de tout)
Profession : comptable
Age : 36 ans
Orientation : minimaliste obsédé du recyclage et du détournement d'objet
Cela fait un moment que je parcours le forum. J'ai en fait découvert (pardonnez moi, mon dieu) le survivalisme avec un anglais ancien des forces spéciales (je sais, peut mieux faire) puis j'ai rebondi sur -- EDIT Les Stroud (la faute est corrigée ^^)-- et enfin j'ai trouvé ce que je cherchais (à la télé, du moins) avec Cody et Dave.
Pour l'instant, je me suis contenté de vivre tout ceci devant mon poste de télé car je suis handicapé.
Mais j'ai décidé de sauter le pas (ha elle me fait bien marrer, celle là) et d'approfondir mes "connaissances", de partager et de m'enrichir des récits de vrais gens.
Je me suis fixé des objectifs. Le premier : le feu. C'est important, c'est pour que ma fille soit fier de moi... Pouf pouf. C'est pour la troisième règle ^^ Puis ce sera la cabane. Et je pense que les choses iront de fil en aiguille (os et tendon, de préférence).
Merci de m'avoir lu. Merci de votre indulgence. Merci de votre accueil.
Micamar
EDIT : je ne savais pas où mettre ce qui suit.
Première expérience en matière de survie. Cela permettra aussi de comprendre un peu mieux.
Il y a quatorze ans, j'ai chuté avec mon vélo dans un fossé, après avoir tiré tout droit dans un virage, à grande vitesse (50km/h). Rebondi sur une clôture après survol du fossé, puis retombé en marche arrière, le dos heurtant violemment le sol, le vélo retombant lourdement sur le coin de la g... (plateau graisseux imprimé sur la joue droite, pas joli à voir). Violente douleur dans le dos, le souffle coupé. Difficilement, je déchausse les cale pieds, je repousse péniblement le vélo et j'examine la situation.
Après 20 kilomètres de run à vélo, je viens de tomber à 250 mètres à peines de mon point d'arrivée. 100 mètres à vol d'oiseau je crois bien. Pas de téléphone mobile (on est en 1997). J'ai modifié mon itinéraire sur les derniers 500 mètres, donc personnes ne pensera à venir me chercher ici. Si quelqu'un me cherche, et ce ne sera pas avant une ou deux heures, ce sera à l'opposé d'où je suis, à 500 mètres dans le meilleur des cas. Et il leur faudra refaire les 20 km de ma ballade, avant.
Avant de tomber, il m'a semblé j'ai vu une vielle dame qui jardinait au bord de la route. Ah j'avais oublié : nous sommes à la campagne, Saint Sulpice de Cognac, Charente (16). Lieux dit "Les Annereaux". Cherchez sur Google Maps, vous verrez, c'est pas mal dans le genre perdu. Mais c'est joli.
Pour l'heure, je suis dans un fossé, mal calé entre ronces et orties. Du mal à respirer. A part quelques égratignures, je crois que je ne perds pas de sang. Pas de façon inquiétante. J'essaie de crier.
......
Ma voix ressemble à un souffle. Je sors la balance à décision.
Soit je reste ici : les gens qui vont me chercher dans une ou deux heures ne penseront à me chercher ici que deux heures après le début des recherches, avec beaucoup de chance. Mais visiblement, aujourd'hui, la chance, elle est en vacances. Disons quatre heures, en plus du délai de prise de décision. Soit six à huit heures. Car j'ai fait trois descentes, et à la fin de chaque descente, j'ai fait demi tour. Quoiqu'il en soit, il y a près de vingt bornes de fossé à examiner. On pourrait très bien me retrouver demain. On est en juin, je connais les vignes le matin, la nuit ça doit être encore plus humide. Et j'ai oublié mon sac de couchage.
Soit je me relève : là, c'est la grande inconnue. J'ai mal dans tout le thorax, je ne peux pas crier, j'ai du mal à respirer. Je sais ce que je dois faire si je veux sortir de ce fossé. Basculer sur le ventre, me hisser à la force des bras et des jambes à travers les ortie et les ronces. Distance estimée : un mètre, peut-être un mètre cinquante. Aller demander de l'aide à cette vieille dame si elle est encore là.
J'essaie de crier encore une fois. Avec de la chance, la vielle dame n'est pas sourde. J'entends à peine le souffle sortir d'entre mes cordes vocales. La chance a pris des RTT.
La balance a penché. Je me relève. Arrivé en haut du fossé, au bord de la route, je me mets sur mes pieds, et tente de me redresser. C'est très douloureux, mais je me mets en marche. Vingt cinq, cinquante mètres, peut-être. C'est curieux, j'ai la sensation qu'une partie de mon corps est à côté de moi. Comme si un magicien fou avait oublié de replacer la cage thoracique à sa place après l'avoir découpé dans sa boite magique. Vous voyez le truc ? Ce tour de magie, la dame qui se fait couper en deux. Ou trois. Sauf que là, la sensation est présente et persistante. Mon thorax cours à côté de moi. J'essaie de compenser en m'étirant comme un chat, tout en allant à la rencontre de la vielle dame qui est toujours là.
La chance est revenue de vacances. J'explique en vitesse puis je m'écroule. Une éternité plus tard, les pompiers arrivent. Ma copine de l'époque aussi, avertie par la vieille dame. On m'embarque dans le camion, minerve, coque intégrale. Direction Bordeaux.
C'est là, dans le camion, que c'est arrivé. Une grande chaleur qui part du bout des pieds et qui remonte jusqu'au nombril. Ca y est, je ne sens plus rien. Je suis paralysé.
Ok, on dit paraplégique. Pardon.
Douze heures d'opération, six mois de rééducation, deux ans à réapprendre à vivre. Quatorze ans à ne pas pouvoir se pardonner.
En fait ce soir je sais pourquoi je suis ici. J'ai besoin que l'on me dise que j'ai fait le bon choix, en me relevant. Pour prendre aussi ma revanche, me préparer, physiquement, mentalement, pour partir, un jour, une nuit, deux jours, une semaine, dehors, en rando, à la dure, dans la nature. Cette nature qui me manque. J'ai oublié de préciser : dix années de randonnées dans les Pyrénées, le vélo, la course d'endurance.
Voilà, j'arrête pour ce soir, ce que j'ai fait remonter est lourd à gérer.
Merci à tous.