...Mais je suis têtu
Dans le coin, il y a des sangliers, qui dit sanglier dit boges, qui dit boge dit eau stagnante, qui dit eau stagnante dit couche imperméable qui la retient. Qui dit couche imperméable dit argile (peut-être ?). Vous me suivez ???
Ouai, je sais c’est très mince comme lien aurait dit Martin Riggs. Mais je m’y accroche. Je cherche des traces de sangliers, je trouve des pistes, je les suis, jusqu’à des « autoroutes » pour sangliers, qui me mènent enfin à une boge (C’est pour le côté romanesque du récit ça, car en fait je sais où sont les boges dans le coin, et j’y vais direct parcequ’il est 1h du mat et que je suis fatigué
, mais en réalité c’est comme ça que je les ai trouvé
)
Voilà la bête :
Je prélève de la boue du fond de la boge (dans ma tête s’allume une alarme « danger, ceci est la salle de bain des sangliers, c’est donc plein de parasites, pas les mains à la boubouche si tu ne veux pas élever une colonie de gremlins au sein de ton intestin !!!! »)
J’en fais deux boules plus ou moins homogènes, je vire les morceaux de bois et les feuilles.
Pour la suite je rapatrie le matériel chez moi étant donné que cela nécessite un grand et long feu, et qu’on ne badine pas avec la sécurité incendie.
Je travaille la boule (comme de la pâte à chappattis) pour homogénéiser l’hydratation et la texture. Je fais une galette, et des boudins, que je colle dessus et je monte un bord comme ça. (Quand vous le ferez vous comprendrez pourquoi je n’ai pas pris de photos des différentes étapes
)
Voilà ce que ça donne. La forme est volontairement rudimentaire.
J’ai fais deux écuelles. Une que je compte tenter de cuire dans la foulée et l’autre que je vais laisser sécher 24 h (temps raisonnable sans boire par temps cool)
Le séchage rapproche les grains d’argile et donc rétracte la terre. Ce qui entraine des tensions et peu fendre l’objet (théorie lue sur le net).
La première sèche vraiment rapidement dans le feu, elle craque de suite en trois parties ce qui me permet de bien vérifier la théorie. Le point positif est qu’elle semble cuire. Mais elle ne cuit pas assez et reste tendre au centre, elle part en brioche.
Je laisse donc sécher la deuxième 24 h à 20°C (chez moi quoi)
Au bout de ce temps, je la fais cuire dans un grand feu dont les braises s’accumulent dedans et autours de façon à la recouvrir complètement.
Ici avec le flash
Ici sans flash
Voyez comme la terre rougi, comme une lame, pareil. C’est magnifique. Rien que pour ça je suis content de l’avoir fait, et je vous conseille de le faire.
Je laisse refroidir dans la masse jusqu’au matin. Afin d’éviter un refroidissement trop brusque et donc un éclatement.
Et voilà ce que ça donne. C’est dur comme de la brique et ça pèse une tonne au moins. C’est pas MUL du tout mais quand je mets de l’eau dedans….
Miracle : Le bol le plus moche de la création. Mais je suis content.
Il y a trois microfentes (qu’on voit blanchis sur la photo), dont une laisse perler une goutte d’eau minute environ. Rien qui ne soit gênant. Problème de séchage incomplet sans doute (sur le net ils disent 2 semaines mini. Mais c’était trop long pour un scénario réaliste).
Il ne reste plus qu’à tester s’il tient au feu. D’abord doucement…
Avant de comprendre que ce n’est pas aussi conducteur qu’un quart en inox, et de lancer un véritable bûché.
C’est beau…
En vidéo :
http://www.dailymotion.com/270ae303ce8b82a04f4b62dcc/video/8661091C’est encore plus beau.
Ma conclusion :
La prochaine fois que je croise une boîte de conserve ou une canette en forêt, au lieu de pester et de la mettre à la poubelle, je m’exclamerai « ouah, le luxe et la facilité généreusement offert par un promeneur magnanime !»
Sérieux, le métal ça le fait, ça le feu, la bâche, et le couteau, c’est vraiment des choses extrêmement couteuses en temps et en énergie. Mais ça vous le saviez déjà... je redécouvre le fil à couper le beurre quoi.
Bien à vous