Salut !
François nous parlait des trois tas des scouts :
- le tas de matos que t'as utilisé tous les jours
- le tas de matos que t'as utilisé de temps en temps
- le tas de matos jamais utilisé
Où ils (les scouts) préconisaient de jeter les deux derniers tas. Je trouve ça, comme François, un peu extrême. Je me propose donc de vous faire part de ma méthode à moi... qui consiste en gros à établir mes priorités (1), prendre les infos sur l'environnement (2), évaluer les risques (3), et sélectionner les
moyens de prévention et des solutions techniques (couple matériel-utilisation) en fonction du risque (4).
Alors en gros c'est simple :
1) SE CONNAÎTRE SOI-MÊME : J'établis mes priorités... là c'est la règle des trois bien sûr qui s'applique. Inutile de penser à la bouffe tant que je n'ai pas géré la température et l'eau, par exemple... Mais aussi, je tiens compte de mes priorités particulières du moment : je suis avec une femme enceinte ? J'ai un diabétique dans le groupe ? Je suis violemment allergique aux guêpes ? Etc.
2) CONNAÎTRE L'ENVIRONNEMENT : Je prends des infos sur l'endroit où je vais / là où je suis. Pas juste au niveau risque, hein. Les trucs sympa aussi tant qu'à faire
C'est typiquement là que j'apprends que :
- en Laponie à 1200m y'a plus un seul arbre,
- à tel endroit d'amazonie y'a des tapirs énormes qu'on peut chasser
- dans le Vercors en avril il y a encore plein de neige... etc.
Des trucs à ne jamais oublier ?
1) J'APPELLE LA METEO (ou je checke les indices d'avalanche aussi...
)
2) JE REGARDE UNE CARTE DU COIN (même si c'est pas de la rando, c'est sympa de savoir où on est, comment y venir, comment partir, où est tel bled, etc.)
3) JE POSE DES QUESTIONS AUX LOCAUX (la météo est fiable ou pas ? Le pic machin là, il est accessible en ce moment ? Et la marée, elle monte vite ici ? C'est quoi le truc le plus cool à faire ici, vous avez l'air de vous y connaître, avez un coin à me conseiller ?)
Tout ça me permet de préciser l'image mentale de ce qui peut, le plus probablement, m'arriver de bien ou de pas bien. Sur quelles sources je peux vraiment compter ? Sur quel refuge je peux me rabattre ? Etc. Je prends toutes les infos en vrac quoi. Ca m'évite de trimballer une glacière en antarctique, quoi.
3) UNE FOIS QUE JE CONNAIS LES RISQUES REELS PREVISIBLES, je les sélectionne en ordre de priorité comme suit :
PROBABILITE x GRAVITE
Style je peux (a titre d'exemple) évaluer le risque que :
- un tireur d'élite fou me snipe alors que je suis en train de me faire bronzer sur la plage (gravité élevée)... la probabilité est pratiquement nulle... donc le risque est pratiquement nul.
- un grain de sable entre dans ma godasse alors que je marche dans le désert (gravité nulle)... la probabilité est de 100% si je suis dans le désert, mais le risque est nul.
- une vipère me morde alors que je fais de la rando dans le Vercors en août (gravité moyenne à importante, surtout en milieu éloigné)... la probabilité est faible... le risque est donc présent, je vais devoir en tenir compte.
- je me plante en bagnole sur le chemin du retour en étant bien crevé et tout (gravité importante)... la probabilité, en étant crevé et en faisant une longue route, est faible mais vraiment pas négligeable... le risque est donc bien là. Du coup je vais peut-être décider de passer une nuit de plus sur place avant de reprendre le volant, ou alors je vais venir en train...
- je me prenne une grosse averse en fin d'après midi et qu'ensuite la nuit soit froide (gravité importante)... la probabilité est faible, mais présente : je vais en tenir compte. Faudra du matos pour gérer ça. Je choisirai ensuite le matos le mieux adapté.
La gestion du risque, donc, passe non seulement par du matériel... C'EST UNE APPROCHE GLOBALE, qui inclut énormément de facteurs, partant de la prise d'infos, et allant jusqu'à la gestion de crise si jamais ma prévention a merdé.
C'est un peu fastidieux vu comme ça mais en fait on se rend compte que certains risques existent absolument partout, et se gèrent de la même manière peu importe le lieu (une fémorale coupée, qu'on soit au bureau ou en plein coeur de l'arctique, y'a pas 36000 solutions... simplement au milieu de l'arctique on aura encore moins le droit à l'erreur). Il reste ensuite simplement à s'adapter aux circonstances particulières d'un contexte donné.
4) SELECTIONNER LE MATOS UTILE : Une fois que j'ai listé et évalué les risques prévisibles, je cherche à les limiter le plus possible SANS MATERIEL, en choisissant des stratégies globales qui vont les faire diminuer jusqu'à un niveau acceptable (POUR MOI, ça c'est un truc perso hein !). Ensuite, si mes stratégies de prévention sans matos ne sont pas assez fiables, je sélectionne le matos qui sera le plus pertinent... exemple : je sais que je ne pourrai pas éviter les orages d'été en permanence pendant ma rando, je ne peux pas prévoir, le risque d'être trempé et de me cailler existe : je prendrai un poncho.
Mais pourquoi un poncho et non pas juste une veste de pluie ???
Je vous le livre, mais ça je vous préviens c'est copyright David Manise :
Une solution technique valable produit *très souvent* le RESULTAT ESCOMPTE via :
1) des gestes SIMPLES :
- PEU de gestes, et des gestes STANDARDISES
- PEU de connaissances nécessaires
- demandant peu/pas de motricité fine
- demandant peu/pas de réflexion, calculs, analyse...
2) sa POLYVALENCE
- fonctionne dans un large spectre d'environnements
- fonctionne peu importe l'état de l'utilisateur (blessé, fatigué, stressé, malade, faible, petit...)
- est utilisable AUSSI pour des tâches différentes de son emploi prévu
3) sa SECURITE d'emploi (pas de risque additionnel / effet secondaire)
4) du matos de conception LOW-TECH ET de bonne facture :
- compréhensible facilement, donc facile à réparer/entretenir
- robuste / peu de pièces mobiles
- adaptable / modifiable / bricolable
- a la forme la MOINS définie possible (ex.: poncho vs. veste, ce qui renvoie au point 2)
5) la possibilité de s'y ENTRAINER (and a cool learning curve is a plus) :
- compétences rapidement et réellement acquises
- possibilité de travailler/tester/entraîner dans une situation
ressemblant suffisamment à la situation d'emploi réelle
pour que ça soit reproductible in situ
- assez ergonomique/sûr pour être entraînable longtemps et
sans séquelles pour l'utilisateur
- légal/moral/éthique
6) peu coûteux
7) portable/peu encombrant
Ciao
David