Vie Sauvage et Survie

Catégorie Générale => Feu de camp => Discussion démarrée par: philippe13 le 09 mai 2009 à 13:29:09

Titre: Les Glénans dans les années 70 ou la voile à la dure.....
Posté par: philippe13 le 09 mai 2009 à 13:29:09
Bon a la demande générale de deux forumeurs  je vais vous raconter mes souvenirs des Glénans. Soit faire de la voile d'une  manière rigoureuse, voir voyager en voilier, avec des moyens volontairement simplifiés et des conditions assez austères.

L'école de voile des Glénans se situe historiquement dans un archipel à 10 km de la cote au large de Concarneau dans le Finistère, l'archipel trop bas n'est pas visible de la côte. Ce qui provoque une forte impression lorqu'on y part la première fois. L'ecole de voile à été fondée en 1947 Par Philippe Vianney et son épouse. Philippe a été un  personnage important de la résistance et journaliste professeur de journalisme ce qui donnera beaucoup de facilités à l'association au début (tout jeune homme je l'ai connu).

Le but était de former et de faire pratiquer la navigation à voile, loisir de grand luxe à l'époque, à des gens qui n'y auraient pas eu accès. La formation devait être de qualité et visai au terme de plusieurs années de grandes vacances consacrées à ce loisir  à être eventuellement chef de bord d'une croisière. L'autre but était de former "l'homme" (qui pouvait être une femme) par une période vie loin du confort, la pratique d'un loisir physique exigeant une grande rigueur méthodologique, mais aussi pour qui le désirait (même inconsciament) la prise rapide de responsabilités. Les fondateurs était  marqués par l'esprit de la JOC (cathos de gauche), du scoutismes (mais sans les curés) et très probablement frères trois-points (francs-maçons). Donc bien au dela de la voile ils avaient à la fois une vison humaniste mais souhaitaient aussi proposer un mode de développement personnel et altruiste.

Les Glénans sont un petit archipel  plus ou moins en cercle de la taille de Paris avec au centre un petit fort sur un caillou, les ilots sableux étant à la périphérie. Le fort, Fort-Cigogne ressemble à un Fort-Boyard qui n'aurai qu'un rez-de-chaussée. Je ne parlemrai pas volontairement des autres bases des Glénans car plus confortables et moins isolées elle s'éloigent du sujet survival.

Dans le iles, pas d'électricité mais le gaz pour s'éclairer, peu d'eau douce et de gout médiocre, on se lave à l'eau de mer, si on se lave. La boisson de base est du cidre de basse qualité livré en tonneau de la terre. A ma période et avant, pas de chauffe-eau solaire donc toilette à l'eau froide, pas de frigo. Les stagiaires font à tour de rôle cuisine service et vaisselle.  Le couchage se fait en lit picot ou banette sous des tentes ex-militaires jusqu'aux années 60, tentes trigano de collectivité ensuite, quelques bâtiments très simples en dur toujours sans confort et dans les casemates  du fort pour ceux affectés sur cette ile. Ces casemates humides sont un des  plus mauvais plan couchages. A l'époque pas de combis en néoprène: trop chère et raides elles sont réservées à la plongée. Pas moyen de faire sécher ses vêtements de voile humide d'eau salée de la veille on les réenfile tel quels le matin et c'est parti jusqu'au soir.

Les stages vont du tout débutant à l'initiation croisière depuis les iles.  Puis depuis Concarneau ou Paimpol différents niveau de croisière jusqu'à la traversée vers l'irlande ou le Portugal sur des voileirs assez gros mais toujours sans moteur, sans électronique, sans électricité ou presque.

Premier niveau Caravelle et Vauriens en contreplaqué environ 6 heures de voile par jour plus un topo technique le soir: naviagtion calculs de marée, voilerie et matelotage. L'ile est isolée pas de distraction et on drague aussi bien pendant un topo qu'ailleurs, coté sexe les Glénans n'étaient pas austères. Les moniteurs sont présents sur les voiliers et non sur un canot à moteur, plus contraigant pour le mono. Dès que les stagiaires maitrisent un peu on sort à la journée avec pique-nique sur la plage d'une autre ile. Donc repos moins efficace le midi. Je terminais ces stages de deux semaines dans un total épuisement.

Deuxièmes niveau: des bateaux de croisière mais vidés  et ou tout se fait à la force des bras. On fait des manoeuvres incessantes, ceux qui ne manoeuvrent pas sur le pont font la route à la carte. On passe dans des endroits en apparence impossibles au millieu des très nombreux rochers de l'archipel par alignement de cailloux. L'allignement étant visualisé sur la carte avec une ficelle. (allignement : si un rocher A est dans l'axe d'un rocher B  on est donc quelque part sur une ligne passant par A et B on recommence le raisonnement  ailleurs dans le paysage et on est + ou - sur l'intersection.

Le fort abrite le meilleur niveau à terre avant de passer à la croisière proprement dite. Les bateaux du fort sont de deux modèles: d'une part d'anciennes chaloupes de sauvetage des hospitaliers sauveteurs bretons grées de deux mats en goëlette aurique et d'autre part des côtres toujours auriques (houari pour les pinailleurs). Ces gréement rétros sont complexes et demandent beaucoup de coordination, d'anticipation et ainssi de force pour des équipages mixtes. On sort de l'archipel et on fait le tour extérieur, les rochers s'étendant loin cela fait une petite journée. Et toujours la navigation sur la carte a la ficelle (le terme est pilotage) en utilisant toutes les ressources pédagogique que nous donnent récifs, chenaux et balises de l'archipel. En cas de calme plat les stagiaires du fort sortent les chaloupes à l'aviron, environ 4  tonnes, 4 paires d'aviron avec un rameur par aviron et un barreur pour coordonner le tout. C'est dur les avirons sont lourds et rugueux on ne le fait qu'une demi journée à la fois par jour dans ce cas.

Il n'y avait aucuen aide mécanique  sur ces bateaux tout se faisit à la main a la force des bras. Dans le melleur des cas un palan a trois brins sur poulies en bois pour hisser les voiles. Les bateaux, sauf les dériveurs, étaient au mouillage devant la plage donc un echaine de 25 mêtre et une ancre de 12. kilos à remonter à chaque fois. Pourquoi 25 mètres de chaine parce que c'est le seul moyen que ce soit efficace sur du long terme. Toujours chercher la coordination dans l'effort et la bonne méthode pour s'économiser e jounat su rles oscillations du bateau.   

 La coordination de la cuisine de chaque ile est assurée par un encadrant bénévole appelé maitresse de maison ou maître de logis, en général futur moniteur repéré. Pendant la coupure de l'après midi il reprend en mains la bordée de cuisine pour voir les détails de formation qui ont échappée et faire une piqure de rappel. En général j'emmenait mes marmitons à la plage et sur une barque j'assurai le perfectionnement dans l'usage de la godille. Dans l'archipel tous les transbordements se font à la godille (un seul aviron à l'arrière dans l'axe) et tous les stagiaires devaient maitriser la godille d'une main en regardant vers l'avant et la godille à reculon. C'est que l'on appelle de la récupération active. Si tout le monde savait godiller, cours de carte? cours de calcul de marée? vérification que tout le monde connait la demi-douzaine de noeuds indispensables. Connaitre signifie les faire dans les deux sens, dans le noir (pour la nuit en croisière) et faire un noeud autour de qq chose qui n'est pas libre aux deux bouts comme une rambarde scellée. Des basiques mais connus par coeur.

Le transport du ravitaillement est assuré par le club lui même avec deux caboteurs genre bateaux de pêche locaux de 12 et 10 mètres alternativement, avec un patron et deux aides tous bénévoles, j'ai passé les permis bateaux pour le faire et l'ai fait de nombreuses fois. Le chargement à Concarneau de plusieurs tonnes de bouffe sasn moyens de levage était très pénible, une fois dans les iles ce sont les stagiaires de l'ile qui déchargeaient. Le "patron" du bateau de transport avec son permis bateau B et ses connaissances de quasi pro jouissait d'un grand prestige auprès des jeunes filles. Je me la jouais assez façon aventures du capitain Troy un feuilleton maritime en  vogue dans les 60', une petite faiblesse.

A suivre
 
Titre: Re : Les Glénans dans les années 70 ou la voile à la dure.....
Posté par: philippe13 le 09 mai 2009 à 16:13:45
Pour faire du feu et se sécher tant bien que mal le soir, dans ces iles sans végétation, on avait fait venir aux hautes marées d'équinoxe des épaves de chalutiers réformés poussées au plus haut de la plage, une épave par ile. Pour se faire un feu (surement hautement toxique avec les résidus de peintures anti-algues, coaltar et autres) les stagiaires devaient aller débiter l'épave à la scie à buche, la hache et la masse. Un bateau de pêche c'est du chène, du vieux chène et cloué dans tous les sens avec des clous énormes appelés "carvelles" et ces épaves couchées sur le flanc sont haut perchées quant il s'agit d'aller scier en équilibre en se tenant d'une main. Mais avec nos vêtement mouillés-il pleut en Bretagne-qui ne séchaient pas nous étions bien contents d'avoir un feu le soir. 
Titre: Re : Les Glénans dans les années 70 ou la voile à la dure.....
Posté par: jbc le 09 mai 2009 à 16:24:43
salut
effectivement la tu parle d'un autre temps, les glenans se n'est plus ça !! même si on contin ue a naviguer sans moteur l'esprit n'y est plus. perso j'ai toujours eu de trés mauvais contact avec les équipe pedagogique des glenants (ça n'engage que ma petite personne mais ils ont une facheuse tandance a se prendre pour des tabarly et a peter plus que leur troue de balle)
aprés avoir consacrée 15 ans de ma vie aux bateaux j'ai rencontrer pas mal de monde qui etait deçut des glenans. larguez a eux même, des patrons qui ne connaisser rien, un équipement plus que sommaire, du matos de securité en general en rade total et pas revisé.........
oupsssssss excuse moi philipe mais tu l'auras compris j'ai du mal avec eux c'est comme quand on me parle de moitessier ça me fait sortir de mes gongs

 :-[ :-[ sorry je ne recommence plus
jb
Titre: Re : Les Glénans dans les années 70 ou la voile à la dure.....
Posté par: alexr le 09 mai 2009 à 16:43:36
Très intéressante cette petite plongée dans le monde des Glénans à l'époque héroïque. Trois personnes au moins m'ont pas mal parlé de leurs expériences aux Glénans, mais ça concerne une époque ultérieure, le début des années 90 et plus tard.

J'ai hâte de lire la suite.
Titre: Re : Les Glénans dans les années 70 ou la voile à la dure.....
Posté par: philippe13 le 09 mai 2009 à 16:54:06
Perso j'ai abandonné au bout de dix ans lassé de pousser des murs. En fait si j'étais un équipier assez complet, même sur des gros bateaux, je n'étais pas un si bon moniteur que ça et faute de mieux j'ai eu des rôles que je n'aurai pas du avoir, les limites du bénévolat. Techniquement je savais, mais je ne savais pas enseigner, ni diriger un groupe, je ne suis pas charismatique pour deux sous.
 En fait quand j'ai voulu m'occuper un peu de la gestion et là j'ai pris des claques car seule la compétence sur l'eau comptait, même pour parler même de gros sous.
Je savais qu'il existait des frigos fonctionnant au gaz pour l'outre-mer or je n'ai jamais pu faire passer l'idée d'en acheter  ou même seulemnt d'étudier la possibilité d'en acheter. Ayant assuré la bouffe dans les îles j'en mesurai l'utilité, mais trop petit navigateur on ne m'écoutais pas. A coup de cours du soir j'en étais venu à calculer les prix de revient d'une fonderie comme job, mais pour parler gestion aux Glénans on laissait de hardis navigateurs expérimentés chef de bord de haute mer mais en surendettement et faillite personnelle prendre les  décisions sans que j'ai un mot a dire. J'avais aussi fait remarque que si la navigation à la dure était justifiée dans l'archipel comme pédagogie pour ce qui était de la croisière on se décalait trop des pratiques devenues courantes. Obligé de ne plus prendre de vacances plusieurs années de suite je n'y suis finalement plus retourné.

Mais je garde de merveilleux souvenirs des iles, j'avais vraiment adheré à l'esprit des fondateurs et ce que mes moniteurs pas parfaits ne m'enseignaient pas j'ai su aller le trouver dans le "cours des glénans"   y compris le vieux en deux tomes, l'expérimenter et le mettre en pratique tout seul. Ce que j'ai fait là-bas et la façon de le faire* m'ont marqué définitivement et fait voir bien des chose autrement.

Il est probable que ce qui était justifié par la recherche d'un cout ultra-minimal pour populariser (relativement) un loisir cher ne l'était plus à un moment donné que je situerai au milieu ou à la fin des années 70.

Gout du bricolage, gout des solutions simples et fiables, recherche des solutions minimalistes efficaces en mixtant savoir faire ancien et matériaux modernes.. Jouissance de la nature sur des bateaux très rétro en bois, vraiement les Glénans ce sont les meilleurs moments de ma jeunesse ou je me faisait passablement ch*** dans mon travail et j'ai travaillé tôt.



 * exemple: jJ'ai ressorti ma trousse de voilerie pour réparer des boyaux de vélo de course avec bien plus d'efficacité que par la méthode montrée dans les bouquins de vélo par exemple.
Titre: Re : Re : Les Glénans dans les années 70 ou la voile à la dure.....
Posté par: philippe13 le 09 mai 2009 à 16:57:57
Très intéressante cette petite plongée dans le monde des Glénans à l'époque héroïque.

l'époque héroique c'était les années 50, j'ai fait mon premier stage en 1973 à 17 ans on ne pouvait commencer plus tot à l'époque, pas débutant j'avais déjà fait du dériveur à la plage.
Titre: Re : Les Glénans dans les années 70 ou la voile à la dure.....
Posté par: jbc le 09 mai 2009 à 17:01:58
c'est cool tout ça philippe !!! et leur "cours des glenans" reste un must en matierre de livre sur la navigation a la voile !
Titre: Re : Les Glénans dans les années 70 ou la voile à la dure.....
Posté par: philippe13 le 09 mai 2009 à 17:47:00
Si tu veux voir de la technologie de navigation basique je te conseille de te procurer facilement sur EbAy l'ancien cours des années 60 en deux tomes. Bien prendre les deux tomes ensemble car le 1 (base et dériveur) bien plus courant que le 2 (navigation croisère donc élitiste à l'époque). Comptes une quinzaine d'euros pour 2 volume en bon état.
 
Titre: Re : Les Glénans dans les années 70 ou la voile à la dure.....
Posté par: mad le 10 mai 2009 à 00:13:23
Allez, je raconte ma petite histoire : à 20 ans, je n'avais jamais mis mon cul sur un voilier, et mes parents m'ont offert un stage aux Glénans pour que je ne passe pas tout l'été collé à la douce qui est devenue plus tard ma femme (et qui l'est encore).
C'était en août 72.
Je rêvais de voile depuis longtemps, mais je n'avais que des connaissances théoriques (dont les deux tomes de la première édition du Cours des Glénans cités plus haut).
Armé de ma plus belle plume, j'ai expliqué que je voulais aller directement en initiation croisière, au regard de mes connaissances livresques mais approfondies. Miracle, ce fut accepté (à l'époque, il fallait normalement compter deux ou trois stages de dériveur pour atteindre ce Graal).
Quatre Mousquetaire (Herbulot) chacun sous la direction d'un moniteur, sauf un, qui était skippé par un élève riche de cinq ou six stages.
Programme : depuis la Forêt-Fouesnant, Groix, Bénodet, Lorient, les Glénans et tout le toutim.
Mes petits gènes viking firent que nul ne supputa que j'étais une bleusaille intégrale, et je savais barrer et godiller comme si je l'avais toujours fait.
Au bout d'une semaine, je fus promu chef de bord  :) ...
Même mon pote Christophe Auguin (vainqueur du Vendée Globe) m'envie sur ce coup là ...

C'est sans doute un des trucs dont je suis le plus fier dans ma vie  :love: ...

Et ce que j'appris en quinze jours est gigantesque.

Depuis, j'ai skippé beaucoup d'équipages d'entreprise (CNRS, CEA etc.), gagné un tas de régates, skippé des transats en équipage réduit etc. , mais je sais toujours gré aux Glénans de l'enseignement que j'ai reçu.
Je ne suis pas sur que ce soit encore le cas aujourd'hui, mais j'y ai envoyé un de mes fils (déjà dégrossi comme équipier à mon bord) qui dit y avoir aussi appris pas mal de choses.
En tous cas, le bouquin du Cours des Glénans est un must (j'ai toutes les éditions, et ma préférence va plutôt à la deuxième).
Titre: Re : Les Glénans dans les années 70 ou la voile à la dure.....
Posté par: philippe13 le 10 mai 2009 à 09:00:21
Cette opposition entre des ex-stagiaires dégoutés et d'autre totalement enthousiastes est classique, déjà même à mon époque. Les avis tièdes sont rares.
 Dès le départ il y a eu une volonté d'ouverture et de démocratisation de la voile, avec une forte opposition des milieux traditionnels du yachting qui disaient et écrivaient "on ne sera plus entre nous". Démocratisation voulait dire seulement accès de la classe moyenne à la voile pour des gens plus modestes c'était impossible, déjà aller camper deux semaines au bord de la plage c'était un gros progrès. L'ouverture ce sera à la classe moyenne dont beaucoup d'enseignants, les Glénans font créer par J. Herbulot le Vaurien (1957 environ), Tabarly gagne la transat (1962) et la ça part en flêche les plages se couvrent de Vaurien et d'imitations (Mousse).

L'archipel des Glénans ce sera malgré tout surtout fréquenté surtout par des jeunes gens des beaux quartiers, là échec de la politique des fondateurs, des jeunes gens ex-scouts qui avaient l'habitude de ce mode vie ou d'autre au contraire qui avaient raté l'étape scoutisme et que les parents envoyaient de force "en chier". En imaginant un monde para-militaire les parents se trompaient, c'est les conditions de vie et la météo qui étaient rudes pas la disicipline.  Les autre stagiaires étaient issus de la classe moyenne, pas toujours aisée mais de bon niveau d'études (bien plus rare à l'époque) quasiment pas d'ouvriers ou de fils d'ouvriers. En moyenne, en croisière ou tout le monde à passé l'age de vingt ans , expérience oblige, j'étais le seul à avoir arrèté les études bien avant le bac.
Lorsque nous avons voulu ouvrir le recrutement en proposant des aides financières sur justificatif et des stages moins rigoureux sur le programme technique, plus balade, ça n'a pas bien marché. Nos "pauvres" étaient en fait issus du même milieu culturel que le reste mais avait loupé une marche dans leurs études ou leur carrière. Le genre à avoir glandé en fac d'histoire, d'ou sortie sans diplôme, et devenu vendeur intérimaire chez Gibert jeune. Cette clientèle avait besoin d'un coup de pouce financier pas d'une découverte culturelle.

Titre: Re : Les Glénans dans les années 70 ou la voile à la dure.....
Posté par: philippe13 le 10 mai 2009 à 14:52:16
Nous somme en 1976, j'ai 20 ans, et c'est ma première saison comme moniteur dans l'île de Penfret aux Glénans après 2 séjours et un croisière. L'Île fait 2 kilomètres de longs et a une largeur irrégulière mais est assez étroite par rapport a sa longueur.

En 1976 c'est la canicule, pas plus de chaleur qu'en 2003, mais depuis plus longtemps, en fait il n'a pas plus depuis le printemps et tout est sec,archi-sec, même en Bretagne, l'armée et ses camions sont réquisitionnés pour transporter du fourrage là où il y en a vers les zones sèches.
C'est la troisième année ou je viens dans l'archipel, tout est sec, plus jaune que les autres années voir blanc. Ça plombe dur sur les bateaux, pas ou peu de vent, les soirées sont longues: trop chaud pour dormir. Un soir je vais avec ma petite copine stagiaire faire le tour du Nord de Penfret pour voir le fort sur lequel est construit le phare. En coupant à travers champs on remarque à quel point l'herbe est sèche, il y a des plaisanciers qui sont mouillés dans l'anse à hauteur du phare et ont débarqué sur la plage. Ils y feront du feu! il y aura toujours un doute sur leur responsabilité.

Retour au dortoir, dodo, en pleine nuit brouhaha, une voix: il y a le feu!

Immédiatement je sens une odeur de brulé, tout le monde se réveille, pas d'affolement mais on voit l'horizon barré par une barre de flammes qui va d'un coté à l'autre de l'île. Les moniteurs se réunissent, entre temps le gens situés à l'autre bout de l'île a sud (le vieux sémaphore), à l'opposé du feu se sont réveillés, on constaté ce qui se passait, et prévenu, par le seul téléphone relié à la terre les pompiers de Concarneau qui ne peuvent rien faire surtout de nuit.

Un stagiaire, pompier volontaire dans son village, donne quelque indications utiles. On évacue avec beaucoup d'ordre stagiaires et bagages sur les larges plages. Un feu de brousse n'est pas un feu de foret et les flammes ne
déborderons pas sur les plages. Fermer soigneusement les bâtiment avec les volets d'hivernage, le feu à des chances de passer dessus sans les entamer (c'est ce qui se passera) mais évacuer sur une plage les bouteilles de gaz de la cuisine qui sont à l'extérieur. Je m'occuperai de ce point et ne suivrai les autres évènements que par moment. Les ouvrants occultés, le stagiaire pompier et le chef de centre ont tenté de freiner le feu avec un tuyau et la citerne d'eau de la cuisine, peine perdue ils on failli être entourés de flammes. A un moment revenant au village j'ai vu le figuier qui avait poussé derrière un mur à l'est s'embraser d'un coup il devait être sacrément sec!!! Une torche, c'est une image forte que je n'ai jamais oublié

Puis nous sommes allés sur la plage après avoir prévenu les pompiers que tout le monde était à l'abri sur le sable. Entre le village et la plage il y avait un semblant de bois de sapins planté la, en 20 ans ils ne dépassaient pas le mètre!! et encore pas tous. Ils ont flambé d'un coup!
A cet endroit du chemin il n'y avait plus d'herbe sur une grande largeur à cause du piétinement des stagiaires , le vent à tourné et le feu s'est éteint là, ou plutôt à cessé d'avancer car cela rougeoyait partout.
Au petit matin les pompiers de Concarneau sont arrivé et nous nous avons constaté que les volets et portes avaient résisté au flammes. Les pompiers nous on demandé de surveiller l'ile pendant plusieurs jours car à leur avis il y avait des zones de braises souterraines qui ne demandaient qu'a repartir. Toute la moitié Nord de l'ile était entièrement noire et on voyait distinctement des murets de clôture de champs quasi-invisibles avant.

Stagiaires et moniteurs se sont partagés des rondes sur la zone brûlée pour surveiller les départs de feu et il y en a eu. J'avais constaté que l'herbe superficielle une fois détruite il restait en dessous un feutrage dense très épais qui flambait difficilement mais où si le feu prenait il brasillait sans s'éteindre. Sans doute, saison après saison, les herbes sèches s'entassaient ainsi, on était loin d'une pelouse avec la terre visible entre les brins d'herbes. C'est ce qui a fait quel le feu repartit pendant plusieurs jours. Sur les chemins il y avait de nombreux lézards morts, ce n'était pas une surprise, mais aussi des orvets dont j'ignorai la présence jusqu'a présent.

Après une journée de nettoyage la navigation à repris. L'ingénieur de l'association a fabriqué des battes à feu en tôle souple pour permettre de combattre un départ de feu d'herbes.

Voilà autre petit souvenir


Titre: Re : Les Glénans dans les années 70 ou la voile à la dure.....
Posté par: Gaelounet le 12 mai 2009 à 17:53:16
@philippe13
J'étais également à Penfret en Août 76, simple stagiaire, et j'ai vécu la nuit de l'incendie et l'évacuation du "Village" vers "Pen Maryse".
Je n'ai pas un bon souvenir de ce premier séjour. Les "anciens" saoulaient les nouveaux avec "l'esprit Glénans", qui leur était définitivement inaccessible bien entendu. Il fallait vénérer des personnages mythiques dont les actes nous étaient racontés pour notre édification. N'étant pas étudiant en médecine, ni à l'école vétérinaire, je me demandais par quel hasard j'avais été admis. Une erreur sans doute.
Au bout d'une semaine j'avais envie de rentrer, même à la nage, à Concarneau. C'est le paysage superbe de l'Archipel qui m'a retenu.
Je me suis posé la question de continuer avec les Glénans. J'ai persisté et essayé les autres secteurs (Paimpol, Morbihan) et c'était une toute autre ambiance. Je ne revenais aux Glénans qu'en passant avec des croisières, sauf un premier stage comme encadrant sur Bananec et un autre à Fort Cigogne.
Titre: Re : Les Glénans dans les années 70 ou la voile à la dure.....
Posté par: philippe13 le 12 mai 2009 à 18:03:15
Gaelounet = Gael A.....t ? que j'ai parfois croisé et recroisé dans les parages de JLC ?

Si tu n'étais ni étudiant en médecine ni élève véto, j'étais garçon de bureau à la banque d'indochine (devenue indosuez).
Titre: Re : Les Glénans dans les années 70 ou la voile à la dure.....
Posté par: mad le 12 mai 2009 à 19:24:55
Je pense en effet que l'ambiance à la base des îles Glénans était un peu spéciale : en tant que stagiaire initiation croisière basé à la Forêt Fouesnant (même si j'étais officiellement chef de bord fraîchement promu), j'étais regardé de haut par des récidivistes de dériveur basés aux Glénans même :'( 
Mais c'est le type de comportement de caste un peu idiot qu'on peut attendre d'ados dans ces conditions, et à part le "snobisme" ressenti lors du passage aux îles, je n'ai que de bons souvenirs (en plus, nous nous sommes vengés en organisant un raid nocturne de réapprovisionnement liquide  8) ).
Titre: Re : Les Glénans dans les années 70 ou la voile à la dure.....
Posté par: Mik le 12 mai 2009 à 19:38:54
Salut
Ah les Glénans.... vaste sujet.
Pour les pratiquer très régulièrement en Bretagne Sud (plus particulièrement entre Concarneau et l'Archipel...), le constat est mitigé.
Asso 1901, ils ont l'avantage de renouveler leur flotte très régulièrement...
Au niveu sécu, ils ont développé des gilet pas si mal que cela (un peu lourds mais bon...).
Pour le matos de sécurité, je pense que par obligation, il est aux normes et non périmé...

Maintenant, même si la Jeunesse et Sport cadre la réglementation, on retrouve tjrs des incompétents mais c'est idem dans d'autres structures...

Par contre, il est vrai que le "look" glénanais reste présent... et le style.

Maintenant, pour être passé comme stagiaire et formateur chez les "noeuds" (les anciens comprendront), Jeunesse et Marine, et différents clubs..., il y a du bon et du moins bon partout. Mais je préfère être réservé quant a conseiller une école de croisière.
Si vous voulez apprendre à naviguer sérieusement : louer un bateau, trouver un collègue qualifié et vogue...

A+

Mik
Titre: Re : Re : Les Glénans dans les années 70 ou la voile à la dure.....
Posté par: Gaelounet le 12 mai 2009 à 23:12:39
Gaelounet = Gael A.....t ? que j'ai parfois croisé et recroisé dans les parages de JLC ?
Oui sans doute. Mon nom est quasiment en clair dans mon profil.
Titre: Re : Re : Les Glénans dans les années 70 ou la voile à la dure.....
Posté par: Gaelounet le 12 mai 2009 à 23:29:11
Si vous voulez apprendre à naviguer sérieusement : louer un bateau, trouver un collègue qualifié et vogue...
C'est vrai. Mais le CNG était à mon avis idéal pour l'apprentissage de la manoeuvre. Sur un bateau de location je doute que l'équipage se lance dans ce genre d'apprentissage qui passe par la répétition des changements de voile, des prises de coffre, des mouillages et des appareillages, des entrées et des sorties de port. La rusticité des bateaux et l'absence de moteur concourraient à l'efficacité de la méthode Glénans. Une fois qu'on sait faire virer de bord un "Chose" (je me demande ce que sont devenus ces engins d'ailleurs), on peut faire virer n'importe quoi.
Quand je vois les bateaux de locations avec leurs voiles à enrouleur, je pense que leurs équipages doivent s'emmerder.
Titre: Re : Les Glénans dans les années 70 ou la voile à la dure.....
Posté par: Walk le 13 mai 2009 à 00:05:07
Citer
l'archipel trop bas n'est pas visible de la côte
Ah si! ;) De Beg-Meil (de l'autre côté de la baie de Concarneau), par jour de beau temps on peut apercevoir quelques bouts de l'archipel ;D

Citer
Quand je vois les bateaux de locations avec leurs voiles à enrouleur, je pense que leurs équipages doivent s'emmerder.
M'enfin c'est quand l'enrouleur bloque, que ça devient sportif   :)

Titre: Re : Re : Re : Les Glénans dans les années 70 ou la voile à la dure.....
Posté par: philippe13 le 13 mai 2009 à 07:15:59
Une fois qu'on sait faire virer de bord un "Chose" (je me demande ce que sont devenus ces engins d'ailleurs.

Les "choses" étaient d'anciennes chaloupes de sauvetages des Hospitaliers Sauveteurs Bretons. A l'époque héroique du début des glénans, faute de moyens, transformées pour l'apprentissage de la voile avec 2 mats . Les Scouts marins avaient le même genre de truc.

Donc pour répondre à Gaël: Un à été remis en condition de chaloupe de sauvetage et est exposé au musée de la pêche à Concarneau. Les autres je ne sais pas.
Titre: Re : Les Glénans dans les années 70 ou la voile à la dure.....
Posté par: philippe13 le 17 mai 2009 à 17:22:57
Les choses dès la deuxième minute du film:

http://www.ina.fr/archivespourtous/index.php?vue=notice&from=fulltext&full=glenans&num_notice=1&total_notices=5