Puisqu'on remonte le sujet quant à l'indifférence générale... je rajoute mes petites histoire.
Histoire 1
Il y a 2 ans de ça, en plein centre de CaenC'est une journée de fête, il y a du monde partout, on peut pas passer sans se faire aggriper par des colporteurs. Sans être associale j'aime PAS qu'on m'aggripe par le palto comme ça, et je me dégage plusieurs fois avec un regard pas aimable. Je sors tout juste de cours, j'ai pas un rond à dépenser. Ma meilleure amie qui marche avec moi a les poches tout aussi légères.
Au milieu de la circulation humaine, on voit une petite dame, d'origine asiatique, semblant complètement perdue, qui regarde de droite et de gauche. On fend la foule jusqu'elle. En se mettant chacune d'un côté, on lui libère un espace. Elle m'attrape la main et me demande (dans un français difficilement compréhensible):
"Vous pouvez m'aider? J'ai perdu ma maison!"
En fait, après quelques échanges, on se rend compte qu'elle habite chez sa belle-fille, qu'elle a voulu sortir pour trouver son fils (parti soi-disant au "magasin juste en bas"). Elle ne l'a pas trouvé, a paniqué, a dû errer dans le centre... et évidemment n'a pas retrouvé la porte.
Sans paniquer, on l'escorte, chacune d'un côté, la mamie accrochée à nos bras, jusqu'à une paire de flics. Et là, le plus gradé (je suppose) pousse le plus jeune avec un (audible):
"Allez, c'est pour toi, moi je regarde le concert." (concert de rue)
!!!!
Bravo le dévouement professionnel.
Avec ma potesse on n'a pas pû résister à faire une bise à la mamie, lui dire de suivre le jeune homme, et se moquer copieusement de lui!!!
La fin de l'histoire ne dit pas s'ils ont retrouvé sa famille, ce que je suppose car on a quand même expliqué précisément au policier où elle se trouvait en premier lieu.
Histoire 2
Maison de retraite de mon patelinEntre autres jobs (pourris), j'ai remplacé du personnel de cuisine en maison de retraite. M'occuper des "petits vieux" (comme ils disaient) n'était pas de mon ressort, à la base, mais devant le désintérêt de certaines de mes collègues... bah je l'ai fait.
1er soir de service, un grand monsieur plus ou moins paralysé/handicapé moteur colle un grand pain dans la tronche d'une de mes collègues. Debout il doit faire un bon mètre 95, 85 kilos... Elle lui colle une baffe et s'en va.
Le lendemain... vous avez deviné, c'est à moi qu'on dit de "faire manger le monsieur". Approche préliminaire:
"Bonsoir monsieur! *grand sourire* Ce soir c'est moi qui vous donne à manger. Rôti de veau, carottes, et patates. Ça vous dit?"
J'ai crû que j'avais fait un tour de magie: il m'a regardé, a perdu son air agressif, et m'a souri (un peu en biais, de façon adorable) Il a répondu d'une voix cassée mais très claire:
"Tout à fait!"
Je lui donne donc la becquée. Un petit morceau de chaque, en vérifiant que ce n'est pas trop chaud... Une collègue arrive et me brâme dessus:
"Vite vite vite!! Rah là là on va jamais y arriver!"
(D'un autre côté le monsieur fallait bien qu'il mange aussi!!
)
Entre le plat principal et le dessert, je dessers les tables, je sers les desserts à tout le monde, et je reviens à mon petit monsieur. Je lui demande quel yaourt il veut. Et là j'en reviens pas:
"Ah parce qu'il y a quoi?"
Il avait jamais eu le choix!!!
M*erde alors! et le droit de bouffer ce que tu veux??!!
Je lui donne son yaourt, et avant de repartir dans les tréfonds de ma cuisine surchauffée (et graisseuse), il m'attrape par l'épaule et me colle une bise sur la joue!
Un autre soir, une nouvelle "petite vieille" arrive... Le personnel se moque d'elle parce qu'elle était pianiste professionnelle, "et voilà où ça l'a menée, ah ah ah"... Dans la salle, la petite dame passe son temps à nous suivre, ne pouvant articuler un mot, paniquant à cause de l'indifférence générale... Je la prends par la main, je lui demande de s'asseoir, que je vais venir, mais que si elle est toujours dans mes jambes, JE vais pas y arriver, et tout le monde va se faire engu*uler... elle s'assied et se relève aussitôt.
Grand moment de solitude pour moi: qu'est-ce que je vais bien faire pour qu'elle se calme!!
Une fois tout le monde servi (avec la dame dans les pattes), je la prend à part pour lui demander ce qu'elle veut. Elle panique et essaie de parler. Je lui dis:
"Faites simplement 'oui' ou 'non'. Vous avez mal quelquepart?
=Non.
-Vous avez oublié quelquechose?
=Non.
...
J'en viens à comprendre qu'elle ne veut pas ce qu'on lui a mis d'office dans son assiette, qu'elle voulait l'autre plat (et que personne n'a regardé ses grands signes qui disaient "non pas celui-là, l'autre")
Et tout ça devant les yeux indifférents (et parfois limite méchants) du personnel!!!!!
Sans dire "à bas les gens", j'ai quand même la sale impression de souvent être "celle qui se bouge" quand il y a un problème. Pourtant je me trouve ni très patiente, ni très courageuse, ni pourvue d'une autre qualité exceptionnelle... mais bon ben "quand faut y aller faut y aller"! Je pourrais pas me regarder en face si je laissais quelqu'un dans la m*rde sans rien faire!