Pour vous permettre de suivre mon récit, et vous donner un exemple de la fonction « tracking » de SPOT, je vous ai préparé
une carte Google de mon aventure. En jaune, vous trouverez le trajet du premier jour. Je mettrai les jours suivants plus tard. En cliquant sur un repère, vous pouvez voir l’heure où il a été enregistré.
Je suis partie vers 8h15, mais j’ai oublié d’activer SPOT pour les premières minutes. Le premier repère de la journée est donc le point jaune le plus au Nord, à 8h35. Vous constaterez que j’adopte un rythme de croisière plutôt pépère!
Comme je disais dans la section Présentations, le canot, et la nature en général, c’est assez contemplatif, chez moi.
Alors voici un autre bout de mon aventure. Je suis consciente que je donne beaucoup de détails et qu’à la fin de ce message-ci, je n’aurai atteint que la moitié de la première de 6 journées! Ce ne sera pas toujours passionnant, ce sera bien souvent banal, mais en fait, je vous avoue que j’écris le tout principalement pour mon propre plaisir, pour le plaisir d’écrire et de garder des souvenirs. Et tant qu’à le faire, pourquoi ne pas le partager, si ça peut intéresser quelqu’un… Donc, un bout de la suite :
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Je réalise que si j’ai bien en ma possession la carte générale de la réserve et la carte topographique du territoire, j’ai oublié à la maison celle qui indique les aires aménagées pour le canot-camping! Tous en cœur : Bravo Catherine!
Je décide donc de passer cette première nuit à un endroit que je connais déjà, pour l’avoir découvert lors d’une exploration en voiture. En effet, il est situé au bout d’un petit chemin forestier, qui s’ouvre en une grande aire recouverte de gravier, permettant aux employés de la réserve de faire l’entretien de la petite digue qu’on y retrouve. Ce ne sera pas le site le plus sauvage qui soit, mais au moins, je sais où il est situé. Au cours des prochains jours, je prendrai le temps de retrouver les deux autres sites potentiels en longeant les berges du grand lac aux nombreuses baies.
Cette décision prise, je peux me concentrer sur la joie de pagayer. J’ai retrouvé ma position confortable, mon chien semble à l’aise dans le petit espace derrière moi. J’adopte un rythme de régulier et savoure les mille parfums verts et bleus que me porte le vent.
Au bout d’une heure, je réalise que j’entends, depuis quelques minutes déjà, le bruit d’un moteur. Les variations brusques d’intensité du bruit me font penser qu’il s’agit probablement d’une motomarine. Sans doute des occupants d’un des chalets de la pointe que je longe actuellement. Je grogne un peu intérieurement
: j’espère que je ne les entendrai pas trop longtemps et surtout, que je ne les croiserai pas! Déjà qu’ils troublent la quiétude des lieux, qu’on me laisse au moins ma solitude! Je sais, je sais… Quand je suis dans le bois, je suis sauvage.
Vingt minutes plus tard, le silence est revenu. Au soupire que je laisse échapper, je réalise que je m’étais inconsciemment crispée. Je me détends et porte mon attention sur le mouvement que fait ma pagaie dans l’eau. Je suis émerveillée par la clarté de l’eau. Je peux encore distinguer le fond à au moins vingt pieds (6-7 mètres, je crois) de profondeur. Elle est tout à fait limpide. J’en prends un peu dans une bouteille de plastique transparent et on pourrait presque croire à de l’eau du robinet! Toutefois, je suis surprise de la monotonie du paysage sous-marin. Très très peu de plantes aquatiques, de roches, de troncs d’arbres immergés. La limpidité de l’eau semblait invitante pour la plongée en apnée, mais il n’y aurait sans doute pas grand-chose à voir. Tout un contraste avec les autres lacs de la réserve, qui grouillent de vie et dont les eaux sont teintées de matière organique.
Deux heures après mon départ, je contourne une longue pointe boisée et mon site de camping m’apparaît, tout au fond d’une baie. Je ne m’y rendrai pas directement, par contre. J’aimerais encore pagayer un peu et je décide d’explorer une autre petite baie. Cette partie du lac est différente de ce que j’ai vu jusqu’à maintenant. La baie est traversée de longs troncs d’arbres couchés et parsemée de souches qui pointent hors de l’eau. Je ralentis le rythme est m’amuse à observer le fond à la recherche de poissons. Je découvre rapidement plusieurs bancs de ménés qui profitent des nombreuses cachettes offertes par les arbres morts.
Tout à coup, une ombre plus imposante se profile sous l’eau, arrivant vers moi. Une grosse truite? Un castor? Quand l’animal est rendu à ma hauteur, j’ai la surprise de constater qu’il s’agit d’un canard!
On dirait un harle couronné, mais il est rarement illustré avec cette allure dans les guides ornithologiques!
Il me dépasse rapidement et j’attends, jumelles au cou, de le voir émerger pour l’identifier avec plus de certitude, mais il ne réapparait pas. Quel oiseau discret! Qui aurait cru qu’il faille porter les yeux sous l’eau pour observer des oiseaux qui nous auraient échappé autrement!
Un martin-pêcheur, pas du tout discret, lui, me fait sursauter en lançant son cri de crécelle. En suivant du regard son vol ondulant, mes yeux croisent un autre oiseau, perché à la cime d’une épinette, cette fois. Très probablement un faucon émerillon. Dans les bois, les mésanges à tête brune et les sittelles à poitrine rousse sont les seuls oiseaux à se faire entendre.
Finalement, après quatre heures de canotage depuis mon départ, j’accoste sur la berge de mon site de camping. Mon chien saute du canot avec bonheur, après avoir patiemment attendu mon autorisation.
La digue près de mon site de camping, vue du lac.La berge vue de la digue. On peut deviner mon canot, au bout de la pointe.Quant à moi, je me déplie péniblement, après tout ce temps dans la même position. Je soulève mon corps en m’appuyant des bras sur la barre centrale. Je déplie une jambe, ma cheville reste pliée quelques secondes avant de retrouver vie. Je fais la même chose avec l’autre jambe, puis me déplace péniblement vers l’avant du canot avant de passer maladroitement la jambe par-dessus bord. Je me redresse finalement complètement et mon dos proteste douloureusement. Décidément, je n’ai plus vingt ans, et mon surplus de poids, qui empire d’années en années, n’est pas pour aider.
Il y a quelques grosses roches à escalader pour rejoindre le terrain plat. Je le fais avec précautions, les chevilles, les genoux et les hanches encore un peu ankylosées. J’envie mon chien qui a déjà grimpé en deux bonds, puis qui est redescendu se jeter sur un bout de bois particulièrement invitant dans l’eau, et qui est remonté, puis a fait le tour du site trois fois à la course, en grognant d’excitation, grisé par les odeurs nouvelles et la liberté. Je me sentais moins moche quand j’étais avec mon vieux chien perclus d’arthrose, il me semble…
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Bon! Sur ce, c’est tout pour aujourd’hui! Désolée de ne pas avoir plus de photos...