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Auteur Sujet: Trois questions sur la gestion des risques  (Lu 5737 fois)

13 mars 2011 à 15:33:23
Lu 5737 fois

Bison


(Introduction générale à la problématique du risque et de l’aventure dans ce fil.)

Rappel de l’équation du risque :  Risque = probabilité d’un évènement aléatoire néfaste * dangerosité de cet événement pour celui qui en est victime.

Comment augmenter les chances de survie, les chances de "victoire" quand on est un aventurier volontaire (ou non)?

C’est une problématique en trois parties :
- comment mettre les chances de son côté ?
- comment forcer sa chance lors d’une sortie dans la verte un peu « engagée » (par exemple) ?
- quel est le risque résiduel acceptable ?

1. Mettre les chances de son côté, c'est d’une part réduire la probabilité de devoir affronter un danger. Il n’est pas écrit « mettre toutes les chances de son côté ». D’une part ce serait illusoire, et d’autre part, si cela devait aboutir à éliminer totalement cette probabilité, il n’y aurait plus de danger, il n’y aurait plus l’aventure ... Metttre les chances de son côté, c’est d’autre part prendre un certain nombres de dispositions utiles pour augmenter la probabilité de s'en sortir, ou  de limiter la casse, quand l’accident se produit.

2. Forcer sa chance, c'est savoir prendre un petit risque pour en éviter un plus grand. Ou savoir prendre un risque calculé pour atteindre « efficacement » un but. Bref, savoir prendre la meilleure décision dans l’incertain …

3. Le risque résiduel est celui auquel on ne peut se soustraire, sauf à prendre des précautions démesurées, à subir des contraintes innacceptables. Le niveau de risque résiduel acceptable reste à l'appréciation de chacun. Et c’est vraiment une question cruciale, car c’est en cours même d’aventure, « en temps réel », alors que les conditions changent rapidement, qu’il faudra constamment ré-évaluer le niveau de risque, et prendre les bonnes décisions.

Puisque l’on est sur un forum « vie sauvage » qui aborde bien souvent le thème de la survie en rando, il me semble donc opportun de poser cette triple question à propos des sorties dans la verte et des randos quand celles-ci sont quelque peu engagées, c'est-à-dire quand il y a du danger, quand on n’a pas trop le droit à l’erreur … Exemple :  GR20

Mais il convient aussi d’en discuter de manière aussi générale que possible. Il n'est pas question d'énumérer ici toutes les compétences particulière requises en rando ... Le cadre de la rando, c'est juste un exemple.

Ce serait bien si on pouvait dégager des lignes directrices …
« Modifié: 13 mars 2011 à 15:38:33 par Bison »
Un enfant qu'a pas une paire de bottes, une canne à pêche et un lance-pierre, c'est pas un vrai. (A. Gavalda)

14 mars 2011 à 12:18:17
Réponse #1

Bison


Citation de: raphael
qu'est ce que le risque, la prise de risque et la gestion du risque ?
et surtout quel est le rapport coût/gain de la prise de risque ?
 
extrait d'un colloque
"La prise de risque est liée à la perception du risque. Elle peut être intentionnelle ou involontaire, individuelle ou collective. Le risque est parfois vu comme la probabilité de l’occurrence d’un événement non désiré, et le degré de gravité des pertes potentielles induites. Le concept de risque est lié à ceux de gain et d’opportunité, et même parfois de survie. La prise de risque peut se définir par rapport à trois types de profils : les éviteurs, les réducteurs et les optimiseurs de risques.
Il s’agit de donner, ou redonner, le goût de l’action, de l’innovation et de la créativité. Il faut distinguer la prise de risque a priori de l’analyse du risque a posteriori. Ce colloque a un rôle d’éducation vers une culture de la maîtrise du risque (prendre un risque n’est pas une mauvaise chose lorsqu’on cherche à le comprendre et à le maîtriser…). L’absence de prise de risque peut être un très gros risque."

J'aime bien cette dernière phrase sur l'absence de prise de risque ...  :doubleup:
Un enfant qu'a pas une paire de bottes, une canne à pêche et un lance-pierre, c'est pas un vrai. (A. Gavalda)

14 mars 2011 à 13:34:33
Réponse #2

Cleric


Etablir une matrice de risque pour chaque activité pourrait être une partie de la réponse aux trois questions. Mais c'est à mon avis plus indiqué pour les expéditions engagées ou alors à réserver aux amateurs de tétracapilectomie  ;D



Pour tout ce qui se trouve en zone orange ou rouge, je développe un plan de contingence: procédure, matériel, entrainement. A la limite, ça m'a fait réfléchir et je laisse tomber mon projet.
pour le reste = risque acceptable, advienne que pourra

C.
"...And we shall know no fear"

15 mars 2011 à 10:19:29
Réponse #3

Outdoorsman


Je le martèle depuis quelques temps, la clé de la gestion du risque est la CONNAISSANCE, d'où l'importance et l'intérêt de ce forum.

Par exemple, quelqu'un complètement ignare en nivologie va s'engager sur une pente de neige sans en connaitre les dangers. Il ne peut rien gérer puisqu'il n'est pas outillé pour. Il va mettre sa destinée dans les mains de ... la chance, Dame Nature, Dieu, sa destinée, tout ce que vous voulez.

Celui qui sera formé, va faire une coupe du manteau neigeux, analyser sa structure et faire une équation risque encouru / risque acceptable. Ce n'est pas une science exacte, mais il aura fait un choix qu'il peut expliquer, justifier et qu'il devra assumer.

Je l'ai déjà dit ailleurs, il ne faut pas blâmer la prise de risque. Si chacun restait dans le connu, dans le maitrisé alors l'homme, en tant qu'individu, et l'humanité évolueraient peu. On ne serait jamais allé sur la lune, on n'aurait jamais construit d'avion ou traversé des mers.

Pour se faire il est cependant primordial de connaitre le milieu, des techniques, d'avoir un équipement adéquat, etc... (j'arrête la liste, il faudrait un forum entier  ;D ) . Bref, il faut le faire en conscience / connaissance, pas de façon irresponsable (celui qui ne sait pas n'est pas en capacité d'apporter des réponses adéquates).


Qu'est ce que le risque acceptable ? Cela dépend de nombreux facteurs :

1/ de la personne. Chacun place le curseur là où il l'entend. Cela peut d'ailleurs varier dans la vie de l'individu. J'ai pris des risques acceptés en alpinisme quand j'avais 20 ans que je refuserais de prendre maintenant. Mon état d'esprit a changé, mes motivations dans cette discipline ont changé.

2/ du contexte : imaginons une pente de neige douteuse, on ne réagira pas de la même façon si elle est au dessus de chez soi ou si c'est la pente terminale d'un sommet himalayen convoité depuis depuis des mois et pour lequel on a beaucoup investi.

3/ du risque en lui même : le risque encouru est-il vital ? Quelles conséquences, en cas de pépin, pour moi, pour mes proches, pour les sauveteurs ?

4/ de l'éloignement par rapport à un point d'alerte ou de secours. On parlera alors du degré d'engagement.


Quant à forcer sa chance, ce terme ne me parle pas.

Lorsque je dois passer sous des séracs ou une zone exposée au chute de pierre, je le fais le plus rapidement possible. Lorsqu'en escalade je suis dans une position instable, je met un coup de collier pour m'en sortir. Lorsque je suis égaré, je consulte ma carte, le terrain et je prend une décision réfléchie que je pousse le plus loin possible.

L'expérience et les connaissances tournent en programme de fond et influent, même de manière inconsciente mes décisions. La chance n'a, selon moi, rien à faire là dedans.
"On a beau donner à manger au loup, toujours il regarde du coté de la forêt. " Ivan Tourgueniev
"Là où il y a une volonté, il y a un chemin" Edward Whymper
"Dégaine toi du rêve anxieux des bien-assis" Léo Ferré

15 mars 2011 à 11:07:22
Réponse #4

Espadon


Citer
Etablir une matrice de risque pour chaque activité pourrait être une partie de la réponse aux trois questions. Mais c'est à mon avis plus indiqué pour les expéditions engagées ou alors à réserver aux amateurs de tétracapilectomie  {$default_grin_smiley}

Ou aux humanitaires!.
 
On utilise exactement cette matrice d'évaluation des risque pour identifier les risques auxquels nous pouvons être confrontés sur le terrain et voir quelles seront les conséquences pour les individus, l'organisation. En fonction des risques établis, de leur probabilités et du type de conséquence on positionne un plan de contingence, des règles de sécurités, des moyens logistiques etc.... Quand t'es vraiment dans le rouge parfois il est carrément nécessaire de se barrer, le risque étant fort, engendrant des conséquences importante notamment pour les individus et donc pour l'organisation.

Ca c'est pour la théorie, apres malheureusement , certaines petites ONG tres dépendantes des bailleurs de fonds ont tendances à maintenir les équipes sur place malgré des prises de risques importantes pour ne pas perdre et arréter les programmes et les financements qui vont avec et continuer à fonctionner. Lla mise en danger des personnels humanitaires pour des questions financières ça existe aussi...et trop d'humanitaire sous couvert de l'utilité de leur mission auprès des populations bénéficiaires n'ont pas le courage de partir quand ils sont en danger. Rien n'est parfait dans se bas monde !
« Modifié: 15 mars 2011 à 11:12:42 par Espadon »
"Se préparer au pire. Espérer le meilleur. Prendre ce qui vient." (Confucius)

15 mars 2011 à 11:37:54
Réponse #5

Cleric


Citer
Quand t'es vraiment dans le rouge parfois il est carrément nécessaire de se barrer, le risque étant fort, engendrant des conséquences importante notamment pour les individus et donc pour l'organisation

Ou alors, la matrice te révèle qu'il est sûr de rester dans la zone de conflits que de la quitter en empruntant le coucou peint en blanc qui ne vole plus que grâce à 4 bouts de ficelle et deux chewing-gum!!  :o  ;)

D'où l'importance, au delà de la blague, de bien analyser un problème dans tous ses tenants et aboutissants
"...And we shall know no fear"

 


Keep in mind

Bienveillance, n.f. : disposition affective d'une volonté qui vise le bien et le bonheur d'autrui. (Wikipedia).

« [...] ce qui devrait toujours nous éveiller quant à l'obligation de s'adresser à l'autre comme l'on voudrait que l'on s'adresse à nous :
avec bienveillance, curiosité et un appétit pour le dialogue et la réflexion que l'interlocuteur peut susciter. »


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