Je le martèle depuis quelques temps, la clé de la gestion du risque est la
CONNAISSANCE, d'où l'importance et l'intérêt de ce forum.
Par exemple, quelqu'un complètement ignare en nivologie va s'engager sur une pente de neige sans en connaitre les dangers. Il ne peut rien gérer puisqu'il n'est pas outillé pour. Il va mettre sa destinée dans les mains de ... la chance, Dame Nature, Dieu, sa destinée, tout ce que vous voulez.
Celui qui sera formé, va faire une coupe du manteau neigeux, analyser sa structure et faire une équation risque encouru / risque acceptable. Ce n'est pas une science exacte, mais il aura fait un choix qu'il peut expliquer, justifier et qu'il devra assumer.
Je l'ai déjà dit ailleurs, il ne faut pas blâmer la prise de risque. Si chacun restait dans le connu, dans le maitrisé alors l'homme, en tant qu'individu, et l'humanité évolueraient peu. On ne serait jamais allé sur la lune, on n'aurait jamais construit d'avion ou traversé des mers.
Pour se faire il est cependant primordial de connaitre le milieu, des techniques, d'avoir un équipement adéquat, etc... (j'arrête la liste, il faudrait un forum entier
) . Bref, il faut le faire en conscience / connaissance, pas de façon irresponsable (celui qui ne sait pas n'est pas en capacité d'apporter des réponses adéquates).
Qu'est ce que le risque acceptable ? Cela dépend de nombreux facteurs :
1/ de la personne. Chacun place le curseur là où il l'entend. Cela peut d'ailleurs varier dans la vie de l'individu. J'ai pris des risques acceptés en alpinisme quand j'avais 20 ans que je refuserais de prendre maintenant. Mon état d'esprit a changé, mes motivations dans cette discipline ont changé.
2/ du contexte : imaginons une pente de neige douteuse, on ne réagira pas de la même façon si elle est au dessus de chez soi ou si c'est la pente terminale d'un sommet himalayen convoité depuis depuis des mois et pour lequel on a beaucoup investi.
3/ du risque en lui même : le risque encouru est-il vital ? Quelles conséquences, en cas de pépin, pour moi, pour mes proches, pour les sauveteurs ?
4/ de l'éloignement par rapport à un point d'alerte ou de secours. On parlera alors du degré d'engagement.
Quant à forcer sa chance, ce terme ne me parle pas.
Lorsque je dois passer sous des séracs ou une zone exposée au chute de pierre, je le fais le plus rapidement possible. Lorsqu'en escalade je suis dans une position instable, je met un coup de collier pour m'en sortir. Lorsque je suis égaré, je consulte ma carte, le terrain et je prend une décision réfléchie que je pousse le plus loin possible.
L'expérience et les connaissances tournent en programme de fond et influent, même de manière inconsciente mes décisions. La chance n'a, selon moi, rien à faire là dedans.