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Stages de survie CEETS

Auteur Sujet: T'as froid aux pieds, mets un bonnet  (Lu 15404 fois)

08 novembre 2012 à 07:03:15
Lu 15404 fois

leksos


Bonjour,

Je suis sûr que presque tout le monde a déjà entendu cette phrase. Selon moi, elle est pleine de bon sens et m'a paru se vérifier de nombreuses fois.
Cependant, en parcourant le site tatoufaux, j'ai eu la surprise de tomber sur un article mettant à mal cette "sentence historique"  :o:

http://tatoufaux.com/?Nous-perdons-beaucoup-de-chaleur

J'ai déjà lu de nombreux post concernant le froid sur le forum (dont le très bon exposé de Guillaume), mais je n'ai pas vu de discussion abordant explicitement ce point.

Que pensez-vous de cet article?

Je vous remercie.

Leksos

08 novembre 2012 à 07:11:16
Réponse #1

azur


Cet article semble passer sous silence le fait qu'à la différence du reste de notre corps, la boite crânienne est très vascularisée et n'est protégée par aucune couche de graisse, ce qui peut d'ailleurs expliquer que c'est le seul endroit où l'espèce humaine présente une pilosité abondante!
Ainsi, pour les personnes ayant les cheveux courts ou humide, les déperditions de chaleur par la tête ne sont pas qu'une vue de l'esprit!
Tout le monde savait que c'était impossible... est venu un idiot qui ne le savait pas, et qui l'a fait!
------------------------------------------
Boviner, c'est contourner par le centre...

08 novembre 2012 à 07:44:15
Réponse #2

sonicflood777


Je n'ai personnellement pas fait d'expérience scientifique à ce sujet mais je partage ce que j'ai pu constater sur moi, ce qui est assez empirique, j'en conviens:
j'ai mis de longues années à me laisser convaincre de mettre un bonnet ou autre couvre-chef quand il fait froid, pour la bonne raison que je n'en ressentais pas le besoin, bien que frileuse. J'ai eu travaillé en entrepôt surgelé (-18°C à -24°C) avec soufflerie et tout le toutim, j'étais la seule et unique sans bonnet. Précisons que c'étais un travail physique et que dès que je me bouge, je bous littéralement.
Si je marche bien par -20°C environ, plutôt sans vent quand même, je suis tête nue (testé au Québec en février).
En général, si je suis correctement couverte au niveau du tronc, pas besoin de me couvrir la tête. En moto, c'est pareil: le casque portège assez bien mais à l'inverse de mes ptits copains motards, je suis une des seules à rouler en plein hiver sur la rocade sans cagoule. C'est pas pour me la jouer, je suis simplement assez confort avec de quoi bloquer les entrées d'air au niveau du cou (et en moto, le windchill est vraiment un paramètre à prendre en compte).

Il semblerait que le fait de se couvrir suffisamment le reste du corps n'oblige pas à se couvrir la tête, ou peut-être est-ce très personnel comme ressenti.

Ceci tant, et cela semble corroborer l'affirmation du titre de ce fil, dès que je mets un couvre-chef, j'ai tendance à avoir trop chaud très vite, avec l'impression d'avoir une cocote-minute à la place de la tête. En été, j'ai du mal à supporter même quelque chose de léger et aéré.

Je serais donc tentée de dire, à mon niveau, que oui, le fait de se couvrir la tête est un plus dans l'apport de chaleur, mais non indispensable pour être confort, même à des températures assez basses, si le corps est bien couvert des pieds/mains jusqu'au cou.

mes 2 cents,

sonic.

PS: j'ai oublié de préciser que j'ai les cheveux courts ;)

08 novembre 2012 à 10:14:44
Réponse #3

Karto


Salut Leksos, et bienvenue !

Pour ne pas faire de ce fil un amas de témoignages subjectifs, je vais me contenter de re-commenter la source qui se s'est attaquée à des valeurs tangibles et mesurables, afin d'aider le lecteur à isoler les données scientifiques de l'interprétation par l'auteur de tatoufaux.com (site encore mieux nommé qu'il ne le croyait ?  ;D), et l'aider à refaire sa propre lecture de la source scientifique originale.


Je file vers le résumé d'étude cité par ton article de tatoufaux.com, rédigé en 2005 et approuvé en 2006. La démarche scientifique ne visant pas à produire du sensationnel mais à découvrir des vérités, un article, avant d'être publié, est en effet relu par plusieurs pairs indépendants de l'auteur, pour vérifier la validité des protocoles proposés et des raisonnements logiques utilisés pour en tirer des conclusions.

Remarque que l'auteur de tatoufaux.com n'ayant, comme moi, vraisemblablement pas pris son abonnement au Journal of Applied Physiology, il prétend citer des études mais en vérité il n'en a que le résumé, dont le but n'est pas de révéler des résultats de physiologie humaine, mais d'aider les archivistes, bibliothécaires et enseignants-chercheurs à retrouver un article qu'ils cherchent parmis les dizaines de milliers d'articles du JAP ou d'une bibliothèque universitaire.

Le résumé contient bel et bien des infos utiles, mais elles sont très condensées et il leur manque parfois leur "légende" nécessaire pour une bonne interprétation.
Ainsi, ces lignes sont quelque chose d'un peu obfusquées pour moi. Pourtant je suis certain que si on avait accès à l'article complet, la nature de toutes ces valeurs serait longuement explicitée.

Citer
exposure of the head increased core cooling both in the body-insulated conditions (head out: 0.47 ± 0.2°C, head in: 0.77 ± 0.2°C; P < 0.05) and the body-exposed conditions (head out: 0.84 ± 0.2°C and head in: 1.17 ± 0.5°C; P < 0.02)


Cela dit, le vif du sujet reste relativement clair. Ca commence comme ça :
 
Citer
Submersion of the head (7% of the body surface area) in the body-exposed conditions increased total heat loss by only 10%

OK. Probable que l'auteur de tatoufaux.com ait vu ça, et s'y soit arrêté. Mais n'importe qui sait que la distribution de température dans le corps n'est pas uniforme. Il y a, pour simplifier, le coeur et la périphérie. (je parle bien là de distribution de température dans le corps, pas de zones d'échange de chaleur à la surface)

Or, la suite du résumé aborde précisément ce point...

Citer
In both body-exposed and body-insulated conditions, head submersion increased core cooling rate much more (average of 42%) than it increased total heat loss. This may be explained by a redistribution of blood flow in response to stimulation of thermosensitive and/or trigeminal receptors in the scalp, neck and face, where a given amount of heat loss would have a greater cooling effect on a smaller perfused body mass.

Ce qui est repris plus loin et plus simplement par la conclusion :

Citer
a cold-induced reduction of perfused body mass may allow this small increase in heat loss to cause a relatively larger cooling of the body core


OK. Encore une fois, à cause de la nature résumée du bouzin, je ne suis pas sûr de pouvoir interpréter exactement le sens de ce "42%". Si je comprends bien, il s'agit du rapport entre le taux de refroidissement des organes vitaux tête émergée et tête immergée. Encore une fois ceci serait plus clair dans l'article réel. Cela dit, ce 42% d'augmentation, via une règle de trois toute simple, nous donne une contribution de la tête à la perte de chaleur du "coeur thermique" de l'ordre de 30% (100*42/142).

Etant donné la difficulté qu'il y a à isoler exactement le cou du corps et la tête du cou dans l'expérience d'immersion, ces 30% me paraissent assez proches des données qui circulent sur le forum, à savoir 20% pour la tête, 20% pour le cou.
Attention on parle là d'un corps nu et au repos, dont les frissonnement ont été inhibés par l'administration d'une substance chimique.

Mais la démarche scientifique veut qu'on croise ses sources. Une des façons de faire ça peut être de répéter nous-même l'expérience décrite, chose je ne peux pas faire ici et maintenant. Alors je vais simplement chercher un autre article, écrit par un autre auteur, d'une autre université.
Il sera probablement publié dans le même journal, mais ceci est lié à la manière dont son diffusés les contenus universitaires.

Je laisse le soin de faire ça au suivant ;)
En attendant, la seule morale que je tire de ça, peu importe les résultats réels : ne pas faire confiance aux sites webs à sensation...
« Modifié: 08 novembre 2012 à 11:19:18 par Karto »

08 novembre 2012 à 10:42:07
Réponse #4

Kilbith


L'article académique cité comme référence dans cette traduction de texte d'un site américain est accessible ici :
http://jap.physiology.org/content/101/2/669.full.pdf+html

« Modifié: 08 novembre 2012 à 10:47:49 par Kilbith »
"Vim vi repellere omnia jura legesque permittunt"

08 novembre 2012 à 10:42:49
Réponse #5

Karto


L'article est accessible ici :
http://jap.physiology.org/content/101/2/669.full.pdf+html



Rahptin magique, je me faisais jeter en cliquant sur le lien (me menant à une page "subscribe")  :o
Le bidule a dû détecter la provenance kasher de ton IP ;D

08 novembre 2012 à 11:06:49
Réponse #6

Kilbith


Rahptin magique, je me faisais jeter en cliquant sur le lien (me menant à une page "subscribe")  :o
Le bidule a dû détecter la provenance kasher de ton IP ;D



J'ai en projet, un topo solide sur ce point précis. En fait plein de facteurs entrent en jeux.

- La sensation de froid n'est pas la même chose que la réalité (sinon le whisky serait génial)
- La "bonne réaction au froid", celle qui permet d'éviter l'hypothermie est en général la vasoconstriction (diminue la température de la peau donc les pertes par radiation) et aussi les tremblements involontaires (augmentent la chaleur produite même en l'absence de mouvement sans augmenter la convection).
C'est globalement valable comme méthode, mais on risque d'y laisser des bouts.




Les vasodilatateurs pourraient éviter cet inconvénient (et dans ce cas les productions des neufs sanctuaires de l'Ile* sont peut être à considérer).
- Les 40% de pertes souvent indiquées sont celles observées quand on est couvert par ailleurs. En effet c'est plus rare d'être couvert totalement de la tête. C'est confirmé par une référence sérieuse en médecine urgentiste que le fait d'avoir la tête d'un patient non couverte entraine 40% des pertes thermiques.
- les raisonnements basés sur la surface relative de la tête, sont des raisonnements simplistes approximés de physiciens.
D'une part ils ne prennent pas en compte les effets physiologiques comme l'absence de tremblements générateur de chaleur du fait de l'absence de masse musculaire importante sur de grandes parties de la tête. La vasoconstriction est aussi limitée (le cerveau nécessite d'être irrigué en permanence).
D'autre part, le tête ce n'est pas plat comme le reste de notre corps. Il y a un nez et des oreilles ce qui augmente la surface. Il y a aussi des parties très irriguées qui perdent pas mal de chaleur donc.
Enfin et surtout la tête ce n'est pas un cylindre clos, la surface d'échange est pus grade et les mécanismes d’échange thermique sont plus complexes : Le nez est creux, la bouche est creuse et de l'air froid qu'il faut humidifier circule dedans. Donc il faut ajouter une grande surface d'échange convectif humide en plus des pertes par radiation qui caractérisent le reste du corps....

Ceci dit, même au coeur de l'hiver si vous laissez la porte de la maison ouverte ce n'est pas trop grave si on laisse le chauffage à fond. La maison reste chaude, tant que le chauffage est suffisamment puissant.

Pour l'expérience de Sonicfloood :



Jusqu'à -20°C tu ne crains pas vraiment les gelures (si bonne santé...), si le vent est absent (vent ou déplacement inférieur à 10km/h). Donc si le tronc central est assez isolé et/ou que tu fournis assez de chaleur par l’exercice :pas trop de problème normalement pour les oreilles, le nez et les pommettes. A cette température, tu rentres juste dans la "zone" ou quelqu'un en bonne santé doit commencer à adopter les bonnes pratiques.

 ;)





*Islay en Gaélique. Cherchez pas : fallait être à la sortie dans le Cantal.
« Modifié: 08 novembre 2012 à 11:59:21 par Kilbith »
"Vim vi repellere omnia jura legesque permittunt"

08 novembre 2012 à 11:46:46
Réponse #7

leksos


Merci à tous pour vos réponses.

Je suis très impressionné par le sérieux des analyses que vous proposez.

Je suis tout à fait d'accord avec le fait de prendre beaucoup de précautions avec les sites à "sensation", même si évidemment tout n'est pas à rejeter en bloc.


09 novembre 2012 à 09:55:38
Réponse #8

Karto


Je suis très impressionné par le sérieux des analyses que vous proposez.

Nos analyses, en l'occurence, sont nettement superficielles.
Ce qui est important, c'est qu'elles essayent d'être rigoureuses, étayées, reproductibles et de porter en elle leur propre jugement de pertinence.

Tout comme quand on fait des mesures physique : les indicateurs de qualité de la mesure sont généralement plus nombreux que les résultats de la mesure proprement-dite, et sans eux elle est sans valeur.



Je suis tout à fait d'accord avec le fait de prendre beaucoup de précautions avec les sites à "sensation", même si évidemment tout n'est pas à rejeter en bloc.

Mais comment sait-on ce qui est à prendre et ce qui est à rejeter ?

09 novembre 2012 à 10:28:56
Réponse #9

Le barbu


Cet article semble passer sous silence le fait qu'à la différence du reste de notre corps, la boite crânienne est très vascularisée et n'est protégée par aucune couche de graisse, ce qui peut d'ailleurs expliquer que c'est le seul endroit où l'espèce humaine présente une pilosité abondante!
Ainsi, pour les personnes ayant les cheveux courts ou humide, les déperditions de chaleur par la tête ne sont pas qu'une vue de l'esprit!

Le système pileux fait transpirer en été et isole du froid en hiver, et je trouve que la nature est bien faite car la ou l'on as le plus de poils passent des artères. Je suis pas un spécialiste mais je suppose que cela permet de réguler la température par l'échange thermique entre le sang qui circule et tout le corps. Voila pourquoi je suis septique devant cette mode ou tout le monde s'épile. Je pense que pour survivre il faut commencer par regarder ce que la nature as mis en place et abonder dans son sens, enfin c'est un plus un sentiment que j'ai qu'une démonstration scientifique.

09 novembre 2012 à 10:45:44
Réponse #10

Bison


Le barbu, tu marques un point!

En tous cas par rapport à l'expérimentation relatée précédemment.
Et c'est presque un nouvel éclairage ...

Une pilosité abondante peut assez bien protéger la tête en effet ... surtout en air sec.
Mais si la tête est plongée dans l'eau, cette protection est fortement réduite. Comme un duvet mouillé, cela fonctionne moins bien.

Et, en quelque sorte, cela fausse - amha -les résultats d'une expérimentation "tête nue dans l'eau".
Un enfant qu'a pas une paire de bottes, une canne à pêche et un lance-pierre, c'est pas un vrai. (A. Gavalda)

09 novembre 2012 à 10:52:21
Réponse #11

Karto


Le barbu, tu marques un point!

Bin non.
Tout dépend de ce qu'on appelle une "tête"...






Le but là c'est d'isoler un phénomène physiologique, pas d'énoncer une vérité applicable sans discernement à toute le monde. Ces vérités n'existent pas, de toutes façons.

Par ailleurs :
Je pense que pour survivre il faut commencer par regarder ce que la nature as mis en place et abonder dans son sens

C'est pour ça que je ne me torche jamais le cul. Je suis sûr que la nature avait prévu une utilité pour le caca collé dans les poils, que l'étroitesse d'esprit de l'homme occidental refuse d'embrasser.

09 novembre 2012 à 11:04:23
Réponse #12

raphael





Par ailleurs :
C'est pour ça que je ne me torche jamais le cul. Je suis sûr que la nature avait prévu une utilité pour le caca collé dans les poils, que l'étroitesse d'esprit de l'homme occidental refuse d'embrasser.

oui mais les bonobos et les chimpanzés ont souvent le cul propre  :huh: ils mangent plus sainement que nous surement  :closedeyes: et ils ont aussi le cul pelé  ;#

Se connaitre et s'accepter


09 novembre 2012 à 11:09:43
Réponse #13

Karto


oui mais les bonobos et les chimpanzés ont souvent le cul propre  :huh: ils mangent plus sainement que nous surement  :closedeyes: et ils ont aussi le cul pelé  ;#

Ce en quoi l'homo sapiens est nettement supérieur au singe !

(et j'arrête là, le fil a du potentiel, ce serait dommage de le pourrir  ;#)

09 novembre 2012 à 11:16:41
Réponse #14

Kilbith


Mais si la tête est plongée dans l'eau, cette protection est fortement réduite. Comme un duvet mouillé, cela fonctionne moins bien.

Et, en quelque sorte, cela fausse - amha -les résultats d'une expérimentation "tête nue dans l'eau".

Tu fais l'hypothèse d'une tête régulièrement shampouinée...si on laisse faire, le suint vient naturellement recouvrir le poil et le protège de l'humidité comme chez le mouton.

La différence c'est que l'homme n'a pas de la jarre mixée avec le poil frisée dessous donc cela s'agglomère et on n'obtient pas une isolation très efficiente...il faut dire qu'il utilise la transpiration cutanée pour réguler son homéothermie, ce qui est un cas quasi unique, y compris chez les espèces de régions chaudes. Cela s'oppose à une pilosité abondante.

Il faut bien qu'il y ait un prix à payer, sinon nous ne serions pas quasiment les seuls à déambuler "à poil sans poils" dans cette Vallée de La(r)mes.

 :)

PS : Matthias, très bonne tactique si tu cherches à marquer ton territoire de façon explicite à tous les endroits où tu t'assois régulièrement. C'est très adapté. Toutefois, ayant déjà assuré ma descendance, afin d'éviter trop de combat rituels à la belle saison et du fait d'une politique précautionneuse de "grey man" : je dois y renoncer.

 :) :)
« Modifié: 09 novembre 2012 à 11:24:29 par Kilbith »
"Vim vi repellere omnia jura legesque permittunt"

09 novembre 2012 à 11:29:55
Réponse #15

raphael


Dans le portrait de famille des primates, nous paraissons bien nus au milieu de nos cousins.
L'homme, sans poils ? Vraiment ? En réalité – vous pouvez vous amuser à les compter si le cœur vous en dit – nous en portons tout de même près de 5 millions. Et contrairement à une idée reçue, les hommes n'auraient pas plus de poils que les femmes : ceux des premiers sont juste plus épais et plus longs.
 

 
Mais avant de s'interroger sur le pourquoi de notre pilosité discrète, intéressons nous d'abord à l'intérêt d'avoir une fourrure. En effet, la majorité des mammifères en est pourvu ; pourquoi ?
 
La fourrure a un intérêt évident pour les mammifères vivant dans des zones froides. Mais de manière plus large, les poils servent de protection contre l'humidité, les rayons solaires, les parasites, les éraflures…
 
La fourrure peut aussi servir de camouflage lorsque la pigmentation s'adapte au milieu environnant. Enfin, les poils peuvent abandonner tout rôle de protection et prendre une utilité sociale : l'abondance, le bon état des poils, leur couleur peuvent servir à communiquer entre individus (je suis un mâle alpha). En effet, la qualité de la fourrure reflète souvent l'état de santé de l'individu !
 
Si la majorité des mammifères possèdent une fourrure, certains l'ont perdue. Ce sont des animaux que l'on retrouve en milieu aquatique (dauphins, baleines), sous-terre (rat-taupe) ou lorsque les milieux sont trop chauds et que les animaux sont grands (éléphants, rhinocéros…). Mais l'homme ? A priori, aucune théorie scientifique ne mentionne sérieusement que l'homme soit passé, au cours de son évolution, par des ancêtres aquatiques, vivant sous-terre ou ayant le gabarit d'un éléphant
Les tentatives d'explication de la perte de fourrure chez le genre homo ne font pas l'unanimité dans la communauté scientifique. Voici cependant l'hypothèse qui est la plus envisagée aujourd'hui :
 
Lorsque les ancêtres de l'homme ont commencé à sortir de la forêt, à se redresser, à marcher de manière active sur leur deux pieds, à chasser, courir… bref, avoir une activité soutenue qui donne chaud, les poils ont pu commencer à devenir handicapants. Lorsque nos ancêtres ont quitté la forêt, ils se sont retrouvés exposés à la chaleur de la savane. Gare à la surchauffe ! Parallèlement à la perte des poils, un système efficace de régulation de la température du corps s'est développé : la transpiration. On retrouve en effet chez l'homme un très grand nombre de glandes eccrines (responsables de la transpiration), entre 2 et 5 millions !

La perte des poils pourrait donc être le résultat d'un changement d'environnement et d'attitude chez nos ancêtres, qui se sont progressivement adaptés au milieu aride de la savane africaine et aux longues marches.
 
On se doute bien que la réponse à ce genre de question n'est pas aisée : les seuls indices que nous ont laissés nos ancêtres sont de petits morceaux d'os… Pas de traces de poils, ni de momies suffisamment anciennes, conservées dans la glace par exemple !
 
Mais des outils nouveaux nous permettent aujourd'hui d'aller un peu plus loin. Il se trouve que l'on connait un gène (morceau d'ADN) qui participe à la pigmentation de la peau. Un variant de ce gène, M1CR, qui donnerait à la peau une couleur foncée, a parfois été retrouvé lors d'analyses génétiques sur des os anciens. On peut dater son apparition dans la lignée humaine à environ 1,2 millions d'années. Cela veut dire que c'est à peu près à cette époque que les hommes ont commencé à avoir la peau noire. Et avant ? On peut penser que nos ancêtres avaient la peau rose, recouverte d'une fourrure, comme c'est le cas chez les chimpanzés par exemple. Lorsque les poils ont commencé à disparaitre, il a fallu trouver un moyen de protéger la peau des rayonnements du soleil : la peau est devenue foncée !
 
Il y a 1,2 millions d'année, date supposée d'apparition de la coloration de la peau, on pouvait rencontrer dans les plaines africaines l'homo ergaster : bipède, apte à chasser le gros gibier, il est aussi le premier de la lignée à avoir quitté le continent africain !  Un sacré marcheur, qui a peut-être laissé une partie de ses poils sur sa route…

 
Pourquoi a-t-on gardé quelques poils ? Malgré notre longue histoire de poils, au cours de laquelle nous en avons évacués une bonne partie, il nous en reste tout de même : sur les bras, les jambes, ils se montrent relativement discrets. Mais pourquoi a-t-on des cheveux ?
 
Lorsque notre ancêtre s'est aventuré dans les plaines africaines, en plein soleil, il n'avait pas encore inventé la casquette. Pour éviter la surchauffe au niveau de la tête, il a pu être avantageux de garder des poils à cet endroit. Les cheveux crépus ont un double avantage : tout frisottés, ils forment un petit coussin qui emprisonne de l'air et isole la tête. C'est un scénario envisagé, peut-être d'autres viendront-ils dans les prochaines années…

 
Quand aux poils qui persistent aux aisselles et au niveau des organes génitaux, il a été proposé que c'était une protection (rappelez vous les avantages de la fourrure, au début de l'article) et/ou un moyen de diffuser des phéromones…


http://axiomcafe.fr/pourquoi-lhomme-a-t-il-perdu-ses-poils
Se connaitre et s'accepter


09 novembre 2012 à 11:54:28
Réponse #16

Nävis


Pour revenir sur l'article mis en lien par Kilbith, les résultats de l'étude apportent un éclairage nouveau sur la technique du down proofing. Cette technique enseignée pour survivre longtemps à la surface de l'eau, et qui implique de régulièrement immerger la tête.
L'étude montre que protégé ou pas du froid (en combi étanche avec des vêtement chauds ou en maillot), l'immersion de la tête contribue fortement au refroidissement de la température centrale. Bien que la tête ne soit pas responsable d'une perte de chaleur en surface que légèrement supérieur comparée à la superficie immergée. La discussion des résultats mentionne des éléments intéressants sur les risques de survenue d'hypothermie larvée chez les plongeurs.


09 novembre 2012 à 12:10:54
Réponse #17

Kilbith


La discussion des résultats mentionne des éléments intéressants sur les risques de survenue d'hypothermie larvée chez les plongeurs.

Plusieurs articles cités dans le document, et parfois accessible facilement, relèvent d'études faites sur les plongeurs. La recherche est orientée par les besoins de la société (pensez financement) y compris les besoins économiques. Je n'en ai pas fait état car la plongée m'est peu familière.

Un programme canadien, très complet et didactique, sur la thermorégulation et l'immersion en eau froide (effet/traitement) est disponible.

"CAMP DE SURVIE EN EAU FROIDE" ici : http://beyondcoldwaterbootcamp.com/fr/enseignement-des-donees-sur-le-froid
« Modifié: 09 novembre 2012 à 18:54:15 par Kilbith »
"Vim vi repellere omnia jura legesque permittunt"

09 novembre 2012 à 12:32:50
Réponse #18

xackurush


    Dans l'étude citée au dessus, on voit en référence à la citation numéro ( 8 ) dont l'abstract est disponible ici: http://jap.physiology.org/content/10/2/235 Que, comme l'indique Kilbith, la vasoconstriction au niveau de la tête et du cou est très limitée voire quasiment nulle avec une exposition du corps au froid. Source plus récente aussi ici -> abstract : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/1811574
    En temps normal, pas besoin de bonnet car l'isolation des tissus par rapport à l'air ambiant est égale sur l'ensemble de la surface du corps (pas de vasoconstriction), du coup on peut supposer que l'on perd autant de chaleur par la tête que le reste du corps à surface égale (juste au niveau de la peau, sans prendre en compte les différents échanges thermiques explicités plus haut par Kilbith).
    Du coup, lorsque l'on a froid, la vasoconstriction s'opère sur l'ensemble du corps mais pas sur l'ensemble tête-cou (au niveau des doigts, l'isolation des tissus augmente de 6 fois). On a alors une isolation beaucoup plus grande des tissus par rapport au reste du corps.
    Le "problème" dans l'étude citée, qui n'a pas été indiqué par les auteurs du site tatoufaux, est que les sujets ont subis une injection de meperidine et buspirone qui a pour but de diminuer fortement la réaction de tremblement et augmente la vasoconstriction (ref: http://ccforum.com/content/11/1/R29 où la réaction de tremblement a pu être diminué jusqu'à 33,4°C). Donc la mesure de la perte de chaleur par la tête est biaisée si on est en conditions normales (sans admissions de drogues). Elle sera plus élevée que 10% car on aura moins de pertes par vasoconstriction sur le reste du corps. Néanmoins cet effet reste à quantifier.
    En résumé, plus on a froid, plus il faut augmenter l'isolation au niveau du cou et de la tête pour compenser cette différence d'isolation des tissus. (ça c'est pas nouveau  ;# )

09 novembre 2012 à 17:48:43
Réponse #19

Kilbith


On a alors une isolation beaucoup plus grande des tissus par rapport au reste du corps.
 

Pas exactement, ce n'est pas seulement un problème d'isolation (certes : le crâne est peu gras)...c'est surtout un problème de perte thermique.

Sachant que plus un corps est chaud par rapport à son milieu, plus il perd de l'énergie : la peau sans vasoconstriction de la tête et du cou reste plus chaude que d’autres parties du corps : donc perd beaucoup plus de chaleur par rayonnement que les autres parties du corps par temps froid.

Je crois que le truc a été pas mal discuté par un certain Stefan... ;)

Sinon un exposé bien plus rigoureux que je ne saurais faire est disponible ici : http://hse.iut.u-bordeaux1.fr/lesbats/ErgoHG/4thermolyse.htm



« Modifié: 09 novembre 2012 à 18:02:55 par Kilbith »
"Vim vi repellere omnia jura legesque permittunt"

10 novembre 2012 à 09:07:45
Réponse #20

mrfroggy


 :ohmy:   tain quand on pose une question ici , on en a pour son pognon en retour :doubleup:
Super intéressant a lire, je vais meme le relire une deuxieme fois.
Merci Messieurs-Dames  :)
 
Les Hommes qui sont nés pour jouir véritablement de la vie font ce qui leur plaît, à l’heure où cela leur plaît, et ne perdent pas leur temps à prévoir l’avenir, à se garer de catastrophes imaginaires. (Alfred Capus)

10 novembre 2012 à 11:24:50
Réponse #21

Outdoorsman


Comme cela a été dit plus haut, il n'y a pas que la perte de chaleur par la surface de peau exposée à prendre en compte.

Lorsqu'on a froid, notre corps privilégie l'alimentation sanguine des parties centrales ET du cerveau. Pour ce faire, une vasoconstriction des zones périphériques se produit.
En général, les zones centrales sont assez bien protégées du froid (on est bien couvert au niveau du tronc). Par contre, si la tête n'est couverte, le refroidissement sera important à ce niveau et le sang va continuer à y affluer pour maintenir la thermorégulation du cerveau. Pour ce faire, la vasoconstriction des zones périphériques perdure, CQFD.

Pour moi cet adage est tout à fait valide et vérifié x fois sur le terrain.

PS : remarque un peu HS sur la perte calorifique.
On pourrait croire que plus un corps est gros, plus il y a de la surface exposée au froid, donc aux pertes calorifiques.
Ce n'est pas aussi simple que cela : cela dépend de sa forme.
Une tête peut être assimilée à une sphère.
Surface d'une sphère :4 * pi * r²
Volume d'une sphère : 4/3 * pi * r^3
Quand on augmente le rayon d'une sphère, son volume augmente plus vite que sa surface ; l'inertie créée par le volume compensera ainsi la perte liée à la surface.
On trouve ces adaptations (gigantisme) chez des espèces animales de formes globalement sphériques vivant en milieu extrême.
A contrario, sur une forme plate (type main), la surface augmente sans que son volume suive et compense les pertes calorifiques.  
« Modifié: 12 novembre 2012 à 19:44:24 par Outdoorsman »
"On a beau donner à manger au loup, toujours il regarde du coté de la forêt. " Ivan Tourgueniev
"Là où il y a une volonté, il y a un chemin" Edward Whymper
"Dégaine toi du rêve anxieux des bien-assis" Léo Ferré

11 novembre 2012 à 08:01:32
Réponse #22

leksos


:ohmy:   tain quand on pose une question ici , on en a pour son pognon en retour :doubleup:
Super intéressant a lire, je vais meme le relire une deuxieme fois.
Merci Messieurs-Dames  :)
 

J'approuve complètement ton commentaire. Ca fait plaisir de lire des gens qui s'efforcent de répondre aussi complètement que possible à une question un peu "bateau". Ca crée même une espèce d'émulation dans laquelle chacun essaie de rendre au mieux son expérience et ses connaissances.

Encore une fois, merci à toutes et à tous.

Leksos

11 novembre 2012 à 15:21:11
Réponse #23

guillaume


On pourrait croire que plus un corps est gros, plus il y a de la surface exposée au froid, donc aux pertes calorifiques.
Ce n'est pas aussi simple que cela : cela dépend de sa forme.
Une tête peut être assimilée à une sphère.
Surface d'une sphère : pi * r²
Volume d'une sphère : 1/3 * pi * r^3
Quand on augmente le rayon d'une sphère, son volume augmente plus vite que sa surface ; l'inertie créée par le volume compensera ainsi la perte liée à la surface.
On trouve ces adaptations (gigantisme) chez des espèces animales de formes globalement sphériques vivant en milieu extrême.
A contrario, sur une forme plate (type main), la surface augmente sans que son volume suive et compense les pertes calorifiques. 

Yep. Et puis on produit de la chaleur par unité de volume (masse) et on la disperse par unité de surface (peau). Du coup une sphère (petit gros ;#) a un ration volume/surface avantageux pour éviter de perdre de la chaleur par rapport à un grand rectangle (grand mince).

a+

11 novembre 2012 à 16:34:13
Réponse #24

Karto


Ca fait plaisir de lire des gens qui s'efforcent de répondre aussi complètement que possible à une question un peu "bateau".

Au contraire, tu as obtenu des réponses étoffées et attaquant la question par des angles divers, justement parce que ta question n'était ni bateau, ni bidon, ni simple.
Elle portait sur un truc fondamental. Or les fondamentaux doivent être d'aplomb et en béton armé.

Personnellement, construire ma réponse m'a permis d'obtenir une source scientifique de plus pour une information que je diffuse lors des stages CEETS et que je tiens pour essentielle. Pour ça, je te remercie.

Les question "bateau" il y en a tous les jours, et en général je n'y réponds pas, parce que le mec qui la pose peut le plus souvent y répondre tout seul.

Quand on augmente le rayon d'une sphère, son volume augmente plus vite que sa surface ; l'inertie créée par le volume compensera ainsi la perte liée à la surface.

C'est pour ça qu'on a la grosse tête !

 


Keep in mind

Bienveillance, n.f. : disposition affective d'une volonté qui vise le bien et le bonheur d'autrui. (Wikipedia).

« [...] ce qui devrait toujours nous éveiller quant à l'obligation de s'adresser à l'autre comme l'on voudrait que l'on s'adresse à nous :
avec bienveillance, curiosité et un appétit pour le dialogue et la réflexion que l'interlocuteur peut susciter. »


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