Bonsoir,
Un petit mot sur le duvet 000. Je précise que j'ai fait la connaissance du propriétaire de la marque il y a une bonne dizaine d'année et qu'à cette occasion nous avions longuement devisé....j'avais aussi eu le privilège de visiter sa vieille fabrique au centre de Revel. Depuis j'ai acheté chez lui pas mal de trucs.
Ce que je vais dire se rapporte à des faits que j'ai constaté il y a une dizaine d'année.
Au départ, c'est un plumassier (Pinel). Il s'est lancé dans la fabrique de vêtement d'alpinisme par passion et par souci de développer son affaire. Je crois me souvenir qu'il a collaboré avec Valandré à une époque. Le duvet qu'il propose est extraordinaire, il était (est peut être encore de nos jours) traité par ses soins. Il possédait une vieille trieuse en bois et j'ai pu voir l'étuvoir.
LF (Louis Ferrand, propriétaire de 000) considère que le duvet doit être traité le moins possible. Pour ce faire il sélectionne des duvets d'origine artisanale chez des petits producteurs qu'il connait (c'est un sous produit de la fabrication du foie gras) et leur fait subir un triage à l'ancienne puis un lavage "soft". Un de ses objectifs c'est de préserver le plus possible les qualités initiales du duvet.
Au départ, le duvet est hydrophobe car il est enduit d'une substance hydrophobe. Sinon les canards et les oies mourraient de froid sur l'eau des étangs en hiver (retirer cette substance est un moyen de braconner). Cette substance organique huileuse peut rancir et favoriser le développement de micro organismes....Grâce aux détergents et à la chaleur des étuves elle est retirée lors de la phase de lavage PLUS ou MOINS. Ici on retrouve le savoir-faire du plumassier : ni trop ni trop peu. LF essaye de préserver aux maximum les qualités du duvet tout en respectant les normes de salubrité.
Au final, le duvet d'oie triple zéro prend l'eau....comme les autres duvet. Mais c'est vrai qu'il est plus résistant à l'humidité issue de la transpiration qu'un duvet de canard industriel. On est dans la nuance.
Si vous renversez un verre d'eau sur un sac triple zéro, très peu d'eau franchira l'enveloppe (comme sur les autres sacs de qualité) et le peu d'eau qui passera sera insuffisante pour ruiner l'isolation du sac. En revanche si vous trempez le sac dans une flaque d'eau pendant plusieurs minutes, c'est la catastrophe. Pas de miracle, même si vous traitez le sac de couchage avec du nikwax.
De plus, j'ajoute que les gens surestimes souvent le coté "hydrophile" du duvet. Certes, le duvet prends l'eau, mais ce n'est pas non plus une éponge. Dans l'armée anglaise on utilisait des sacs de couchage garnis de duvet avec une forte proportion de plumette jusque dans les années 70....il pleut parfois en Angleterre.
Sur le terrain, le duvet absorbe sans problème pas mal de vapeur d'eau en gardant son gonflant et sèche d'ailleurs assez vite. Mais, il ne sèche pas dans un terrain extrêmement humide ou sous le mauvais temps pluvieux prolongé.
Le duvet trouve son meilleur emploi en haute montagne (froid sec et contrainte importante de poids/volume/isolation) ou par grand froid si on dispose d'un campement "chaud" (ref : livre des Connover sur le winter camping).
On peut améliorer les performances du duvet en condition difficile par l'utilisation d'une barrière pare vapeur(VBL) ou bien par l'usage d'une surisolation synthétique qui rejettera le point de condensation nocturne à l'extérieur du sac de couchage en duvet. L'usage d'un sac de couchage en duvet demande une attention soutenue, pas toujours compatible avec une situation de survie et/ou le manque de coopération affligeant du belligérant adverse.
Un test dont malheureusement je ne retrouve plus trace de 60 millions de Consommateur ou de Que choisir montrait que le duvet d'oie séchait plus vite que certain sacs garnis de synthétiques pour une quantité d'eau absorbée égale. Résultat contre intuitif.
En revanche une fois trempée, un sac de couchage en duvet est épais comme du papier cigarette, le duvet est en boule compact et c'est impossible de l'essorer. Il mettra minimum trois jours à sécher par beau temps. Tout ceux qui ont lavé un sac en duvet ont fait ce constat incontournable. Un sac en synthétique sera aussi dans un état misérable mais il est possible de presser la ouate pour faire sortir un peu d'eau et bénéficier d'une petite isolation.
Dans les deux cas, votre chaleur servira à transformer l'eau présente dans le sac en vapeur d'eau, mais le sac en synthétique par son épaisseur conservée (cela dépend de la fibre employée) permettra que l'eau à proximité du corps reste (un peu) chaude donc moins de perte de chaleur pour vous.
Pour en revenir à Triple zéro:
LF est passionné par le duvet et par son métier. S'il peut être à juste titre fier de ses produits....son enthousiasme pour la matière me semble parfois un petit peu excessif.
C'est dommage, son duvet est supérieur à tout ce que j'ai pu tester chez la concurrence. L'homme est honnête, les produits de qualité, la fabrication locale, le SAV parfait, les prix contenus. En soit c'est largement suffisant.
Rappelons que malgré ses défauts intrinsèques le duvet de qualité reste, de loin, le meilleur isolant disponible en terme de rapport poids/chaleur, durabilité, confort et compacité. Malgré les "techno démonstrations" voulant prouver le contraire depuis 15 ans (thinsulate, polargard delta, microloft, primaloft, climashield....)
did,