Salut.
Je me rappelle avoir vu ici : http://www.davidmanise.com/forum/index.php?topic=2770.0
des alpinistes ayant en couche thermique des vestes taillées de la sorte :[img width=600height=600]http://im.uniqlo.com/images/common/pc/goods/131978/item/08_131978_large.jpg[/img]
Ça m'a toujours sidéré : la large ouverture n'est-elle pas un MONSTRUEUX pont thermique ?
Et plus largement : des vêtements taillés ainsi peuvent-ils raisonnablement être utilisés comme couche thermique ?
OUI.

Tout du moins pour les vestes pleinement fonctionnelles. En fait les vestes actuelles dérivent des vestes des années 1860 quand la Cour d'Angleterre a pris l'habitude de se rendre sur les terres d'Ecosse à Balmoral pour y chasser.

Dans cette objectif et pour faire face au temps écossais, on a mis au point un vêtement révolutionnaire pour l'époque. Auparavant, quand on en avait les moyens on portait "l'habit long" qui dérivait de la redingote,c'est à dire ce qu'en français on appelle communément la "queue de pie".
Comme désormais dans la gentrys anglaise (les gens qui s'étaient enrichi grâce à la révolution industrielle et avaient donc du temps libre à passer à la campagne). Il leur fallait un vêtement chaud, solide, pratique. Ce fut la Norfolk jacket, ancêtre des vestes d'uniformes militaires et de nos vestes actuelles :

Elle était réalisée dans un tissu de laine épais (de l'ordre de 800g/m²) de type tweed ou cheviott. Sur les tissus utilisables on peut consulter :
http://www.gentlemansgazette.com/tweed-guide-harris-history-styles-patterns/Cette veste a des détails remarquables :
- poches avec du volume (forme enveloppe)
- ceinture
- "plis golf" dans le dos pour l'aisance. Les vêtements de l'époque étant réalisés par des tailleurs, ils étaient très ajustés (gain de poids, d'isolation et économie sur le tissu qui était plus cher que la MO).
- manche de tir (soufflet sous le bras)
- report en gros tissu en forme de bretelle pour soulager le poids de poches remplis de munition.
- A une époque ou les zips n'existaient pas, il fallait pouvoir aérer ces vestes. C'est réalisé par un col pouvant largement s'ouvrir. Mais aussi se refermer par la présence d'une patte boutonnée au niveau du col.
- Il y avait aussi des boutons au niveau des manches afin de pouvoir les retrousser par temps chaud et surtout pour vider le gibier sans se salir.
Par la suite le vêtement a évolué vers ce que les anglo saxons appellent une "sport jacket", et nous simplement une veste. A gauche un modèle 1900 de "norfolk" avec une "sport jacket".

La sport jacket est donc une évolution car il s'agit surtout de pratiquer la chasse pour la plume et dans les régions plus chaudes que l'Ecosse. :
- absence des plis golfs, entretemps on avait préféré doubler la veste d'un tissu soyeux permettant de glisser facilement sur les épaules (actuellement soie synthétique : rayonne).
- poches plus petites (au départ il s'agissait de rentrer les poches enveloppes dans la veste a fin de moins les accrocher. La veste de combat M65 a eu la même évolution).
- Perte de la ceinture et des bretelles.
...
sur cette veste de tir, on distingue les boutons au dessus du niveau des poches pour puiser plus facilement dans les munitions. Mais ça c'est pour les "pauvres" qui chassaient seuls, normalement un chargeur était présent pour réapprovisionner les doublettes utilisées pour le perdreau.

Les vestes actuelles, sont des versions simplifiées. Mais dérivent de ces vestes de sport. Elles ont gardées des "vestiges" des vestes d'antan.

Si on regarde bien ton exemple :
- il reste un ersatz de boutonnière au niveau du col. Il servait à fermer le col de la veste.
- seulement deux boutons
- les boutonnières au niveau des manches sont inutilisables.
- tissu très fin.
En fait les vêtements d'expédition pour l’Himalaya étaient à la pointe de la technique de l'époque. C'est juste qu'il faut avoir conscience de plusieurs facteurs :
- D'abord la marche d'approche durait plusieurs semaines/mois. On devait traverser à pied tout le Népal. Les zones traversées avaient des climats très différents. Il fallait des vêtements solides et polyvalents.
- Les photos sont faites par beau temps (à l'époque on devait avoir du soleil pour prendre des photos).
- les photos sont prises au camp de base. De nos jours, les alpinistes au camp de base ne portent pas les vêtements d'altitudes (combi en duvet). Ils sont en petite doudoune ou polaire et goretex le plus souvent.
sur la photo ci-dessous de 1921. On distingue clairement que les vestes étaient adaptées des vestes décrites ci-dessus.

C'est dans les années 1930 que les choses vont vraiment évoluer.
L'innovation est venue des expéditions arctiques et des avancées techniques. De longues études "scientifiques" avaient démontrées qu'il était préférable de dissocier la couche chaude de la couche coupe vent. On avait aussi découvert l’intérêt de la capuche (Nansen). La mise au point de tissus de conton coupe vent et résistant à l'eau (Grenfell) avait permis de se passer de la laine (gabardine burberry's). Plus d'effet coupe vent que la laine et désormais une résistance à l'eau équivalente. Comme le coton protégeait la laine, on pouvait troquer le tissu de laine par du tricot de laine plus isaolant mais plus fragile que le tissu à poids égal.
Donc : oui on peut utiliser une veste en tweed comme isolant. Mais il faut que ce soit une "vraie" veste pleinement fonctionnelle. Et il faut comprendre son mode d'emploi et ses limites.
