Édition du 17/12/2023 - 14:07.
Weblog "bullshit-free" garanti sans bisphénols, fait à la main avec amour et légèreté. |
Weblog.(Reposts de mes diverses publications les plus significatives, en vrac. Si j'en loupe une, n'hésitez pas à me le dire : raler@davidmanise.com -- merci !) 4 décembre 2023 Confluctualité floue(repost de David's news) Une prison mentale, c’est mal...Depuis le début de l’humanité, les gens qui arrivent à mettre à jour leurs modèles mentaux plus rapidement que les autres ont un temps d’avance dans l’élaboration de solutions indispensables pour faire face aux changements d’époque. Et aujourd’hui, une telle mise à jour devient, à mon sens, extrêmement urgente. Contexte. En 1648, les traités de Westphalie mettaient fin à la Guerre de Trente Ans (et à celle de 80, aussi). Ces traités ont de facto posé les bases des relations internationales actuelles. Ce modèle mental structure la pensée politique, militaire et stratégique encore aujourd’hui, en Occident. Et il crée des taches aveugles énormes dans notre analyse des conflits. Ces angles morts, ces “impensés” nous empêchent de nous adapter aux nouvelles formes de conflictualité. Et évidemment nous interdisent d’y prendre l’ascendant. Comme un boxeur très talentueux qui respecterait les règles, alors que son adversaire a du gel irritant sur ses gants, soudoyé l’arbitre, les juges et notre propre coach, et drogué notre gourde aux neurotoxiques, nous sommes en train de perdre face à des adversaires souvent médiocres, mais plus rusés. Plus fourbes. Avant même d’avoir commencé le combat, nous l’avons déjà perdu. Sauf si nous comprenons rapidement le stratagème et acceptons la triste réalité des choses pour pouvoir nous y adapter. (Il n’est pas trop tard. Mais nous avons, je pense, 50 ans de retard.) C’est la guerre, ou pas ?Clausewitz, on ne peut pas le nier, a eu un apport extrêmement significatif dans la pensée stratégique européenne. Sa pensée a été si limpide et si utilisable, dans le cadre de conflits symétriques entre puissances nationales (dans un cadre purement Westphalien, donc) qu’il a longtemps été difficile de s’en extraire. Pourquoi remettre en question un modèle qui fonctionne aussi bien ? Spoiler : parce que ce modèle ne fonctionne plus aujourd’hui. Pour Clausewitz, “la guerre est le prolongement de la politique par d’autres moyens”. Cette phrase était fort probablement très juste. Et elle est encore enseignée — classique parmi les classiques — dans pratiquement tous les cours de stratégie de toutes les écoles militaires d’Occident. Et pose un cadre autour de la pensée des officiers français et occidentaux depuis le 18e siècle. Or, cette phrase pose un problème majeur : d'abord, elle ne définit ni le début ni la fin du concept de “politique”. Et elle circonscrit le mot “guerre” au conflit militaire classique, sur un champ de bataille avec des armées qui s’affrontent. En cela, elle néglige tout ce qui fait partie du système plus large de concurrence, d’influence, de nuisance et de tout le reste. Sun Tzu, de son côté, posait déjà il y a 2500 ans les bases d’un type de conflit beaucoup plus holistique, et embrassant davantage la complexité. Son traité sur l’art de la guerre commence par ailleurs par poser des objectifs très clairs pour le général, en rapport avec l’empereur et le peuple : un bon général fait une guerre rapide et peu coûteuse pour éviter de peser trop lourd sur le peuple et sur les forces vives de l’Empire. Et, pour éviter de faire de la guerre une fin en soi, Sun Tzu définit avec brio ce qui constitue la victoire, sur le plan stratégique : amener l’adversaire à adhérer à nos objectifs. (Vous admettrez que cela implique que nous ayons des objectifs…) Pour arriver à cela, il démontre bien que le conflit militaire est probablement l’une des plus mauvaises solutions : c’est coûteux, incertain et difficile. Et la guerre affaiblit, par définition, tout pays qui s’y livre. Pour ces raisons et plein d’autres, il vaut toujours mieux l‘éviter. Et si on doit y aller, alors il faut y aller en s’assurant d’avoir une position la plus avantageuse possible. Et pour obtenir celle-ci, tous les moyens sont bons. A notre époque, le modèle de Sun Tzu me semble beaucoup plus utilisable que celui de Clausewitz : ère de l’information, de la désinformation, du numérique et des querelles partisanes. Clausewitz détestait ce qu’il nommait “le brouillard de la guerre”. Sun Tzu expliquait comment fabriquer ce brouillard et s’y dissimuler. Clausewitz vouait un culte à l’action décisive : ce choc tactique massif pour faire plier la volonté de l’ennemi. Sun Tzu expliquait toutes les manières d’éviter le choc direct et massif en privilégiant une approche indirecte où par ruse, tromperie et une bonne perception de soi-même et de l’ennemi l'on peut au contraire appliquer une force minimale au point le plus faible des dispositifs ennemis, et au moment le plus opportun, pour obtenir un effet maximal. Clausewitz parlait d’efficacité et d’honneur, de chocs entre les masses. Sun Tzu parlait d’efficience et de ruse. Et il posait les principes, déjà il y a 2500 ans, de ce que l'on nomme aujourd’hui la guerre asymétrique… tout en faisant tout pour avoir en même temps les moyens d’une guerre symétrique. Ceinture et bretelles. Dominer autant par la masse, le professionnalisme, la stratégie, la logistique… que par la ruse, l’opportunisme, la roublardise. Le monde et la conflictualité modernes donnent plutôt raison au modèle de Sun Tzu. Depuis les années 70, les défaites tactiques se transforment en propagande, ruse et victoires médiatiques. Et ces victoires tactiques sont toujours utilisées pour ternir l’image des vainqueurs, attiser les foudres de l’opinion publique et décourager l’effort militaire. Pire : les victoires tactiques ne veulent plus dire grand chose. La preuve en est avec les victoires répétées des coalitions en Irak et en Afghanistan : 20 ans de guerre pour finalement obtenir… un recul stratégique important. Quelques questions en vrac, pour amorcer la réflexion :
Notre vision de ce qu’est la politique — en rapport avec les conflits militaires — est extrêmement étroite et idéalisée. Evidemment, quand Clausewitz nous dit que la guerre est le prolongement de la politique par d’autres moyens, il nous parle de la nécessaire subordination de l’appareil militaire au pouvoir politique (monopole de la violence légitime, en somme). Et je ne remets pas cela en question (et Sun Tzu non plus, d’ailleurs). Simplement, je pense qu’il faut ici ouvrir un peu les volets de la perception. Certains acteurs et décideurs stratégiques arrivent aujourd’hui à voir que certaines actions (pourtant très offensives) de la part de pays concurrents sont des actes qui peuvent et doivent être compris dans le registre du conflit. Mais ils sont peu trop peu nombreux. Où commence la concurrence ? Où commence le conflit ? Où s’arrête la guerre ? Certes, on parle volontiers de guerre hybride, mais nous restons enfermés dans des notions trop claires, trop liées à l’intentionnalité et à la légalité, alors que le propre de ce genre de jeu à la Sun Tzu réside dans le fait que nous aurons perdu avant même d’avoir compris qu’il y avait un enjeu. Et que l'on ne pourra jamais vraiment démontrer d’intentionnalité, ni clairement définir un adversaire ou des accords. Et encore moins ses objectifs réels. Bref, nos mécanismes légalistes et nos règles d’engagement sont tels que nos adversaires s’engouffrent dans des vides juridiques et stratégiques, et des zones où nos processus de prise de décision formalistes sont incompétents. Je vais être méchant : notre vision du conflit stratégique (et de facto du conflit militaire) est totalement périmée. Pour nous, le conflit commence à partir d’un seuil très explicite d’engagement armé, ou d’atteinte à l’intégrité territoriale. Et nos adversaires en tiennent clairement compte. En revanche rien n’est pensé pour intégrer à la notion de conflit :
Et nous nous faisons littéralement saper nos fondations à TOUS ces niveaux. Bref, il y a du poison dans notre gourde, et nous sommes déjà fortement affaiblis avant même d’être montés sur le ring. A l’échelle nationale, nos politiques sont bien trop occupés à faire le marketing de leur image en vue de leur réélection (et à gérer les crises, scandales, conflits sociaux et autres urgences) pour pouvoir élaborer une pensée stratégique ou des objectifs à long terme. La guerre de clans — possiblement attisée par l’ingérence étrangère au sein même des partis — que représente désormais les vies politique et parlementaire dans nos pays ne laisse évidemment plus place, depuis longtemps, à la moindre concertation sur des objectifs nationaux d’envergure. Nous en sommes politiquement réduits à voir nos élus se bagarrer comme des chiffonniers et à s’accuser mutuellement de tout et de n’importe quoi. Le débat parlementaire ressemble à une dispute de cour de récréation. C’est pitoyable. Sun Tzu disait “celui qui n’a pas d’objectifs ne risque pas de les atteindre”. Et nous en faisons évidemment les frais aujourd’hui : faute d’une vision claire de ce que nous voulons en tant que nation, nous ne percevons même pas l’ampleur et la gravité des actions belliqueuses menées par les pays concurrents à notre encontre. Actions menées notamment par la Chine et la Russie, mais pas que… Ces actions sont toutes situées sous le seuil de notre perception de la conflictualité. Comme un bateau sans destination, tous les vents nous conviennent… Et nous nous laissons balloter, grignoter, saper et vider de notre substance depuis des décennies. Non seulement nous perdons du terrain, des ressources, des alliances et des points sur l’échiquier diplomatique, mais nous perdons en plus la guerre des narratifs. Tellement occupés à gérer nos dissensions internes, nous laissons le terrain libre aux récits mensongers et à la désinformation pure, dans le champ de bataille informationnel. Faute de mieux, les gens adhèrent chacun à un narratif clivant de plus, semant la zizanie un peu plus loin. Aujourd'hui, la guerre n’a plus lieu sur des champs de bataille. Et l’approche courtoise des conflits entre gentilshommes européens n’engage que nous, et — n’en déplaisent à tous ceux et celles qui ont fait des études prestigieuses — nos adversaires ne s’encombrent pas de cadres théoriques, d’interdits de penser ou de “ça ne se fait pas”. D’ailleurs, les conflits dits “asymétriques” le sont sans doute par la disparité de moyens militaires à disposition, mais également et tout autant dans la disparité de la liberté de pensée et d’action. Nous sommes d’excellents boxeurs. Si tout le monde respecte les règles, nous sommes invincibles. Et c’est bien pour ça que personne, en face, n’est assez stupide pour jouer à ce jeu là avec nous. L’Etat-Nation démocratique est-il mort ? Toutes ces considérations bien pessimistes appellent une question un peu brutale, évidemment. L’Etat-Nation démocratique est-il dépassé ? Je ne le pense pas. Pas encore. Mais, il est clairement désavantagé par la faculté qu’il laisse à ses citoyens de communiquer et de penser librement : cela permet aux campagnes de désinformation de circuler et de trouver des échos favorables auprès de certaines personnes vulnérables ou mécontentes. Les narratifs alternatifs et les intox n’ont que peu de prise en Russie et encore moins en Chine, l’information y étant contrôlée. Le narratif officiel occupe tout l’espace mental et médiatique. Et, d'évidence, ces pays ont des objectifs clairs. Des objectifs à long terme, peu importe que nous les considérions comme honorables ou non. Quelques états nationaux sont encore relativement solides dans le monde. Peut-être 30 ou 40. Pourtant, la plupart des autres pays sont — au mieux — des états de façade qui n'étant reconnus que par les Nations-Unies… et peu, ou pas, par les gens y habitant. Sans parler des groupes armés, milices, organisations terroristes ou cartels qui y agissent plus ou moins librement. Que penser, aussi, des pays créés de toutes pièces par les puissances coloniales qui se sont partagé de grosses tranches de ce que l'on nomme aujourd’hui “tiers monde”, en tranchant sans aucune considération à travers les groupes ethniques qui y résident, et rassemblant des groupes ethniques adverses au sein d’entités nationales ? De nos jours, l’ethnicité et la notion de groupe ethnique sont l’un des autres gros tabous de la pensée en Europe. Pourtant, celles-ci font encore couler énormément de sang dans le monde, depuis la seconde guerre mondiale. Si pour nous, occidentaux, l’ethnicité n’est pas souvent un facteur d’animosité ou un casus belli, le fait est que nous sommes probablement un peu les seuls dans ce cas. Les conflits ethniques ou religieux demeurent — selon la conception Westphalienne — des conflits, et ne sont donc pas des guerres. Pourtant, ils provoquent souvent plus de morts que celles-ci qui en portent officiellement le nom et induisent des conséquences politiques, économiques et géopolitiques considérables ! C’est tellement flou qu’il arrive qu' une partie des belligérants se considère en état de guerre — autrement dit dans un conflit qui correspond à la définition légale de la guerre et a donc l’aval des instances politiques aptes à en décider — alors que pour le ou les camps adverses, il s’agit d’un conflit religieux impliquant des groupes privés (parfois partiellement financés par des nations comme l’Iran ou l’Arabie Saoudite). Encore récemment, c’était notamment le cas en Afghanistan et en Irak : une coalition militaire internationale est intervenue militairement, dans un cadre légal précis, pour faire la guerre à… des groupes religieux. Maintenant que penser des 800 000 morts du génocide Rwandais ? Etait-ce une guerre ? Et que dire des millions de morts au Congo ? Est-ce que c’est la guerre ? La guerre civile ? Des conflits pour l’accès aux ressources ? Un peu tout ça ? Et le Liban ? C’est bien un pays, mais lorsqu' Israël se bat au Liban, ce n’est pas contre l’armée libanaise. C’est contre le Hezbollah qui — dans les faits — contrôle pratiquement tout le sud du Liban. Comment gère-t-on les légalités de tout cela ? Maintenant, allons un peu plus loin : que penser des 100 000 morts par overdose de Fentanyl, chaque année, depuis plus de 10 ans, aux USA ? Ce Fentanyl vendu par les cartels mexicains, importés à dos de migrants clandestins… Est-ce une guerre ? A priori, il s’agit de trafic de stupéfiants, et donc d’un problème douanier ou policier. Soit. Maintenant, si on ajoute à la réflexion le fait que des Chinois fournissent conseils, produits et soutiens logistiques aux cartels Mexicains, notamment pour la production et l’exportation de Fentanyl ? Que pendant le COVID, les difficultés d’approvisionnements étant ce qu’elles étaient, des ingénieurs Chinois se seraient ( je cite Ed Calderone qui me semble être plutôt bien renseigné sur le sujet) rendus au Mexique pour enseigner aux Cartels à fabriquer eux-mêmes leurs usines à précurseurs ? Sachant cela, se rapproche-t'on du seuil de la conflictualité ? Que penser des cartels eux-mêmes ? De nos jours, le cartel de Sinaloa produit un chiffre d’affaire comparable au PIB de beaucoup de pays (il serait 89e mondial selon mes estimations grossières). Les cartels, entre eux, se livrent une guerre sans merci. Des centaines de milliers de morts sont à déplorer : pour la plupart, des membres de cartels, mais les “dommages collatéraux” civils sont nombreux. Le gouvernement mexicain, massivement corrompu depuis pratiquement toujours, et les forces de l’ordre mexicaines (tout aussi corrompues) ont petit à petit perdu le contrôle de régions entières. Pire, dans certains secteurs c’est l’armée elle-même qui collecte les taxes pour le compte des cartels ! Où donc commence le conflit stratégique dans ce genre de contexte ? Peut-on affirmer qu’il s’agit d’un simple problème policier ? La troisième guerre mondiale sera une guerre civile internationale polymorphe aux contours flous. Elle sera fort probablement dans la droite ligne de ce que nous connaissons déjà en termes de troubles sociaux divers. En pire. En réalité, je pense qu’elle a déjà commencé. Elle n’aura pas de début franc et clair, en tout cas. Elle ne viendra pas d’un ennemi identifié. Elle ne sera pas le fait d’un seul acteur ou d’un seul évènement. Tout sera flou. Et pour cause : nous n’avons pas les moyens cognitifs, logiques, et encore moins légaux ou politiques pour nous protéger de ce genre de menaces hétéroclites, polymorphes, élusives et ubiquitaires. Nous ne savons pas à qui confier cette vaste opération d’influence et d’ingérence qui occupe les interstices, profite des angles morts, et crée des ennemis à l’intérieur même de nos pays. Et de fait, ça en fait l’arme idéale à opposer à nos démocraties et à nos armées puissantes, mais paralysées par des modèles mentaux obsolètes et des procédures normées, formelles et rigides. Pire, cette guerre sera probablement menée de front et en parallèle par différents acteurs ne se connaissant même pas entre eux. Elle sera faite par des gens qui auront tous l’impression de militer pour leur propre cause, mais qui seront de facto tous les proxies d’une ou plusieurs puissances alliées, sans entente formelle, sans connivence explicite. Une collusion auto-organisée. Une organisation fonctionnelle internationale qui n’existe pas. La troisième guerre mondiale sera en bonne partie financée par des trafics en tous genres. Elle sera low tech par endroits, symétrique ailleurs, high tech encore autre part. Elle sera tout, mais ne sera pas lisible. Que pouvons-nous faire ? Face à une telle complexité, il peut être difficile de retrouver du sens et de l’espoir. Certains sont tentés par la plus grande liberté d’action que représente l’abandon du droit et des libertés fondamentales. Mais ce serait une grave erreur en donnant ainsi raison aux narratifs incendiaires que nos adversaires nous opposent. Un principe simple (mais guère aisé) permet de contrer d’un seul coup toutes les actions perverses : avoir des objectifs clairs et partagés par assez de citoyens. Et nous y tenir sur un temps long. Pour cela, je pense qu’il faudrait :
Bref, sortir de la crise par le chemin du haut. Restez pipou ;) David -- [ mail • X • fb • insta • threads ] L'acceptation radicale.Il y a ce qu'on peut changer. On peut (doit ?) essayer de le changer. Et pour tout le reste, essayer forcer les choses revient à gaspiller son énergie d'une manière désagréable. Ca revient à transformer la douleur en souffrance, aussi. Et c'est là que l'acceptation prend tout son sens. Accepter rapidement la réalité telle qu'elle est, comprendre comment (et non pas pourquoi) elle est survenue, pour en tirer les enseignements, et apprendre. L'acceptation radicale, c'est exactement ça. Ne pas résister à l'évidence. Accepter. Ne pas chouiner. Ne pas se lamenter. Ne pas trouver la vie injuste, comme Caliméro. Ne pas perdre de temps à s'accrocher à son illusion de pouvoir y faire quelque chose. Accepter, comprendre, grandir, et passer à autre chose. Et de facto faire le deuil de la réalité d'avant pour embrasser vite et bien la réalité d'après. Pourquoi "radicale" ? Parce que ce genre d'acceptation est radicale, au sens premier du terme. Elle transcende nos instincts de survie les plus fondamentaux. Elle est placée au-dessus de la vie, en tant que valeur. On accepte la mort. On accepte que des choses qu'on pensait jusque là inacceptables existent. Et en allant jusque là on peut survivre psychiquement à des choses qui anéantissent l'esprit de la plupart des gens. Parfois durablement. Attention, je ne dis pas qu'il faille pour autant se laisser faire. Accepter docilement la fatalité si on y peut quelque chose. La question est encore et toujours de trier finement, de distinger clairement ce qui nous appartient, et ce qui ne nous appartient pas. Tout le temps passé à refuser d'accepter ce sur quoi nous n'avons pas prise est un temps de souffrance, de toute manière. Et une fois qu'on accepte, il reste la douleur, mais plus de souffrance. Et c'est largement moins pire. Et oui, c'est extrêmement difficile. Mais personne n'a jamais dit que ça allait être facile. Et la vie est injuste, de toute manière. C'est comme ça. J'ai piqué le concept d'acceptation radicale à Tara Brach (lien Amazon, mais ne vous privez pas pour acheter le livre ailleurs hein ?). David -- [ mail • fb • insta • RSS feed ] Puissiez-vous vivre une époque intéressante...La vieille malédiction chinoise a encore frappé. Dans mon article de mai dernier, je faisais une petite prospective de la suite à attendre en termes de COVID et de confinements. J'avais un peu noirci le tableau, n'ayant pas anticipé l'apparente diminution de la mortalité des nouvelles souches de virus... mais je n'étais pas totalement à côté de la plaque, malheureusement : on s'oriente, après le couvre-feu annoncé par le préseident Macron, hier, vers une sorte de semi-confinement un peu bâtard, et assez difficile à comprendre pour la population. Et le climat économique, politique et social ne me semble pas aller en s'améliorant. Voyant passer beaucoup de stagiaires, et écoutant un peu leurs récits du confinement, et de comment ils observent l'évolution des choses un peu partout, il me semble assez évident que la confiance diminue et que la tension monte, un peu partout, et pas seulement dans les cités : commerçants, artisans, forces de l'ordre, soignants... beaucoup de gens sont de plus en plus désabusés et se sentent prisonniers de situations de plus en plus difficiles à faire tenir. Mon but n'est pas ici de faire le procès de Macron (plein de gens sont largement plus compétents et motivés que moi pour faire ça), mais simplement de faire le constat que la situation se dégrade, et que les gens, malgré la difficulté, tiennent quand-même étonnamment bien le coup. En revanche, il m'apparaît également très clair que la tension monte un peu partout. Et ayant en moyenne 4996 amis sur Facebook, je vois clairement l'ambiance se dégrader dans les commentaires, et la défiance envers l'état augmenter. La moindre décision, la moindre prise de position est violemment critiquée. Les théories complotistes se décomplexent largement. Et de plus en plus de gens lambda commencent à pencher largement vers un ras le bol relativement peu structuré et très polymorphe. Les Français me semblent avoir un peu perdu le foi. Encore une fois, c'est l'incertitude qui stresse le plus les gens. Et l'incompréhension face aux différentes décisions politiques n'aide pas vraiment les choses. Le couvre-feu annoncé fait semble-t-il l'unanimité : les gens ne comprennent pas la logique qui se trouve derrière cette décision. Face à cette incertitude, et à cette incompréhension, les gens inventent des explications -- parfois cohérentes, parfois farfelues. Beaucoup de gens me demandent comment je vois la suite, du coup. La vérité est que je ne sais pas exactement quelle forme ça prendra. Beaucoup d'inconnues demeurent, et face à ce genre de brouillard (les anglais disent "fog of war"), et face à des sceaux entiers d'invertitude, les vieux principes demeurent : prophylaxie (se laver les mains, porter son masque, éviter les échanges de fluides), low tech, circuits courts, coopération entre proches et moins proches, autonomie solidaire, et last but not least : gestion du stress. Pour le reste, je pense que les prochains mois feront le tri entre ceux qui savent réellement s'adapter au changement (voire qui savent en profiter) et les autres. Le changement et les crises sont toujours aussi des moments où l'incertitude côtoie les opportunités. Et ce sont dans ces moments que les humains se révèlent. C'est au pied du mur qu'on reconnaît le maçon, comme on dit. Et c'est facile d'être capitaine d'un bateau quand le ciel est bleu, que la mer est calme, et que tout le monde sait où on va. Maintenant, je pense que des temps plus difficiles sont là. Est-ce qu'on va se serrer les coudes, être forts ensemble, s'adapter et grandir ? Ou est-ce qu'on va préférer chouiner et faire porter les torts au chef, et le décapiter en attendant le prochain de pied ferme ? Je pense que l'époque est propice à une saine remise en question individuelle et collective. Et ceux qui sont déjà en train de créer et de porter des solutions saines et intelligentes pour l'avenir sont là. Au pied du mur, en train de bosser. Peu importe ce qui nous arrive, ce qui est déterminant c'est :
Vous vouliez des défis ? C'est maintenant. C'est le moment de se sortir les pouces du cul, comme le disait si bien ma mère, paix à son âme. David -- [ mail • fb • insta • RSS feed ] Quelques nouvelles pour la rentrée 2020Wouaouw ! Quelle rentrée. Un petit point des différents projets en cours et en phase finale, et les orientations pour la fin 2020 et 2021, pour ceux qui s'intéressent à mes délires, stages, formations sur le feu et autres. Les bouquins rendus et bientôt à rendre. Alors on a terminé "Instinct", avec Fabien Leblond. Un super bouquin de préparation physique sur base de "comment fonctionne le chasseur-cueilleur qui sommeille en nous". Fabien est l'auteur principal de ce livre, et il a fait un superbe boulot de recherche et d'analyse, qui permet de repartir du connu, en ce qui concerne nos capacités physiques et nos besoins réels (nourriture, mouvement, etc.). Dispo en pré-commande, sortie le 13 octobre ! Sinon, je suis en train de compiler les retours des bêta-testeurs (et testeuses) de mon bouquin (en collaboration avec Robin Cottel, moniteur au CEETS, accompagnateur en montagne et instructeur StrongFirst SFG1) de préparation physique générale. L'objectif de ce livre est de créer une "anti-méthode" de préparation physique pour la survie, qui permette de développer ou de maintenir sa condition physique (force, capacité aérobie, mobilité, etc.) et de pouvoir fonctionner en mode dégradé (faim, stress, froid, manque de sommeil, etc.). Plutôt que de chercher une condition physique maximale à un instant T, cette "méthode" est là pour nous permettre de nous entretenir tous les jours, et d'en garder suffisamment sous le pied pour les urgences du quotidien. Le titre provisoire que j'ai retenu est "Quick and dirty, une antiméthode de préparation physique pour la vie et la survie. A suivre prochainement, ma deadline est le 30 septembre pour la remise du manuscrit chez Amphora ! On a fait plein de belles photos avec Aurélie Lamour, photographe à Saou, et j'en ai rajouté quelques-unes de mon côté. Robin est en ce moment même en train de rédiger le descriptif étape par étape des mouvements de kettlebells... bref ça va être grandiose, d'autant que les retours des bêta-testeurs sont unanimes. Non seulement ça marche, mais ça marche bien et avec peu d'efforts. A suivre ! Création du cercle de survivologie. Suite au décès du jeune Ulysse, en août dernier, dans le Morbihan, nous avons accéléré la création d'un cercle de réflexion sur la survie (en tant que discipline d'utilité publique), avec 5 acteurs majeurs et historiques de la survie en France : Yann Chauty, Philippe Charles, Erwann Héry, Denis Tribaudeau et moi-même. Notre but à l'heure actuelle n'est pas de créer une fédération ou un organe de régulation, mais bien de réfléchir sur nos pratiques et de faire de la recherche scientifique sur ce sujet, tout en mettant en avant un code de déontologie qui soit issu de nos quelques 89 ans de pratique de terrain cumulées. Ca fait grincer les dents de certains, évidemment. Plusieurs s'offusquent de ne pas avoir été invités. Soit. Nous allons malgré tout accueillir sous peu quelques autres instructeurs qui partagent une même vision de l'éthique et de la discipline, et probablement aussi quelque spécialistes de disciplines connexes (à suivre aussi !). Pour le reste, avec Aurélie nous peaufinons notre planning déjà bien chargé jusque 2021. Dans les tuyaux, j'ai :
Voilà. Je pense que c'est tout. David -- [ mail • fb • insta • RSS feed ] Quelques news et updatesQuelques news en vrac et updates : prospective virus, activités, projets, et tout ça. Alors d'abord, concernant le COVID-19 : comme souvent, en prospective, il semble que je me sois planté. Les courbes de contamination semblent étonamment redescendre. Une info manquait dans mon analyse, et c'est le fait que -- semble-t-il -- entre 40 et 60% de la population est déjà immunisée contre le coronavirus actuel par une immunité croisée avec d'autres coronavirus (qui sont relativement fréquents, et circulent souvent, causant des petits rhumes ou de petites diarrhées / gastros, etc.). Du coup, affaire à suivre. Possible qu'on s'en sorte finalement mieux que je ne le craignais, et pour le coup je serai le premier à être content de m'être trompé ! Sinon pour les news : on a signé, Robin Cottel et moi, le contrat d'édition avec Amphora pour le bouquin de préparation physique "4x4". C'est parti, et ça devrait paraître début 2021. Trop hâte. De nombreux bêta testeurs sont sur le coup et vont me faire des feedbacks sur les principes de travail et l'approche. Rendu final fin septembre ! C'est génial :) Pour le reste, les inscriptions en stage se multiplient depuis la levée du confinement et la levée de la limite des regroupements à 10. On va évidemment faire ultra-gaffe en stage à éviter l'échange des fluides. En survie avec le CEETS comme pour les stages 3volution, ça reste assez simple de gérer la prophylaxie, avec un peu de bons sens et des distances de sécurité correctes en extérieur. Je vous remercie d'avance, tous, pour votre patience pour les délais de traitement de vos dossiers d'inscription pour mes stages 5% et les stages 3volution. On croule un peu sous les réorganisations. Mais on pense à vous, promis. Love yourselves and watch. David -- [ mail • fb • insta • RSS feed ] Self-défense, arts martiaux, sports de combats... quelles différences ?La semaine dernière, j'ai posté une pétition qui réclame la reconnaissance du MMA en tant que sport, en France. Et comme souvent quand il est question de ce genre de pratiques, j'ai soulevé un tollé. Je me suis ensuite fait incendier par MP par plusieurs personnes, qui au final m'ont trouvé assez peu accueillant. Et donc, j'ai envie de faire une petite mise au point sur le sujet : sport de combat, art martial, self-défense, système de combat militaire ? On va parler un peu des distinctions et des ressemblances entre tout ça. Alors avant de soulever un second tollé et de me retrouver avec tous les guerriers de bacs à sable et les apprentis spetz-nases au cul, quelques précisions :
Alors déjà, pourquoi ai-je osé dire que le MMA est un sport de combat ? Simple. Au MMA, il y a des règles. Ces règles sont là pour préserver la santé et la carrière des athlètes qui participent aux combats de MMA. Ils le font d'ailleurs librement, avec une assurance, des contrats, etc. Il s'agit d'un cadre combatif parfois brutal, certes, et qui développe des qualités martiales évidentes, certes, mais il s'agit bien de chercher à se mesurer à un adversaire de niveau comparable, et de classer les qualités athlétiques et combatives de chacun à l'intérieur d'un cadre strict. Si on regarde le règlement des fédérations diverses de MMA et autres sports de combat du genre, on verra une liste de choses interdites. Ces choses interdites le sont parce qu'elles sont à la fois trop dangereuses, et qu'elles permettent justement de sortir du cadre de confrontation des qualités athlétiques et personnelles des combattants. Par exemple, d'enfoncer son doigt dans l'oeil de son adversaire ne demande pas énormément de travail en amont, ni une condition physique de haut niveau. En revanche, ça fonctionne souvent très bien pour incapaciter temporairement un agresseur. Et donc, en gros, quand j'enseigne (et ça m'arrive de plus en plus rarement) la self-défense, j'enseigne essentiellement aux gens la liste des trucs qui sont interdits au MMA : doigts dans les yeux, morsures, frappes génitales, utilisation d'armes improvisées, etc. Est-ce que le MMA est un art martial ? Pas selon ma définition à moi. Plein de gens ne seront pas d'accord avec moi, et certains pourront fort justement rétorquer que "mixed martial arts" ça veut bien dire "arts martiaux mélangés". Soit. Mais la discipline, même si elle se base sur tout un tas de techniques issues des arts martiaux, reste selon moi un sport de par le simple fait qu'il existe des compétitions, et des règles, etc. La boxe, de même, est un sport de combat et pas un art martial, selon moi. Qu'est-ce qu'un art martial, alors, si le simple fait qu'il existe des compétitions et des règles suffit à faire d'une discipline un sport de combat ? Vous aurez totalement le droit de ne pas être d'accord avec moi, comme toujours, mais mon opinion (qui n'engage que moi) est la suivante : un art martial est une pratique d'entraînement martial qui a lieu "en temps de paix", autrement dit sans une recherche d'efficacité tactique ou sportive. Les arts martiaux, de fait, sont une pratique assez étrange, que j'ai pratiqué longtemps et que je pratique encore, dans le but de développer des qualités humaines, voire spirituelles. La présence, l'attention, le ressenti corporel. L'humilité. La contemplation. Les arts martiaux, pour moi, sont littéralement de la méditation en mouvement, et ils ont pour effet -- en tout cas pour moi -- d'apaiser mes tensions intérieures, de me reconnecter à moi-même, et de me mettre dans des états de conscience favorables à l'introspection, à la connaissance de soi, à la créativité, etc. De fait, on peut pratiquer le karaté, par exemple, et en faire un sport de combat (et je ne juge pas, j'ai fait des tas de compétitions de karaté, à une époque). Et on peut pratiquer le karaté de manière à en faire un art martial. On peut même pratiquer le karaté de manière à en faire un système de self-défense efficace, voire de combat militaire. Pourquoi pas. La différence ne se situe pas tellement dans la discipline, au final, mais bien dans la manière dont on l'appréhende, et la posture intérieure dans laquelle on se place, pour cette pratique. Cette posture influencera évidememment notre pratique, et la forme qu'elle prendra. A titre d'exemple, mon approche du karaté est à la fois extrêmement pragmatique et très "jutsu", et comme je vis en tant de paix (pour le moment), elle me sert essentiellement à méditer en bougeant. Je travaille sur mon égo en m'entraînant à casser des gens, quoi. J'aime bien réconcilier ce que plein de gens appellent des paradoxes, oui. Quid des systèmes de combat militaires ? Simple. Un système de combat militaire est fait pour être simple, rapide à intégrer, brutalement efficace, et intégrable dans le reste de la doctrine. Ce genre de système de combat va inclure des techniques à mains nues, mais aussi au couteau, des frappes avec les armes de dotation, et sera travaillé idéalement à très haute intensité (pour simuler le stress intense du combat), avec tous équipements que devra porter le fantassin le jour J : casque, porte-plaques, sac, etc. Un excellentissime exemple de ce genre de système est le C4, créé au CNEC essentiellement par "Nono" et d'abord diffusé en petit comité avant d'être adpopté par l'EMA. Toutes les armées du monde ont leur système, et certaines unités plus spéciales ou confidentielles ont leur préférences et leurs système "maison", qui évoluent sans arrêt. A titre d'exemple le systema qui -- selon la légende -- est issu des forces spéciales Russes. On y retrouve des principes très proches du ninjutsu et du bujutsu, mais aussi plein de choses empruntées aux recherches des scientifiques Russes de l'époque de la Guerre Froide, etc, etc. Aujourd'hui, le systema est enseigné un peu partout dans le monde comme un art de vie et de survie, qui développe beaucoup de bien être chez ses pratiquants. Un peu comme du yoga martial. Et pour autant, les membres du Secret Service, les gardes du corps du président Etats-Unien, pratiquent le systema de manière très très sérieuse et opérationnelle. D'ailleurs, le yoga peut aussi être une ressource impressionnante pour le monde militaire. Les Navy Seals en savent quelque chose. Mais passons. Les systèmes de combat militaire diffèrent radicalement du sport : non seulement tous les coups sont permis, mais on va plus loin. Le but est de ne laisser aucune chance à l'ennemi, et de le détruire physiquement dans un laps de temps le plus bref possible. Il s'agit d'une recherche d'efficacité absolue, où la finalité n'est pas de doser ou de préserver l'autre. Ni même de faire un combat. Les systèmes militaires ne cherchent pas à créer un évènement. On ne fait pas quelque chose avec un autre. On fait quelque chose à un ennemi, dans le but de le blesser gravement ou de le tuer tout de suite, pour survivre et continuer la mission. En quoi est-ce que ces systèmes peuvent être applicables à la self-défense, du coup ? C'est simple. L'attitude générale est globalement la même : ne laisser aucune chance à l'agresseur, à une distinction près. Et cette distinction est de taille : la self-défense a lieu dans un cadre légal civil, avec des contraintes importantes de mise en application. Le but, ici, n'est pas de tuer l'ennemi mais bien de ne pas être tué ou blessé soi-même, en infligeant idéalement le minimum de dommages possible à son agresseur. Et c'est là que ça devient très difficile de transférer les compétences de combat diverses dans le cadre de la légitime défense. Et de fait, même si on dit tous en théorie "qu'il faut mieux être jugé par 12 que porté par 6", autrement dit qu'il est préférable de survivre et d'être condamné par un jury que mort, si on peut survivre et éviter un procès, et éviter de payer des dommages et intérêts toute sa vie, c'est bien aussi. Du coup, au final, comment on s'y retrouve ? Si on peut faire du karaté sportif, du karaté art martial, ou du karaté avec une optique défense ou même combat militaire ? Ou si on peut faire du systema (système militaire) comme un art martial ? Ou si, comme Nono le fondateur du C4 on peut aussi faire du jujutsu brésilien et du MMA en parallèle ? Et que penser du fait qu'on peut assister aujourd'hui à des compétitions de Krav Maga, ou alors du fait qu'un bon pratiquant de MMA peut étaler pas mal de pratiquants de styles traditionnels sérieux ? Que penser du fait que la plupart de la mythologie autour des samourais est plus ou moins galvaudée, et que concrètement c'est surtout un mythe qui a permis au Japon de se recréer une identité national après la seconde guerre mondiale ? Et qu'en réalité, les derniers samourais "de rang" se sont globalement fait tailler en tranches par des fermiers ? Bienvenue dans le monde complexe de la vie sans catégories simplistes ;) Pour ma part, je pense que loin des écoles et des styles, c'est surtout les praticants sincères qui font la qualité des écoles d'arts martiaux, de sports de combat, de combat militaire ou de self-défense. Et qu'à partir du moment où on est au clair sur ses propres objectifs (qui peuvent très bien être multiples et en apparence contradictoires d'ailleurs), et qu'on fait des efforts honnêtes pour progresser en ce sens, rien n'est faux... Alors loin de moi l'idée de jeter la pierre aux pratiquants de styles un peu "dégriffés" par les japonais qui voulaient continuer à pratiquer sous l'occupation américaine, ou de blâmer ceux qui préfèrent aller au plus facile sans se poser de questions. Ce qui compte, c'est surtout d'être honnête avec soi-même, au final. C'est bien souvent la seule manière d'être honnête avec ses élèves ou avec les autres, d'ailleurs. Bonne pratique à tous, y compris ceux qui pratiquent surtout l'apéro ou d'autres activités non-violentes ;)David -- [ mail • fb • insta • RSS feed ] Projet de bouquin sur la préparation physique "de survie"Je pensais sortir vite fait bien fait un petit bouquin en PDF sur la préparation physique générale "de survie". J'en ai d'abord parlé avec Alexey Grimm, la boss de StrongFirst France, qui m'a donné quelques conseils et fait quelques remarques. Et donné son feu vert pour utiliser les notions et principes de StrongFirst (qui sont totalement géniaux, alors pourquoi réinventer la roue !). Puis j'en ai parlé avec Renaud Dubois, des Editions Amphora. Il a lu le bouquin, et le projet lui a plu. Et donc on va le sortir en livre papier, début 2021 :) Je vous copie/colle un bout de l'avant-propos : Une formule un, ça va très vite. Bien plus vite qu'un tracteur. Mais dans un champ de patates, un jour de pluie, avec des restes d'huile de friture filtrée comme carburant, un tracteur va bien plus vite. L'objet de ce livre n'est pas de faire de vous une formule un. Ni un tracteur. L'idée ici est de vous permettre de trouver un compromis. De placer le curseur intelligemment. De vous outiller pour que vous puissiez choisir exactement où vous avez envie de vous situer, entre ces deux extrêmes. Entre le tracteur et la formule un. L'idée générale est que vous puissiez faire de vous-même "un bon 4x4". Certains 4x4 sont des machines de course, capables de foncer à plus de 200km/h sur circuit, tout en pouvant faire également des franchissements, et rouler confortablement à haute vitesse sur des pistes. Ils sont coûteux, voyants, rutilants, et leur entretien doit être minutieux. Il faut un investissement énorme pour avoir un 4x4 pareil. D'autres 4x4 ne payent pas de mine, peuvent rouler au colza, et sont relativement peu puissants, mais peuvent franchir des obstacles incroyables... et demandent très peu de maintenance. Pour traverser la Sibérie en autonomie, c'est plutôt ceux là que je choisirais. Pour emmener un embassadeur du point A au point B dans un pays à risque, plutôt les premiers. Tout dépend du contexte. Vous choisirez votre compromis à vous. Vous pourrez même choisir, puis changer d'idée, et adapter vos choix à votre contexte, à vos besoins, à vos ressources, et à vos périodes de vie. Ce qui est certain, c'est que ce livre ne se donne pas pour objectif de faire de vous un athlète de haut niveau ou un spécialiste. Vous pourrez, en utilisant ces principes, devenir un excellent généraliste. Vous obtiendrez, en appliquant les principes de ce livre dans la durée, une excellente condition physique générale. Plutôt que d'arriver au summum de votre forme à un instant T pour une compétition, vous serez globalement dans une très bonne condition opérationnelle la plupart du temps, et surtout prêt à relever les défis que la vie vous propose à tout moment. Alors voilà. Chuis content, ça va être un petit truc utilisable et sans prétention. De nombreux ouvrages géniaux existent déjà, sur ce vaste sujet, mais l'idée ici sera de donner des principes utilisables pour la préparation physique orientée "survie" et "adaptation aux aléas de la vie"... J'ai hâte de voir comment il va être accueilli (et combien de prises de têtes il va me valoir). Save the date ! David -- [ mail • fb • insta • RSS feed ] COVID-19 : une petite prospective pour la suiteLa nuit finira, mais probablement pas tout de suite. Deux ou trois jours seulement après le déconfinement, mes observations me poussent à être relativement pessimiste sur l'évolution de cette crise. Quelques réflexions. Depuis ce lundi 11 mai, les autorités ont levé les mesures drastiques de confinement et permettent désormais aux gens de circuler dans un rayon de 100 km autour de chez eux sans devoir se faire eux-mêmes une attestation de sortie. L'utilisation de masques, soi-disant obligatoire, ne semble pas faire l'objet d'un réel suivi de la part des autorités, et environ une personne sur deux (selon mes observations), dans la rue ou les magasins, le porte. Parmi ceux qui le portent, un grand nombre le porte mal, ne sait visiblement pas l'utiliser, et commet les erreurs de base, comme de le retirer à moitié, de glisser un doigt dessous pour se gratter, etc. Très peu de gens (1% ?) ont des masques FFP2. Certains ont des masques chirurgicaux mais n'ont apparemment pas découvert la petite barrette en métal qui sert à pincer l'arête du nez. D'autres ont des masques en tissus plus ou moins fashion qui ont au moins le mérite de masquer leur incompétence à la prophylaxie, de par leur simplicité d'utilisation et la facilité qu'ils ont de respirer à travers... Je passerai sur les gants qui font office de gri-gri et qui touchent à tout, de la voiture au magasin en passant par la langue et les produits, puis les yeux, les réunions de famille, et autres joyeusetés. L'ignorance et la bêtise dont font preuve plein de gens se couple au laxisme habituel, et il m'apparaît clair aujourd'hui que les trop d'années passées à infantiliser la population, trop d'années à tolérer la médiocrité intellectuelle et humaine à tous les nouveaux, trop d'années à assister tout le monde et à niveler par le bas... vont bientôt se traduire en conséquences bien réelles. Inutile d'être un génie pour anticiper que d'ici 10 ou 11 jours (temps de latence moyen entre une infection et le moment où on développe des symptômes graves, nous allons voir apparaître le début d'une nouvelle vague de patients en soins intensifs et en réa. La bonne nouvelle, c'est que les services de santé ont anticipé le 2e choc et ont pu monter en puissance -- en tout cas sur papier -- et augmenter leurs capacités d'accueil pour les patients COVID. Nous atteindrons, si mes estimations sont justes, un seuil critique de saturation des services de réa d'ici 20 ou 30 jours. De là, des mesures de confinement devraient être à nouveau ordonnées, le temps que les malades sortent des services et qu'on redescende sous le seuil de saturation. Entre mi-mars et mi-mai, il aura fallu environ 60 jours. Je vois mal comment la deuxième vague pourrait évoluer différemment (sauf si on trouve un traitement entre temps). Début juin, donc, reconfinement. Juin et juillet sous les verrous. On se reverra en août. Ah. Et comme avec les mêmes causes, la plupart du temps on obtient les mêmes effets, septembre ne devrait pas faire exception. Les estimations relatives au taux de contamination, dans la population, et l'espoir d'une immunité, indiquent que nous avons, pour le moment, vu seulement 6% -- environ -- de la population Française être touchée. Admettons qu'on soit pessimistes et que ça soit 8 ou même 10, c'est au bas mot encore 9 cycles de trois mois (libération, re-vague-de-contamination, re-confinement, libération des lits de réa, déconfinement) que nous devrons encaisser si une autre solution n'est pas trouvée. 9 cycles de trois mois, ça fait, selon mes calculs savants, 27 mois. 27 mois, c'est deux ans et trois mois. Plus les trois mois déjà faits : deux ans et demi au total. Or, en deux ans et demi, ce petit coquin de virus aura le temps de muter. Les défenses immunitaires auront le temps de retomber (et d'ailleurs l'immunité ne semble pas être complète, et certains rechutent de manière étrange). Au risque de passer pour quelqu'un de froidement pessimiste et d'être l'oiseau de mauvais augure, si on ne trouve pas d'autre solution, nous sommes partis pour encore au moins deux ans de confinements successifs, avec ce que ça a comme coût pour l'économie, pour l'humain, et pour peu d'efficacité, au final... parce que les gens admis en réanimation, malheureusement, meurent quand-même beaucoup, et lentement. Les pistes de solutions alternatives sont hélas peu nombreuses :
Bref, nous n'avons pas fini de rigoler. Dans la mesure où les options alternatives évoquées ci-dessus n'ont pas été retenues par nos gouvernants, qui ont sûrement évalué toutes les options et choisi la moins pire dans l'intérêt général (pardonnez mon ironie), il est probable que nous en restions à une politique de confinement et déconfinement successifs, faute de mieux. Si cette option est effectivement retenue, on peut d'ores et déjà imaginer que :
Et donc, comme toujours dans les crises majeures, à grande échelle et longues, une partie des joueurs cherchera à préserver ou renforcer sa position dominante en utilisant le désordre comme une opportunité, une partie, voyant cela, se rebellera et sera plus ou moins sévèrement réprimée, une partie des joueurs cherchera -- alors qu'ils ne sont pas en position dominante -- à profiter des opportunités créées par la crise de manière égoïste, et une partie (souvent la majorité) verra simplement dans la crise un changement qui demande une adaptation, et ils trouveront de nouveaux moyens de coopérer et de subvenir à leurs besoins dans le nouveau contexte. La sortie de la crise, après 1929, pourrait être riche d'enseignements pour anticiper ce qui nous attend. Les ramifications et les répliques de ce séisme international iront sûrement loin, et risquent de durer longtemps. Et je pense que d'ici deux ans nous aurons une meilleure idée de la tournure que les évènement auront pris, ici comme ailleurs. Mais deux choses sont certaines. Il est à mon humble avis urgent de :
Mon sentiment -- et il n'engage que moi -- est que nous sommes réellement face à un carrefour civilisationnel majeur, et que nos choix et nos actes, dès aujourd'hui, seront déterminants pour notre qualité de vie et même peut-être notre survie en 2021, 2022, et après. Plus que jamais, l'autonomie solidaire et les initiatives citoyennes -- respectant le cadre légal et tournées vers des choses constructives -- seront le moyen de pallier aux dynsfonctionnements massifs du système économique planétaire, et des systèmes politiques nationaux, partout dans le monde. David -- [ mail • fb • insta • RSS feed ] Prendre de l'avance dans le processus de décisionIl faut toujours du temps pour prendre une décision. Ce temps est assez personnel, mais il est incompressible. En revanche, il est toujours possible de prendre de l'avance, dans ce processus. Une saine anticipation des scénari permet de gagner un temps précieux. Illustration. Lundi 30 mars. Nous sommes en pleine crise du COVID-19. Confinés depuis plus de deux semaines. Ma compagne, Aurélie, revient avec ses enfants, qui étaient chez son ex. Depuis le début du confinement, nous avions été extrêmement scrupuleux et rigoureux : AUCUN contact avec l'extérieur. Elle comme moi somme formés (et donc sensibilisés) à la prophylaxie, à la décontamination et à la désinfection. Dans le hameau où nous habitons, deux personnes sensibles, que nous aimons beaucoup, sont présentes. Ma fille, asthmatique, est potentiellement plus à risque également. Bref, nous faisons vraiment attention. Les enfants d'Aurélie étaient partis chez son ex cinq jours plus tôt avec un engagement de sa part -- la main sur le coeur -- de respecter scrupuleusement le confinement. Il avait promis, donné des garanties, et tout. Et nous avions fait confiance. Sauf que. Montant dans la voiture, les enfants commencent à raconter à leur mère leurs quelques jours chez leur papa. Ils sont tous contents, ils ont fait la fête, et vu plein de copains, et tout ça. Aurélie pose deux ou trois questions pour en savoir plus, l'air de rien pour ne discréditer leur père. Ils ont vu (joué, vécu, côtoyé et mangé avec) 4 à 6 adultes en plus de leur père, et plusieurs enfants en 5 jours. Dès son arrivée, Aurélie (furieuse) m'informe de la situation, et demande à ses enfants d'aller jouer aux légos dans leur chambre, pour les isoler a minima et nous ouvrir un temps de discussion. Nous faisons alors un rapide calcul des risques, des probabilités, des enjeux, et réfléchissons comment les choses peuvent évoluer. Je résume alors la situation en peu de mots : "c'est la merde !" Nous avions déjà anticipé, elle et moi, plusieurs scénarios et posé un principe de base : si un de nous deux est contaminé, l'autre s'isole de manière à ce qu'un des deux puisse être en soutien. Du coup, les esprits étaient déjà préparés à cette éventualité. Et les nouvelles infos arrivent à nous sans nous submerger mentalement : nous avons déjà réfléchi. Les faits sont les suivants :
L'info arrive donc vers 11h30 que les petits n'ont pas été confinés. A 11h55 nous sommes dans la forêt, ma fille et moi, en train de monter le camp. Les faits, de là, se précisent rapidement (nous sommes en contact par SMS Aurélie et moi). La petite est malade, elle tousse, elle a de la fièvre. Trois jours plus tard, Aurélie commencera à tomber malade à son tour. Une consultation médicale en ligne (merci Dr. Holler !) confirmera qu'il s'agit fort probablement du COVID, et au vu des délais d'incubation, fort probablement ramené parla petite de chez son père. On ne pourra évidemment jamais le prouver. Mais le sujet n'est pas là. Le sujet, ici, c'est le temps de traitement nécessaire pour prendre une décision. Et l'importance, dès qu'on le peut, de traiter les infos déjà connues pour pouvoir prendre des décisions rapidement, en cas de besoin, quand de nouvelles informations arrivent. Anticiper correctement, c'est exactement cela : traiter les informations connues, et voir les intéractions possibles entre ce monde "connu" et les différentes hypothèses d'évolution les plus probables. Dans le cas du COVID, Aurélie et moi avions pris les informations depuis longtemps. Les données épidémiologiques chinoises et italiennes étaient déjà disponibles en ligne depuis longtemps. Les courbes de contamination en Chine et en Italie étaient lisibles, évidentes, parlantes. Et de fait, nous avons commencé à doubler les courses pour stocker avant que les gens ne commencent à le faire, et à préparer notre activité pour faire face à un confinement probable. Une fois le virus arrivé en France, nous avons augmenté le niveau de préparation d'un cran, et commencé à réfléchir à "qu'est-ce qu'on fait si"... Et d'avoir déjà réfléchi à tout ça en amont nous a permis de nous adapter extrêmement vite à la situation qui nous a été présentée le 30 mars. Contamination potentielle : on compartimente, et on attend de voir. Au final, ce qui n'était qu'une précaution le 30 mars s'est révélé très utile trois jours plus tard : j'ai pu, n'étant pas malade, aller chercher des médicaments à la pharmacie pour Aurélie, aller faire des courses pour la ravitailler, et être en soutien de l'extérieur. Le processus de prise de décision, au final, est assez proche de la fameuse boucle OODA (ou LIDA en Français) qui est issue du monde militaire (John BOYD, USAF) :
Chaque étape de ce processus prend du temps. Un temps incompressible. Et d'avoir investi ce temps au préalable permet de réagir plus vite quand la situation se présente. Dans l'anecdote ci-haut, nous avions déjà observé et anticipé plein de choses. Les sacs d'évacuation de ma fille et le mien étaient prêts (pour une configuration "on dort à l'hôtel", mais déjà 80% adaptés à la situation). En 25 minutes nous avons jeté de quoi bivouaquer, cuisiner et stocker de l'eau dans un gros sac et nous sommes partis nous confiner au bout du terrain. Si nous n'avions rien anticipé, il aurait fallu digérer tout un tas d'infos, discuter de la meilleure conduite à tenir, préparer tout le matériel... et au final nous aurions mis plusieurs heures à partir. Plusieurs heures pendant lesquelles nous aurions largement pu être contaminés aussi, ce qui annulait tout le bénéfice du confinement dans le confinement... Toute la difficulté de ce genre d'anticipation est de trouver le bon équilibre entre excès d'anticipation (chronophage) et manque de lucidité. "Hope is not a plan", mais "trop de plans tuent le plan", aussi. Placer le curseur intelligemment est plus un art qu'une science. Et l'adaptabilité antifragile doit faire le reste. David -- [ mail • fb • insta • RSS feed ] Les premières leçons à retenir du COVID-19En vrac et en toute humilité, les premières leçons à tirer, à chaud, de cette situation de survie collective. Parce que c'en est bien une, avec toutes les mêmes caractéristiques que les situations de survie individuelles (en milieu naturel, par exemple). Comme en situation de survie individuelle, l'attitude juste (conscience de la réalité, motivation à s'en sortir et saine gestion émotionnelle) est la base des réactions adéquates, et constituent la fondation des solutions. Être réaliste pour éviter les spirales émotionnelles contre-productives. La peur d'avoir peur -- ou la peur de faire peur aux autres -- favorise le déni. Le malaise grandit malgré tout, puis le niveau de stress augmentant insidieusement fait qu'on perd nos capacités de discernement avant même d'avoir réagi correctement. On passe du déni à des comportements erratiques (parfois en continuant d'être dans le déni, tout en angoissant). Faire preuve de tempérance. D'un côté, il y a le déni. L'autre posture extrême, c'est la panique et la paranoïa, avec des réactions de défense / protection excessives (stocks massifs au dernier moment, fuites désordonnées vers la campagne au risque de contaminer des gens au passage, etc.) ; les rumeurs et fausses informations constituent 99% des échanges, et ça contribue au sentiment d'inquiétude. Entre le déni des uns et les sur-réactions des autres, il existe une juste mesure : analyse des risques, et mesures de protection concrètes, qui non seulement rassurent mais permettent de régler le problème. Accepter vite la réalité de la situation. Les premiers à accepter la situation telle qu'elle est se sentent seuls au début, mais ils sauvent généralement les autres s'ils arrivent à les faire bouger à temps. Veille stratégique. Une bonne veille stratégique permet la préparation en amont et l'anticipation. De comprendre la complexité de notre monde et ses interconnexions est déjà un bon début. Veille tactique. Une bonne veille tactique (sur l'évolution du phénomène en cours et de ses ramifications imprévisibles) permet les ajustements de dernière minute, surtout si on réagit avant que les informations ne soient diffusées massivement au sein de la population. Continuer de s'informer et de réfléchir, même et surtout quand tout le monde panique. Toujours réévaluer, pendant la crise, avec une veille tactique et stratégique. Et planifier, dès qu'on le peut, la sortie de crise (qui sera souvent une crise en soi). Tisser du lien. Avant et pendant. Les liens de coopération déjà en place avant la crise fonctionnent extrêmement bien. D'autres se créent de facto pendant la crise et peuvent être réellement fiables et durables. Un formidable révélateur. La crise révèle toutes les failles de tous les systèmes, de la finance internationale à l'émotionnel personnel, en passant par les problèmes familiaux, le sens citoyen plus ou moins solide des uns ou des autres, etc. David -- [ mail • fb • insta • RSS feed ] Prendre soin de son matos !Une petite routine d'entretien structurel perso, pour ceux qui savent que l'infanterie "légère", n'a jamais rien eu de léger. Alors suite à mon post sur la préparation physique générale, j'ai reçu plusieurs MP de potes milis qui me demandent des tuyaux pour éviter les blessures et l'usure prématurée de leurs articulations. Du coup j'ai réfléchi au truc, et me voici avec quelques exercices simples (qui vont prendre 5-7 minutes à réaliser) et qui vont mettre des chances du bon côté pour que les potos puissent finir leur carrière avec encore des genoux, des hanches, et des lombaires. Je précise que c'est uniquement mon opinion (documentée, testée avec succès sur moi, mais pas testée sur de grands groupes de gens dans la durée !). Je suis preneur de tout feedback, avis, et autres pour améliorer cette petite routine qui doit rester :
Je précise aussi que c'est pensé pour des gens qui sont déjà en bonne condition physique, qui sont en bonne santé, et qui n'ont pas de limitation de mouvements. Bref, c'est fait pour que les gens en parfaite santé le restent plus longtemps. Si vous avez un doute, demandez à un professionnel ! Quatre principes simples, dans mon humble expérience, pour être plus fonctionnel et prévenir les blessures et l'usure prématurée :
La petite routine d'entretien (3 + 3 exercices) à faire soi-même quand on a 5 minutes :1 - Le "chat maigre". Pour muscler le transverse (le muscle qui fait qu'on peut rentrer son ventre), on se met sur le dos, les pieds à plat au sol, et en expirant on essaie de rentrer son ventre jusqu'à ce que son nombril touche le plancher. Entre 10 et 20 fois. Quand ça commence à brûler on arrête, ça suffit. 2 - La planche... mobile. Le même exercice de planche que tout le monde connaît, sur les coudes et les pieds. Sauf qu'on va serrer les fesses et les cuisses, et ensuite on bouge dans tous les sens. On tape les pieds alternativement. On lève un coude. On "danse". On peut même sauter sur place. Ca permet de renforcer les psoas mais aussi de le rendre plus réactif et intelligent pour stabiliser la colonne. 3 - Le pont sur une jambe. Sur le dos, les pieds à plat, vous faites le pont avec les hanches (fesses en l'air, tronc, hanches et cuisses sur une ligne). Et là vous tendez une jambe dans le même axe et vous tenez quelques secondes. Puis vous changez de jambe. Vous pouvez faire une, deux ou trois fois cette petite séquence de trois exercices. Déjà, juste une seule fois aura un impact positif. Trois fois les trois, trois fois par semaine, et vous vous achetez une santé pour dans 20 ans. Les deux autres exercices sont à caser dans votre emploi du temps quand ça le fait. 4 - Se brosser les dents sur un pied. Pour développer la proprioception au niveau des membres inférieurs, on peut simplement se brosser les dents sur un pied. Quand ça devient facile, on ferme les yeux. On peut aussi ajouter de la difficulté progressivement en mettant un truc mou sous le pied (tapis isolant pour le bivouac par exemple). La moitié sur chaque jambe. De faire seulement ça va non seulement prévenir les entorses, mais ça va rendre votre démarche beaucoup plus stable et vous permettre d'économiser de l'énergie dans vos déplacements. 5 - La "chaise" Afghane. La position accroupie, talons au sol (mais pas les fesses aux sol ! Juste accroupi !), est une position de repos naturelle pour le corps humain. Et elle fait du bien à notre corps si on la prend correctement. A faire pieds-nus ou avec des chaussures qui permettent à la cheville de bouger et un vêtement assez ample pour permettre la flexion de la hanche. Si on a une parfaite mobilité des hanches en flexion, le bas du dos peut rester plat ou même légèrement cambré, sinon il s'arrondit légèrement. Les pieds sont parallèles ou légèrement en canard (pas trop, genre 90° max entre les deux pieds). Les genoux sont écartés, et ont entre eux un espacement plus large que celui qui se trouve entre les pieds. Le thorax et la tête sont bien hauts. Rester dans cette position de plus en plus longtemps (toujours en respectant la douleur) permet de retrouver une mobilité parfaite au niveau des chevilles, genoux et des hanches, tout en gainant les lombaires et les muscles profonds. Y rester, en cumulé, quelques minutes par jour, est top. Si vous devez ouvrir énormément les pieds, vous manquez probablement d'amplitude en flexion de la cheville. Bossez ça spécifiquement. Si vous devez beaucoup courber le dos ou vous pencher en avant, vous manquez probablement d'amplitude au niveau de la flexion de la hanche. Ca se bosse aussi ! 6 - En option - "pousser le mur". L'idée est d'étirer le devant de la hanche, le psoas et le mollet en "poussant un mur" et en gardant bien le talon au sol. En position fente avant, vous tendez les bras et vous poussez doucement pour étirer. Il faut évidemment faire les deux côtés. Quelques secondes en respirant bien suffiront. Merci pour votre engagement ! Pour les feedbacks, mon mail est ici, dessous ! Merci !David -- [ mail • fb • insta • RSS feed ] Cours, Forrest ! Cours !Alors alors. Y'a Alexey, le boss de Strongfirst France, qui a pris la peine de partager un peu le résultat de ses recherches, expériences et compétences, il y a quelques mois, dans un article (en anglais) sur le blog de Strongfirst, pour ce qui concerne la préparation physique générale. L'une des conclusions de ce texte, qui s'inspire des modes de vie des chasseurs-cueilleurs et des peuples premiers contemporains, était que la course n'est pas forcément indispensable pour une bonne "PPG". J'avais posté l'article en question sur mon fil Facebook et sur la page FB du CEETS, après avoir repris le l'essentiel de ces principes pour remodeler ma PPG à moi. Avec des résultats satisfaisants, oui. Il y a deux jours, le même Alexey, avec qui j'ai le plaisir d'être en contact sur Facebook, me demande mon avis sur son article, me soulignant qu'il se prend des scuds de la part des marathoniens et autres afficionados du courant "Born to Run". Du coup, je vais voir les commentaires sous l'article, et je constate le niveau de violence verbale et l'avalanche de posts littéralement haineux qu'ils se prend... et je trouve ça vraiment dommage. D'autant que la plupart des posts sont littéralement hors sujet, et parlent tout simplement d'une approche différente. Ce qui fait principalement débat, c'est le fait qu'Alexey affirme (et je pense qu'il a raison) que les peuples premiers, comme nos ancêtres chasseurs-cueilleurs, ne couraient pratiquement jamais. Evidemment, ça contredit les histoires de Tarahumaras, et chasse à l'épuisement, et tout le toutim. Et le "flame war" s'engage sur cette base là. Bref, comme souvent, les gens qui connaissent bien les bananes reprochent à ceux qui parlent des oranges d'avoir tort au sujet des bananes. Et donc, j'ai envie de "remettre l'église au milieu du village", comme ils disent en Suisse. Deux ou trois évidences (qui sont largement des opinions à moi, pour la plupart documentées, mais qui ne sont pas des vérités scientifiques pour autant), histoire de pousser un peu la réflexion de ceux que ça intéresse.
En clair, à la question "est-ce qu'un homo sapiens PEUT courir sur des distances phénoménales", la réponse est oui. Surtout quand on vit tout le temps dehors, et même si on ne court jamais sur de grandes distances pour se préparer à courir sur de grandes distances. A la question "est-ce que le fait de courir sur de grandes distances est utile pour la préparation physique générale", mon avis est que non. Attention, je ne dis pas non plus qu'il ne faut jamais courir ! Je cours régulièrement. Mais je cours uniquement en milieu naturel (moins traumatisant), en chaussures minimalistes ou pieds-nus (pour les raisons évoquées dans le livre "Born to Run" de Chris McDougall). Et je cours surtout quand j'en ai envie, sur de petites distances, pendant mes balades en montagne. Et principalement pour le plaisir. Et ça suffit largement pour développer mon cardio et préserver les muscles et les schémas moteurs utiles pour la course. Et l'endurance de fond, que je développe en marchant (en montagne) fait le reste. Est-ce que ça suffit pour faire de moi un bon coureur ? Pas du tout. Mais mon but est une préparation physique GÉNÉRALE. Et si un jour je choisis de me spécialiser dans un domaine, ça ne sera pas le marathon hein. Je serais plutôt taillé pour le powerlifting ou les délires strongman que pour le marathon, de base. Si j'avais envie de me spécialiser dans la course de fond, avec une recherche de performance, est-ce que j'incluerais de la course dans ma préparation physique ? Bien sûr que oui. C'est juste pas le sujet, quoi. Moralité : ce sont les objectifs qui doivent définir les méthodes, et ce sont les résultats (et les effets secondaires observables) qui doivent servir à évaluer l'efficacité desdites méthodes. Et le fait qu'on s'inspire du mode de vie de nos ancêtres pour y découvrir des hypothèses utilisables pour développer des programmes de préparation physique générale ne remet pas en question le fait que certains de nos ancêtres, ou que des peuples premiers encore actuellement, soient spécialisés dans un domaine ou un autre... c'est juste deux sujets différents, encore une fois. Du coup, ma préparation physique générale, elle est super simple. J'en parlais ici dans une vidéo Instagram, et ici dans un article de ce blog. Je jeûne 20h par jour et je m'entraîne le ventre vide. Je marche beaucoup et je cours quand ça me pète. Je grimpe un peu et je fais des tractions. Je joue avec des kettlebells (simple and sinister, the quick and the dead, plus des squats en tous genres et des clean and press), environ 4 fois par semaine, parfois plus. Je fais du soulevé de terre avec une grosse barre. Et je joue avec des gros cailloux. Ah oui et je fais du gainage, de la mobilité, et le reste du temps je joue avec mes gamins, je bricole et je bouge. Dehors. Et vous savez quoi ? Ben ça marche. Et pour un mec de 45 ans et 120kg, je m'en sors pas trop mal. Allez, bisous ! ;) David -- [ mail • fb • insta • RSS feed ] Rusticité, brutalité et violence.Bon. Petit coup de gueule gentil ce matin. Je rentre de quelques jours dans la forêt, là, où j'ai pris un bain de nature, de froid, et de vraie fraternité (pour le coup y'avait que des mecs hein, alors je dis fraternité si ça me pète !). Et je vois que Vol West a été dénoncé pour ses propos soi-disant haineux (j'ai pas vu ce qu'il avait dit alors je ne me prononce pas, mais connaissant Vol West je sais qu'il peut être brutal par moments, mais jamais je ne l'ai vu être violent, et je vais parler de la nuance plus loin), qu'il ne peut plus faire de liens vers son blog depuis Facebook, etc. Et ça me questionne. D'abord, j'aimerais préciser un truc. Parce que je vois d'ici les ayatollahs de la bienpensance et du bonheur obligatoire me péter les schmürtz, et m'accuser d'avoir dit des trucs que j'ai pas dit. Alors notez bien : je suis totalement opposé à l'apologie de la haine (raciale, religieuse ou autre), à la stigmatisation, à la violence verbale ou physique, et à tout ce qui, d'une manière générale, décourage ou empêche les gens d'être qui ils ont envie d'être. Pourquoi ? Parce que je considère que les gens ont le droit inaliénable d'exprimer qui ils sont dans leur vie et dans la société, tant que ça n'empêche pas les autres de le faire aussi. La base de toute violence, pour moi, c'est de priver quelqu'un du pouvoir qu'il a sur lui-même. Que ça soit par la violence verbale, physique, par l'asujettissement financier, la menace, la contrainte, la manipulation. Peu importe comment. Et donc oui, pour moi c'est violent de dire à quelqu'un qu'il est obligé de se soigner, par exemple. Ou de dire à un sans abri qu'il n'a pas le droit de choisir de crever dans la rue si c'est vraiment son choix. Ou de forcer une personne à faire un truc, quel qu'il soit. La racine de la violence, c'est donc l'aliénation. Comme de chercher à faire faire quelque chose à quelqu'un sans son plein consentement. Libre, et dénué de pression, de manipulation, de menace, etc. Et ça, c'est vraiment important pour moi. Autant pour moi-même que pour les autres. D'ailleurs, même en stage de survie, ou en stage avec Aurélie pour 3volution.fr, je laisse TOUJOURS le choix aux gens de faire ou de ne pas faire un exercice, d'être d'accord avec moi ou pas, etc, etc. Cette posture là, pour moi, ça s'appelle le respect. Et c'est un truc que je dois à tout être vivant. Quitte à tout préciser, le seul moment où je m'autorise à priver quelqu'un de sa liberté (temporairement) par un acte ou une parole violente, c'est quand je dois l'empêcher d'empiéter sur la liberté d'un autre (dont moi-même). Par exemple, si quelqu'un essaie de me buter et que je ne suis pas d'accord, je vais tout faire pour le priver de la possibilité de le faire. Je me protège (en faisant toujours le moins de mal possible, par principe). Je crois profondément, de fait, en la diversité. Diversité des points de vue, des opinions, des cultures, des religions, des orientations sexuelles, des modes d'organisation. Je crois (et ça se vérifie pas trop mal) que la diversité est une vraie richesse à l'échelle collective parce qu'elle permet l'élaboration de solutions plus diverses, face à des problèmes plus divers. Quand tout le monde est consanguin, mentalement ou physiquement, on s'affaiblit collectivement. Bien. Maintenant que c'est posé, j'ai besoin de dire un truc. La brutalité et la violence sont deux choses différentes. Je répète. La brutalité et la violence sont deux choses différentes. Exemple très concret qui date d'hier : un bon ami à moi, mon grand frère de coeur, est très très (très !) dur avec lui-même. Il a été éduqué à la dure, il sait super bien serrer les dents. Tellement bien qu'il est du genre à marcher avec une douleur atroce au genou sans rien dire, et à en chier pendant une semaine ensuite, toujours sans rien dire. Il est en mode marche ou crève. Et pourtant, son objectif en étant aussi dur avec lui-même est de développer sa condition physique et sa capacité à faire des choses. Sauf que pour atteindre son objectif, il faut plutôt qu'il apprenne à lever le pied, et à prendre soin de lui. Vous en connaissez sûrement des comme ça... Alors je lui ai dit, hier, devant tout le monde. Je lui ai dit brutalement, sans ménagement pour son égo ou ses sentiments. Je lui ai dit devant tout le monde, parce que je voulais que tout le monde puisse dire tout haut ce qu'on n'osait pas lui dire en face. Je lui ai dit "t'es vraiment con, de te maltraiter comme ça, et c'est contre-productif, papy ! Je vais pas cautionner que tu te maltraites comme ça. Si t'as envie d'assurer et d'être là pour les gens, c'est pas comme ça que tu vas y arriver !" Et j'ai rajouté deux ou trois insultes affectueuses parce que je sais qu'il sait lire entre les lignes, et voir que mon intention c'est qu'il aille bien. Est-ce que c'était brutal ? Carrément. C'était dur à entendre pour lui, surtout devant tout le monde, et surtout venant de moi. Mais est-ce que c'était violent ? Ben je pense pas. Au contraire, c'était plutôt une manière de lui mettre une réalité qu'il ne voyait pas assez clairement sous le nez, et aussi de l'autoriser officiellement à prendre soin de lui, parce que de fait ça devenait clairement et explicitement une manière d'attendre vraiment ses objectifs à lui, à savoir "être capable d'être là avec et pour ceux qu'il aime". Quand je crie "OH ! STOP !" à un gamin, et qu'il sursaute au lieu de traverser devant une voiture qui arrive trop vite, est-ce que c'est brutal pour lui ? Carrément. Est-ce que c'est violent ? Et si je parle des réalités du terrain dans certains pays d'Afrique à un couple d'étudiants friqués, déconnectés du concret, qui veulent partir faire un tour du coin en auto-stop, et que je leur casse leur délire, est-ce que c'est brutal ? Ben oui. Quand je leur explique crûment comment ça peut se passer s'ils tombent sur tel ou tel groupe, avec quelques détails graphiques pour qu'ils percutent bien, ça les glace et ils font des grands yeux de biches horrifiées. Mais est-ce que c'est violent ? Je pense pas. Au contraire. Ce qui serait violent, pour moi, c'est de les laisser partir et se mettre en danger, alors qu'ils m'ont demandé de les former à la préparation au voyage. Et que leur vie bascule dans le cauchemar ensuite, et que des potes à moi doivent aller risquer leur vie pour les sortir du nid de frelons (comme ça se voit trop souvent). Un proverbe Russe dit "il vaut mieux être frappé par la vérité qu'embrassé par le mensonge". Et je suis plutôt d'accord avec ça. D'ailleurs, les gens qui ont été les plus violents avec moi, dans cette vie, n'étaient absolument jamais brutaux. Ils étaient plutôt fourbes, mielleux, gentils sur la forme, et cacheaient leurs intentions avec plein de douceur. Et certains ont vraiment fait des dégâts, dont je suis à peine en train de me remettre. Bien plus graves que toutes les baffes du monde. Alors, histoire de pousser un peu la caricature, je ne suis pas raciste, ni sexiste, ni homophobe, transphobe ou xénophobe. Je déteste tout le monde équitablement. Je pense que la société occidentale a grandement besoin de retrouver un peu de lucidité sur le fait que les choses les plus saines, et les plus à même de nous donner de la liberté et du pouvoir sur nous-mêmes ne sont pas toujours douces, ni toujours agréables. Que les mensonges mielleux et rassurants sont une lâcheté intellectuelle énorme. Que l'attachement au confort (comme à l'inconfort) est une prison. Que les choses qui valent la peine, dans la vie, ne sont pas souvent faciles et cool. Et que personne n'est un petit flocon de neige merveilleux et unique. Bordel. Moi, je suis le premier à défendre le droit des gens à être qui ils ont envie d'être. Mais comptez sur moi pour continuer à dire des gros mots. Comptez sur moi pour continuer à vous insulter affectueusement, et comptez sur moi pour compter sur vous pour que vous saisissiez la nuance entre "je t'aime, connard !", et le mépris haineux et poli. Et si un jour je me mets à vous vouvoyer, à mettre les formes et à utiliser des formules de politesse, vous comprendrez que quelque chose a profondément changé dans notre relation. Maintenant, traitez-moi de dinosaure, bannissez-moi de vos vies, dénoncez-moi, faites ce que vous voulez. Je ne changerai pas d'avis, et encore moins par la force. Parce que je suis un être libre, et je suis con comme une bite acariâtre quand il est question de distinguer le fond de la forme. Et la rusticité dans tout ça ? Simple : la rusticité, c'est le fait d'être au courant que l'inconfort (physique, moral, intellectuel, émotionnel) n'a rien de dramatique, et qu'avec la bonne dose de courage ET de lucidité on peut devenir encore plus soi-même, et plus libre. "Embrace the suck", comme ils disent aux US. Et si votre truc c'est autre chose que la rusticité, total respect hein. Si vous avez envie de rester enfermés dans le confort ou de vous noyer dans le pot de miel, pas de problème. Je ne vais même pas vous juger ou vous mépriser. Mais par contre, me faites pas chier. Et laissez-moi, moi aussi, être qui j'ai envie d'être. Allez, bisous ! David -- [ mail • fb • insta • RSS feed ] 16 janvier 2020 Précisions au sujet de la conférence "l'effondrement zen"Le 14 février prochain à 14h, dans le 11e à Paris (de 14 à 18h environ, le lieu précis sera fourni aux inscrits au dernier moment pour éviter les attroupements et les curieux), j'animerai une conférence-formation-discussion au sujet de l'effondrement et de la collapsologie. Beaucoup de gens me demandent des détails sur cette conf, aussi je prends un petit temps pour poser ici quelques grandes lignes de mon intention pour cette conf. Comme toujours, je définis surtout un objectif général pour cet évènement, et l'idée est de voir comment ça va se "co-construire" avec les gens qui seront présents. Aussi, rien n'est figé dans le béton, et ça bougera légèrement, mais l'idée générale est la suivante :
Pour plus d'infos, vous pouvez me faire un mail (voir le lien ci-dessous). Pour vous inscrire (25€), ça se passe ici : J'espère vous y voir en nombre pour que les débats soient animés et intéressants ! David -- [ mail • fb • insta • RSS feed ] Simplifier.Un jour, Henry David Thoreau disait : "Simplify, simplify." Ce à quoi je ne sais plus qui a répondu "Tu aurais pu le dire une seule fois." L'absence d'objectifs clairs et l'absence de connaissance de soi qui est devenu la norme dans nos vies a un effet secondaire important. Cela nous empêche de trier ce qui est important de ce qui ne l'est pas. Nous sommes un peu perdus, ne sachant plus trop quoi prioriser, et nous nous perdons, par peur de louper quelque chose, dans une diarrhée de détails et de futilités. Quelle place pour le vide ? Quelle place pour la rêverie ? Quelle place pour la contemplation ? Quelle place pour l'être dans toute cette frénésie ? TOUT, absolument TOUT dans nos vies, il me semble, pourrait être simplifié. Encore et encore, jusqu'à atteindre la perfection. Simplifier est un vrai défi. C'est une aventure pour les vrais badass. Ça demande de faire le deuil de millions de trucs, dedans comme dehors. La plupart des gens n'auront jamais ce courage. Simplifier comment, me direz-vous ? En enlevant les choses inutiles, petit à petit. Jusqu'à enlever un truc de trop, et faire un pas en arrière. Et rester là à profiter pleinement de son essentiel à soi. David -- [ mail • fb • insta • RSS feed ] Vous pouvez avoir confiance en vousEh oui, vous pouvez. Mais méfiez-vous, ce petit texte va piquer les yeux. Parce que oui, on a l'impression que le monde entier part en cacahuète et qu'on n'y peut rien. On a l'impression que Trump est à deux doigts de déclencher la Troisième Guerre Mondiale, que nos élites nous trahissent, que l'effondrement total, global, massif et imminent est à nos portes. L'Australie qui brûle. Les retraites qui fondent comme la banquise, sous les yeux des ours polaires impuissants. Merde, même les Britons arrêtent de brexiter, et s'y mettent vraiment. C'est dire. Alors oui, on peut dire qu'on vit "une époque intéressante", comme le disait si bien la malédiction chinoise. Beaucoup de choses changent, beaucoup de choses bougent, et ça bouge vite. Et surtout, on est au courant d'un peu tout ce qui bouge en temps réel, de nos jours, via les réseaux sociaux où l'information est abondante, mais de qualité plus que variable. Moi, je suis vraiment une tête de lard. Et j'aime beaucoup penser par moi-même. Une des choses pour laquelle je pense le plus par moi-même, c'est pour ce qui concerne ma conception de l'être humain et de ses capacités. Non seulement parce que j'ai moi-même survécu à des trucs incroyables, mais parce que -- surtout -- j'ai vu plein de gens ordinaires le faire aussi. Et un truc qui me chiffonne beaucoup en ce moment c'est cette espèce de croyance que les gens sont tous devenus des lâches et des incapables, et que, si je résume, la vie qu'on nous impose nous rend mous, bêtes, faibles et dociles. La vérité c'est qu'on a le choix. L'autre truc, c'est que les capacités des gens ne sont pas fixées à la naissance, en mode "c'est comme ça". Bien entendu, certains ont des facilités dans un domaine ou un autre qui semblent être presque génétiques, mais en réalité la génétique compte bien moins que le travail, sauf cas très particulier (du genre l'athlète de haut niveau naturel ou la personne souffrant d'un handicap inné). Autrement dit, on ne naît pas "bon" ou "mauvais" dans quoi que ce soit, sauf pour une infime proportion de la population. Donc probablement, statistiquement, pas pour 98% des gens qui lisent ce texte. C'est un vrai obstacle à l'évolution de croire qu'on est "bon" ou "mauvais" par nature, et qu'on ne peut rien y faire. Et c'est vraiment déprimant de se percevoir comme une entité figée qui serait "bonne" ou "mauvaise". Depuis quand est-ce qu'on accepte de renier le fait que quand on bosse intelligemment à développer une compétence on y arrive ? Alors voilà. Quand je dis que vous pouvez avoir confiance en vous, c'est précisément ça que je veux dire : vous pouvez avoir confiance dans le fait que si vous avez envie de développer une compétence ou une autre, ou un trait de caractère ou une disposition émotionnelle particulière (genre le bonheur), c'est vraiment possible. Vous pouvez vraiment le faire. Par contre ça ne va pas tomber du ciel comme une loterie génétique ou un don du ciel. Va falloir bosser. Et c'est là que la plupart des gens arrêtent de lire ce texte. Parce que le travail pour progresser c'est pour :
Alors non, ça n'est pas forcément facile ou confortable de bosser pour s'améliorer. Mais d'être une quiche impuissante qui se lamente, au final, c'est pas forcément facile non plus, hein ! Et au fond, peu importe ce qu'on a envie de faire de sa vie, autant le faire bien. Et si votre objectif c'est de vous la couler douce et de glander, alors en utilisant un minimum de réflexion et de boulot, vous trouverez des systèmes pour le faire encore plus, encore mieux, et profiter vraiment ! Je donne des stages de survie depuis 15 ans maintenant. J'ai vu passer des milliers de personnes. Et des tas et des tas de citadins sédentaires. Et j'en ai acquis une certitude profonde : ça n'est pas trois ou quatre générations de vie citadine confortable qui peuvent tuer le chasseur cueilleur qui est en nous (d'ailleurs cette expression est bien de moi, même si elle a été utilisée pour servir de titre à un bouquin... bouquin légitimement assez peu vendu dont mon sens légendaire de la diplomatie m'interdit de parler). Et les gens que je vois en stage, après deux jours, sont carrément plus souples, plus présents, plus adroits, plus silencieux, plus à l'aise... Les gens qui se donnent les moyens peuvent vraiment réussir à faire ce qu'ils veulent. Et oui, parfois on est dans des impasses et des situations où on ne peut vraiment pas s'accorder du temps pour ce genre de truc. Ca arrive. Mais on peut toujours faire un petit truc symbolique, histoire de se rappeler qu'on garde l'envie d'aller vers là où on veut. C'est déjà mieux que d'abandonner ses rêves et ses élans. Mettre onze cents dans une jarre étiquetée "stage de karaté, 11 juillet" avec une petite colère qui circule dans les veines. Faire une traction de plus en janvier 2008 qu'en décembre 2007, même si on n'en fait vraiment pas beaucoup. Ou dessiner la vie qu'on aura après sur le coin d'une nappe en papier pourrie, à 5h du matin dans un "after" où on bosse, dans une jolie petite ville du Québec. La période actuelle va être importante, je pense, pour la suite de l'histoire. Et comme toutes les époques vraiment dures, elle va révéler les pires horreurs, mais aussi le meilleur et le plus beau de ce que l'humain peut donner. Cette époque va révéler plein de qualités insoupçonnées chez plein de gens. Mais pour ça, il y a un virus mental à éliminer : l'idée qu'on est comme on est, et qu'on ne peut ni progresser ni régresser. Moi je crois en vous. Non en fait je ne crois pas. Je SAIS. J'ai vu, j'ai observé, j'ai vérifié plein de fois que les gens peuvent vraiment grandir et évoluer. Et devenir eux-mêmes. Et se révéler dans l'adversité. Alors oui, vous pouvez vraiment avoir confiance en vous, et en vos capacités d'adaptation, d'évolution, et de tout ce que ça implique. Se connaître soi-même. Le devenir. Un peu mieux tous les jours. David -- [ mail • fb • insta • RSS feed] Faire des achats délibérésBon. J'arrive longtemps après Marie Kondo. Sauf qu'avant de jeter / vendre / donner des trucs, j'aime bien avoir LE truc que je vais avoir envie de garder et qui va me servir vraiment. Et puis je suis un vieil acheteur compulsif. La "shopping-thérapie", c'est probablement le truc que je fais le plus facilement dès que j'ai trois sous d'avance, ou pas assez de temps pour prendre soin de moi correctement. Alors si je vous parle de ça c'est aussi pour me convaincre moi-même hein. Et l'idée n'est pas ici de commencer à culpabiliser ceux qui -- comme moi -- font des achats irrationels. Non. L'idée c'est plutôt l'inverse : comment utiliser une méthode rationnelle pour faire des achats :
Du coup, quelques règles simples que je fais de mon mieux pour suivre. D'abord, définir des objectifs. Vous allez dire que je suis lourd, à force, mais tout découle de là, encore une fois. Si vous n'avez pas d'objectif, de projet, vous n'avez pas de trame pour prendre des décisions. Et c'est valable aussi pour vos achats. Notez bien qu'un objectif totalement honorable peut aussi être "me trouver beau/belle", ou "me faire plaisir" hein. Mais dans l'idéal faut que ça soit délibéré. Conscient. Parce que les choses qu'on fait dans un objectif précis, sciemment, sont plus marquantes et donc plus saftisfaisantes. Ensuite, lister des critères, en fonction de ces objectifs et de vos valeurs. Un bon achat, ça sera un achat qui sera fait une seule fois. Et pour ça, il faut :
Vous allez me dire que j'enfonce des portes ouvertes, mais en attendant quand je vois la quantité de merdes qu'on achète, je me dis qu'il est peut-être bon de remettre certaines éviences chiantes au goût du jour. Exemple concret, j'ai un objectif qui est de mieux organiser mon temps. Je me rends compte, parce que je n'aime pas avoir toujours mon téléphone près de moi (ça me distrait trop), que je ne sais pas souvent quelle heure il est. La solution pour ça serait d'avoir une montre. Du coup, je liste mes critères. FONCTIONS : ben en fait à la base, une montre ça donne l'heure. Alors je veux qu'elle le fasse bien, et qu'elle le fasse tout le temps. CAHIER DES CHARGES ET DESIDERATI : Je ne suis pas soigneux. Je fais de la plongée. Je suis souvent sous la pluie. Donc je veux un truc vraiment étanche. Je veux aussi un truc robuste. Je veux un truc qui ne m'oblige pas à dépendre d'une chaîne logistique ou d'un proffessionnel pour être entretenu ensuite. Idéalement, j'aimerais un truc qui ne demande pas du tout de maintenance du coup (ni mise à l'heure, réglage ou changement de batterie). Je veux un truc léger (horreur d'avoir un truc lourd au poignet. CONTRAINTES D'ACHAT : Je veux un truc pas trop cher, et j'ai pas envie de payer cher pour une marque prestigieuse. Ensuite, je me fais mon petit tableau comparatif avec mes critères, et une échelle subjective genre de 1 à 5. Les colonnes sont les critères : simplicité, robustesse, étanchéité, facilité de maintenance, légèreté, bas prix. Les lignes sont les modèles de montre. Évidemment je peux pondérer certains critères comme je veux. Et je note chaque modèle que je vois. Résultat, j'opte pour une GSHOCK solaire et radiopilotée. Digitale, pas à aiguilles (moins robustes). 80 balles, c'est pas donné mais les retours sur la robustesse sont vraiment bons. J'y mets un bracelet en tissus NATO qui traîne ici pour plus de confort de port. J'ajoute une petite boussole pour quand je vais aux champignons trop à l'arrache. J'ajoute aussi des "bumpers" métallique pour la rendre vraiment indestructible. Zéro maintenance, pas de pile à changer, pas besoin de la mettre à l'heure, elle est plus précise qu'une Rolex, et elle fera la boulot. Mon second choix était une Vostok automatique Russe à 65 euros, modèle Amphibie. J'ai choisi de prendre la GSHOCK parce qu'elle est plus précise et ne demande absolument aucune maintenance du tout, et qu'elle ne s'arrêtera pas si je ne la porte pas pendant 48h. Et voilà. Résultat des courses, j'ai donné ou vendu toutes mes autres montres, sauf un altimètre Suunto qui a fini dans mon Go Bag et une Traser H3 de mytho (que mon ami Cepo m'a filée et que je kiffe trop). Et je suis super content. "On est trop pauvres pour acheter de la merde !" On est aussi trop pauvres pour acheter autrement que de manière vraiment réfléchie e délibérée, parce qu'au final sinon on achète un truc de merde, et ensuite on réfléchit et on achète le vrai bon truc. Joyeux Noël ! :) David -- [ mail • fb • insta • RSS feed] BientôtBientôt, c'est une temporalité floue. Pour certains ça a déjà commencé. Pour d'autres ça n'arrivera peut-être que dans plusieurs générations. Mais "bientôt", l'humanité va redécouvrir certaines choses essentielles. De gré ou de force. Bientôt, on va redécouvrir la valeur inestimable d'une tribu. D'une bande de gens fiables et respectueux de l'individualité des autres, malgré leur complexité et leurs différences. La force et le bonheur d'être ensemble, et de pouvoir compter les uns sur les autres. Bientôt, les gens vont sortir de ces rapports de pouvoir entre eux, pour trouver enfin des manières d'être en relation qui leur permettront vraiment d'être eux-mêmes dans un groupe. Ils le feront non pas parce que c'est beau et doux, mais bien parce que ce genre de relations, au sein d'un groupe, sera la seule manière de réellement survivre. Chez les Navy Seals, aujourd'hui, on cherche des soldats d'élite qui pourront devenir des opérateurs ultra-compétents, mais on dédaigne de plus en plus les francs-tireurs ultra-performants qui n'ont pas une éthique et un sens de la meute encore plus grands. On regarde les performances des gens sur le terrain et pendant les sélections, mais on regarde aussi la manière dont ils fonctionnent en-dehors. "Est-ce que je ferais confiance à ce gars si je le laisse avec ma femme et mon fric" est la manière un peu stéréotypée qu'ils ont d'exprimer cette éthique et le niveau de confiance qu'ils souhaitent avoir au sein des groupes de travail. Et on préfère de plus en plus les opérateurs "un peu moins performants" (relativement parlant, évidemment, il est question de super-athlètes et de combattants d'élite) mais sur qui on sait qu'on pourra toujours compter. Ce genre de relations, au sein d'un groupe, font la différence entre un panier de crabe qui va perdre énormément d'énergie à gérer ses problèmes internes et à se tirer dans les pattes, et une tribu capabe de s'adapter et de faire face aux défis que son environnement lui impose. Le temps des rapports de concurrence malsains et des coups de putes sera bientôt révolu, parce que nous n'aurons bientôt simplement plus le luxe de gaspiller autant de ressources pour astiquer nos égos, et faire mousser notre image de jeunes cadres dynamiques et agressifs. Depuis la nuit des temps, ces deux élans sont présents au sein de toutes les espèces : d'un côté la recherche de performance individuelle. De l'autre, la coopération et la sécurité du groupe. Toutes les espèces sont un peu tiraillées entre ces deux extrêmes, qui sont au final deux écueils : l'individualisme absolu est voué à l'échec. Le fait de s'appuyer entièrement sur le groupe aussi. Et, de manière assez évidente, pour survivre une espèce doit trouver un compromis dynamique et intelligent entre la performance et la coopération. Et ce compromis va bientôt être remis au goût du jour, au vu des changements qui arrivent, et de l'environnement volatile que notre biosphère est en train de devenir. Et donc une tribu, au sens où je l'entends ici, c'est le regroupement sain d'individualités fortes, autour d'objectifs clairement énoncés. Pas fortes au sens où tout le monde doit être fort, évidemment. Individualités fortes au sens où chacun est scrupuleusement fidèle à lui-même, et s'intègre dans un groupe en trouvant le moyen de se respecter lui-même ET de respecter les valeurs et les objectifs du groupe. La juste distance, en somme. L'implication vertueuse. De fait, une tribu au sens où je l'entends ici est la co-présence de la performance individuelle (dans des domaines très divers) ET de la coopération et de l'entraide. Et ça passe par plusieurs choses. D'abord, par le fait qu'on encourage l'expression de l'individualité, et que chaque individu aie l'élan de devenir davantage lui-même. De suivre son tropisme individuel, de nourrir ses talents, de travailler à mieux se connaître pour pouvoir exprimer tous les jours un peu mieux qui il est, au-delà de ses automatismes divers. Ça passe aussi par des manières d'être en relation, au sein de la tribu, qui sont saines. Qu'est-ce qu'une relation saine ? C'est assez simple (en théorie). C'est une relation qui est exempte d'aliénation. C'est une relation où, à chaque moment, les individus ont le choix. Le choix de s'engager ou pas, et de connaître les conditions et les objectifs. Le choix de dire oui ou non. Tout ce qui prive quelqu'un de ce choix, par la force, par la ruse, par l'absence d'informations utiles pour prendre une décision, par n'importe quel moyen est aliénant. Nous sommes tellement habitués à ce genre de relations aliénantes que, au final, nous ne les voyons souvent même plus. Au sein d'un couple, ça se pose dans des rapports de dépendance affective ou financière, par exemple. Celui qui a le moins peur de "perdre" l'autre peut facilement imposer ses points de vues, ses objectifs, ses enjeux, et amener son conjoint à une forme d'aliénation ou une autre. Dans le monde du travail, c'est la même chose : tout salarié qui n'ose pas -- pour des raisons qui lui appartiennent -- mettre en jeu son emploi est, de fait, potentiellement aliénable. Le mensonge est aliénant : il prive l'autre des informations qui lui seraient utiles pour se positionner. La propagande est aliénante. La désinformation l'est aussi. La menace d'une sanction physique ou morale l'est également, si la personne en face n'ose pas payer le prix de ses choix. Bref, toutes les manières par lesquelles un humain impose sa volonté à lui au comportement d'un autre est une forme d'aliénation. Tout ce qui fait que quelqu'un doit renoncer à une partie de son pouvoir sur lui-même, quoi. Utopie ? Pas du tout. Mais ce genre de fonctionnement suppose beaucoup de travail sur soi, et une manière de s'organiser très différente de ce qu'on connaît, en revanche. Ca oui. Et ça n'est jamais parfait. Mais ça se construit dans le temps, parce qu'un mode de fonctionnement sain, dans un groupe, favorise l'émergence d'individualités saines qui vont s'exprimer de manière sereine tout en respectant cette chose précieuse qu'est le fonctionnement du groupe. Quant aux méthodes, ça serait difficile de les décrire toutes dans une entrée de blog. Mais promis, j'en reparlerai quelque part. David -- [ mail • fb • insta ] 18 décembre 2019 Conférence sur les solutions personnelles et collectives pour l'effondrementCa va se passer à Paris. Dans le 11e. Le 14 février 2020, de 14h à environ 18h. On va discuter des solutions réalistes pour anticiper, gérer, et s'organiser face aux changements qui viennent. Pour réserver votre place : L'effondrement zen :)David -- [ mail • fb • insta ] Préparation physique générale 2020Ok. On me pose pas mal de questions, comme chaque fin d'année, sur ma préparation physique générale et mes méthodes. Je prends un petit temps pour répondre de manière groupée ici, histoire de gagner du temps. Évidemment, aucun entraînement n'a de sens sans objectifs, alors je vais commencer par là. Mon but, dans cette histoire de préparation physique générale pour la survie, c'est évidemment toujours le même : "être un bon 4x4". Autrement dit, pouvoir fonctionner tout le temps, y compris en mode dégradé (manque de sommeil, le ventre vide, etc.). Non pas être au top du top à un moment donné (comme pour une compétition), mais être tout le temps dans une condition physique suffisante pour gérer une urgence et, globalement, me sentir bien et vivre longtemps si possible. Mes gros points faibles à moi, du fait de mon morphotype, sont faciles à identifier : c'est la respiration et le VO2Max. Je suis naturellement massif et bien enrobé. Je stocke facilement du gras et du muscle. J'ai rarement froid, et c'est rare que la force me manque pour faire un truc. Ce qui me manque, c'est la mobilité et le cardio, en gros. Du coup je priorise ça, d'autant qu'après un an et demi sans stress à vivre avec Aurélie et à prendre l'apéro trop souvent, j'ai pris un peu du bide (c'est les kilos du bonheur, oui, je sais ! <3). Du coup mes objectifs à moyen/long terme sont simples :
Côté bouffe, évidemment c'est toujours mon mix de jeûne intermittent et de régime cétogène. En gros je bouffe à partir de 15h ou 16h seulement, et mon dernier repas est terminé avant 20h. Et je réduis énormément les féculents, je ne mange jamais de sucre, et je réduis l'apéro aussi, ça aide :) Mon programme, de fait, est assez simple, parce qu'il existe des outils géniaux, aujourd'hui, qui bossent ça spécifiquement. Désolé, ça va ressembler à une grosse pub pour Strongfirst mais j'ai juste pas trouvé mieux pour le moment, pour mon cahier des charges à moi. Lundi : "The quick and the dead". Si ≦ 60 reps --> quelques "simples" de SDT ou "ladders" de tractions strictes (tels qu'expliqués dans "Return of the Kettlebell". En gros ça consiste à faire plein de petites séries croissantes de tractions : 1,2,3,4,5 et on recommence la série de séries entre 3 et 5 fois). Mardi : Selon le niveau d'énergie et l'envie, soit "Simple et sinistre", soit simplement je prends mon sac à dos et je pars marcher le temps que j'ai envie, à un rythme zen. Je balade simplement pour me faire plaisir (15 minutes ou 5h, hein, pas de règles). Mercredi : pareil que lundi. J'utilise le système de dé décrit dans le bouquin pour déterminer si je fais les snatches ou les swings+pompes, et de quelle manière, et combien. Et de fait ça détermine si je fais du SDT ou des tractions en plus aussi. Jeudi : comme mardi. Soit S+S, soit balade. Vendredi : comme lundi et mercredi. Samedi : repos et journée off de jeûne intermittent. En gros je glande et je bouffe ce que je veux. Dimanche : repos (mais jeûne intermittent). Au niveau respiratoire, tous les jours je fais évidemment ma cohérence cardiaque et j'ai ajouté récemment un petit exercice de respiration avec une paille qui fait des merveilles. Je vous en dirai plus quand j'aurai testé un peu plus longtemps (encore un truc Russe, ouais, mais celui-ci vient du Systema. Pour le reste, je bosse ma mobilité au besoin un peu tous les jours, au besoin, en me basant sur un mix du travail incontournable de Kelly Starrett -- MobilityWod -- (un incontournable, traduit en Français : "Become a Supple Leopard") et de Thomas Myers" (Anatomy Trains, traduit en Français aussi). Voilà. Et donc, en clair, je ne me fais pas mal. L'idée générale c'est d'en faire moins mais de le faire mieux, parce que j'ai pas que ça à foutre, hein. Et en peu de temps, chaque jour, je me maintiens dans une très bonne condition physique, pour un obèse asthmatique de bientôt 45 ans ;) David -- [ mail • fb • insta ] On ne pourra pas être vraiment écolos sans changer de mode de vie...Petit coup de gueule aujourd'hui contre un phénomène qui commence à sérieusement me brouter : les ayatollahs du bio qui s'imaginent -- à grands renforts de jugements et de condescendance -- qu'ils n'ont "presque pas d'impact" sur le biotope, et que ça leur achète le droit de faire la morale aux autres. Je roule en 4x4. De fait, ça fait de moi un être profondément louche, aux yeux de nombreux Khmers verts qui aimeraient bien me mettre au pas. Alors l'autre jour, dans un café mal famé de Crest où rôde l'intelligentsia écolo Drômoise, je me suis fait prendre à parti par un type qui s'était visiblement mis en tête de faire ma rééducation. -- "Toi, franchement, t'as pas de quoi être fier, de toute manière, le mec qui roule en 4x4 et qui se prétend écolo..." J'ai souri. J'ai souri pour lui montrer mes canines à cran d'arrêt, hein. Et j'ai commencé à poser des questions. -- "Toi, t'as une voiture électrique, c'est juste ?" -- "Oui." -- "Et t'es à fond contre le nucléaire." -- "Évidemment." -- "OK. Mais tu roules quand-même au nucléaire, du coup ?" -- "C'est un peu facile de souligner des contradictions comme ça alors qu'on roule en 4x4" a-t-il ajouté avec un air mi-amusé, mi-dédaigneux. -- "C'est sûr, sauf que mon 4x4 consomme 6,8L au 100, déjà. Et que ce modèle-là, précisément, est l'un des plus fiables et des plus durables qui se font dans ce genre de fourchette de consommation." -- "Je vois pas le rapport !" -- "Évidemment, que tu ne vois pas le rapport, sinon tu ne roulerais pas en voiture élecrtique." À ce moment là de l'histoire, mon interlocuteur monte en pression, et ses potes à la table à côté ont l'élan -- bien primitif et bien lisible -- de me lyncher pour faire un exemple... mais ils n'osent pas, à moitié par peur, à moitié parce que ça ne serait pas conforme à leurs prétentions spirituelles. -- "Et bien sûr toi, tu n'auras jamais d'accident avec ta petite merveille électrique, hein. C'est juste ?" -- "C'est quoi le rapport avec les accidents ?" -- "Simple : dans ta caisse électrique, il y a environ 250kg de pack de batteries au lithium. Tu sais ce que ça fait quand on défonce une batterie au lithium et qu'elle rentre en court-circuit ?" -- "... non ?" -- "Ben en fait les sels de lithium qui sont dedans, autour de 75°C, ils commencent à s'emballer et ça crée une réaction exothermique assez forte pour que ça ressemble à une explosion. Le moindre court-circuit local et ça pète. Et la fumée qui sort de ça, c'est de l'acide fluorhydrique." A ce moment là, le gars a reculé un peu sur sa chaise, il a ouvert la bouche et il l'a refermée. J'ai enchaîné. -- "Et sinon en termes géopolitiques, les terres rares, l'uranium, le lithium et toute la magnifique chimie qui font que ta voiture peut se charger, c'est pas mieux que le reste, hein. Et on ne va pas parler de la durée de vie des batteries, ni de celle de ton véhicule au complet... ça a un coût écologique aussi de construire une voiture." Je pense que s'il avait eu les moyens de me casser le nez, à ce moment là, il aurait probablement tenté sa chance. Et j'ai terminé d'enfoncer le clou : -- "Peu importe comment on tourne le problème, on ne peut pas faire 60km par jour sans polluer, hein. Et de faire venir des oranges bio d'Espagne, ou du café bio de Bolivie, c'est à peu près pareil que de foutre un coup de peinture sur un putain de mur fissuré." Je vous fais grâce de la fin de la discussion, qui était bourrée de mauvaise foi, d'arguments d'autorité et de tentatives d'intimidation basées sur l'exclusion sociale. Comme si j'en avais quoi que ce soit à foutre d'être pote avec ces gens-là. Alors ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, svp. Je mange bio aussi. Et je choisis des marques et des produits les plus éthiques possible au vu de mon budget. Je le fais par conviction, pour plusieurs raisons : d'abord écologiques, ensuite humanistes (parce que oui, de réduire le nombre d'intermédiaires,de favoriser les circuits les plus courts possibles, et d'opter pour des entreprises qui en ont quelque chose à foutre des humains qui bossent avec eux, ça aide un peu). Mais je ne me voile pas la face. Tant que je ferai 35000km et plus par an avec mon véhicule, j'aurai un impact énormissime, en termes d'émissions de CO2 et de bordel foutu dans plein pays pour que mon pétrole arrive jusqu'à mon Rav4. De fait, pour aller vraiment dans le sens de mes convictions écologiques, ce qui serait logique ça serait d'habiter dans un centre urbain un peu plus important et à proximité de l'école, où je pourrais tout faire à pied, et où on mutualiserait (via des trains et des camions) mon approvisionnement. Eh oui. Vivre en ville, en gros, c'est probablement plus écolo que de vivre à la campagne comme je le fais, en devant prendre la voiture pour tout. Sauf que non, je ne suis pas prêt à me coltiner tous les jours 100 000 homo sapiens de qualité variable pour sauver la planète. Et j'assume. Partant de ce constat là, je fais les choix les moins pires possibles, avec les infos que j'ai, pour avoir un impact humain et écologique correct, sans devenir con. Mais je suis obligé d'être honnête, si je voulais vraiment être écolo, je ne pourrais pas vivre comme je le fais actuellement. Et les premiers trucs à changer seraient d'ordre énergétique, et donc thermique :
Comment est-ce que je gère ce paradoxe, du coup ? Comme tous les autres : en essayant d'élargir ma vision des choses. Contrairement à l'autre khmer vert qui roule en voiture électrique, qui part en voyage à l'étranger 10 à 12 fois par en en avion, et qui me traite de meurtrier parce que je mange de la viande... [Note : un ami Facebook -- salut François -- m'indique que le soja importé d'Asie sert essentiellement à nourrir le bétail, mon argument ne tient pas, du coup, merci à lui pour cette précision.]
Bref, pour résumer l'idée générale de cet article : si on veut vraiment réduire son empreinte écologique, il faut commencer par changer les choses qui ont le plus gros impact, plutôt que de faire la morale aux autres avec des arguments à l'emporte-pièce, construits sur des bases essentiellement idéologiques ou esthétiques. David -- [ mail • fb • insta ] 7 décembre 2019 Les stages où il y a encore des placesLes stages avec Aurélie et moi où vous pouvez encore vous inscrire (ça se passe près de Saou, dans la Drôme) : * Stage Tribu 2.0 du du 24 au 28 juin 2020 David -- [ mail • fb • insta ] On va tous mourirOK. Imaginez que vous avez un pote qui vend des super véhicules tout-terrain. Genre des super 4x4, super solides, qui peuvent aller partout. Les écolo, vous avez le droit d'imaginer qu'ils ne consomment presque pas et même qu'ils roulent au prana si vous voulez. On s'en fout, c'est ma métaphore, mais vous inventez ce que vous voulez pour que le véhicule vous plaise. Vous pouvez même remplacer le 4X4 par un véhicule qui vous plaît mieux, hein. Chuis pas chiant. Vous le voyez le véhicule super cool de vos rêves ? Ca peut être une Ferrarri, ça peut être une voiture électrique, une moto, peu importe. Imaginez que votre pote, concessionnaire de ce véhicule de vos rêves, donc, vient vous voir, et vous dit "cette série de véhicule là va être rappelée par le constructeur, et celle là, d'ici pas longtemps, elle va être détruite". Et là, il vous dit ce truc de dingue : "Je te la prête, tu en fais ce que tu veux. Juste, à un moment, faudra que tu me la ramènes pour qu'elle soit détruite. C'est cadeau. Juste parce que je te kiff." En clair vous avez le véhicule de vos rêves gratuit, pour une durée indéterminée. Le seul truc, c'est qu'à la fin (dans 3 mois, 6 mois, un an, 15 ans, vous ne savez pas) vous allez devoir le rendre. Le deal est plutôt bon, non ? Alors maintenant j'ai une question : on est d'accord que ce super véhicule, vous allez l'utiliser, pas vrai? Vous allez essayer de faire en sorte de ne pas le ruiner tout de suite, mais comme vous l'avez pour un moment potentiellement assez court, vous allez avoir envie de le tester, de jouer avec, de faire des trucs chouettes que vous ne pourriez pas faire sans lui, peut-être. En tout cas, vous n'allez probablement pas le laisser prendre la poussière dans un garage sans vous en servir... ça serait un peu bête de ne pas en profiter, juste ? Ok. Alors notre corps, c'est exactement pareil. Il nous est, quelque-part, prêté. Et tellement, tellement de gens n'osent pas l'utiliser, comme s'ils avaient le devoir de le restituer en parfait état à la fin. C'est pas une voiture de location, le machin, les gars ! Personne ne va vous disputer si au moment de la rendre, y'a un rayure sur le pare-choc ou qu'il est un peu sale ! Combien de temps est-ce que vous allez ne pas oser rouler avec le véhicule qui, de toute manière, va être détruit à la fin ? Pourquoi vous le laissez au garage ? Vous espérez qu'en le laissant au garage vous allez devoir le rendre moins vite ? Que quelqu'un va l'oublier ? Evidemment, si vous l'abimez trop, vous pourrez rouler moins longtemps avec, question de juste-milieu hein. Mais merde, quoi. Je vois plein de gens qui vivent leur vie comme si le but c'était de ne jamais mourir. Ils s'empêchent de vivre de peut de crever. Ca va pas marcher, les gars. Et d'ici peu, il faut profiter du temps qu'il vous reste... Pour moi, la vraie, vraie honte, ça serait d'arriver à la mort avec un véhicule tout neuf qui est resté au garage tout du long. Tic, tac, tic, tac... David -- [ mail • fb • insta ] L'effondrement intellectuel."L'effondrement, c'est comme le terrorisme, ça nourrit plus de gens que ça n'en tue". Alors ok. Vous allez me dire que le climat se dérègle, que les Etats sont en faillite, que la grogne monte un peu partout, que les gilets jaunes perdent des yeux et des mains, et que nos démocraties battent de l'aile. Vous allez aussi me dire que la biodiversité se réduit. Que les méchants industriels s'en tapent. Que tout ça. Et je ne vais pas vous donner tort, évidemment. C'est globalement vrai. Mais il y a bien pire. Vraiment, vraiment pire. Il y a un truc qui me semble être à la racine de tout ça. Qui rend tout ça possible. On est en train de devenir bêtes. Et c'est pas un problème de "hardware" hein. C'est -- et là je présente mon hypothèse -- qu'on n'utilise plus assez, et plus correctement nos cerveaux. De nos jours, alors que nous avons tous au fond de la poche accès à des quantités d'informations (de qualité variable) pharamineuses, dans ce monde où nous n'avons que l'embarras du choix dans les sources de connaissances où nous pouvons allez piocher, nous nous contentons tous, plus ou moins, d'une paresse intellectuelle et d'une médiocrité de la pensée qui confine au sublime. Alors que nos biotopes sont mis à mal, alors que nos enfants sont éduqués par des gens mal dans leur peau qui sont le plus souvent incapables d'accorder un participe passé correctement, alors que le tissus social s'effrite et que les gens perdent confiance dans les institutions, alors que -- en gros -- tout part en couille... nous nous demandons encore si machin va liker notre selfie ou pas. Nous passons encore notre temps et notre énergie à glander sur les réseaux sociaux et à regarder des vidéos de chatons, de bagarre ou à relayer des rumeurs toxiques (fausses, inutiles et généralement nocives) sans les vérifier, avec comme préoccupation première le fait de ne pas être aussi naïf que le voisin, ou d'être le premier à révéler de grandes vérités cachées, le tout grâce à notre incroyable sagacité... Pourtant, on est loin d'être cons, en théorie. En théorie. Un des profs de mon père, il y a 60 ans, disait qu'il s'inquiétait de voir que les médecins, pendant leurs études, n'étaient plus systématiquement obligés de faire du latin. Non pas que le latin soit une langue particulièrement indispensable... mais selon lui, l'exercice mental de sécher pendant des heures sur des versions latines est -- et non, on ne va pas se mentir, c'est vraiment chiant ! -- un excellent entraînement cérébral, et un bon test d'opiniâtreté. Il disait "un médecin qui n'a pas passé des soirées entières à se casser les dents sur des versions latines, j'aurais beaucoup de mal à lui confier ma santé". Ca semble un peu archaïque, comme raisonnement, mais ça me semble quand-même plutôt tenir la route. J'ai beaucoup de choses à reprocher à mon père, mais il m'a tout de même transmis quelque chose de terriblement précieux : il m'a appris à penser. Pas seulement à penser par moi-même, non. "Penser par moi-même" c'était la base. C'était la phase "avec les petites roulettes" de mon éducation à la pensée. Il m'a appris à penser de manière précise et efficiente. A traquer mes erreurs de logique, les biais, les a-priori, les manières innombrables dont l'émotionnel biaise les perceptions et la raison. Il m'a fait comprendre qu'avec des prémisses pourries, un raisonnement ne peut jamais être bon. Il m'a appris à repérer les sophismes, les truismes, et les syllogismes de merde (pléonasme). Il m'a fait comprendre que le fait qu'une chose soit fausse le signifie pas automatiquement que son opposé soit automatiquement vrai. Il m'a enseigné à penser comme on m'a aussi enseigné à pister : à fuir les tautologies, et à me rebeller contre les arguments d'autorité. Etc. Etc. Etc. Je vais être franc, hein. Ca m'a pourri la vie. Parce que oui, la rigueur intellectuelle, elle a vraiment un prix. Mais putain-de-bordel-à-culs, ce prix, c'est celui de la liberté ! Alors oui, penser, ça demande un effort. Ca demande un entraînement. Ca demande du courage. Ca implique des responsabilités... un peu comme un flingue. On ne peut pas interdire aux gens de penser, et encore moins leur interdire de penser correctement. Par contre on peut les priver de la méthode (avec des profs de merde). Et on peut les occuper à autre chose (avec du stress, de la désinformation, et du bruit). Je pense que l'effondrement le plus urgent, celui dont nous devrions nous occuper, et celui sur lequel nous avons prise, aujourd'hui, il est intellectuel. REAPPRENEZ A PENSER D'UNE MANIERE QUI VOUS PERMETTE D'ATTEINDRE VOS OBJECTIFS. Quelques pistes pour optimiser sa pensée : Trouver des informations fiables comme matériel de base à mettre dans la moulinette. Une maison posée sur de la merde, et sans fondation, va vite devenir bancale et se fissurer. De même, de poser un raisonnement ou une réflexion sur des informations fausses, ça ne peut pas donner autre chose qu'un "output" faux. Shit in --> shit out. Apprenez à douter de vos sources, à les comparer, à les croiser, à les remettre en question systématiquement. Et faites du "fact checking" dès que vous pouvez. Et "sourcez" : demandez d'où viennent les infos, allez lire les articles, les sources, et le matériel brut. C'est long, mais c'est libérateur, aussi. Voir les choses en face. Il vaut mieux être frappé par la vérité qu'embrassé par le mensonge (proverbe Russe). On a très souvent tendance à filtrer les informations trop dérangeantes ou simplement trop étrangères à notre "champ des possibles". En acceptant de ne pas comprendre, en acceptant de dire "je ne sais pas", on s'entraîne petit à petit à faire de la place à l'inconnu, et à ce qui nous dérange. Tous les points de vues et toutes les opinions ne se valent pas. Surtout pas quand on les présente comme des vérités. Si on les présente comme des opinions ou des hypothèses, passe encore. Mais ça n'a pas plus d'utilité concrète que de dire "regardez mon joli dessin" ou "admirez ma créativité". N'importe qui peut créer une jolie opinion de toute pièce. Elle peut même être élégante, ou être compatible avec votre idéologie ou votre humeur du moment. Mais elle n'est pas vraie pour autant. Rien n'est vrai (et surtout pas pour toujours). On n'a simplement pas encore réussi à prouver que c'est faux. Mais en attendant mieux, on peut se contenter d'un état des connaissances imparfait s'il fonctionne pour atteindre nos objectifs. Et de fait on fait semblant que c'est vrai, en sachant que c'est un peu incertain, et avec les précautions que ça implique. Dans un bon raisonnement, on ne cherche pas à prouver qu'on a raison. On cherche à voir où on s'est trompé, et comment on a tort. Nuance importante. L'objectivité n'existe pas. On est toujours biaisés, orientés, subjectifs, limités... mais on a quand-même le droit de faire de son mieux pour être honnête. Les hypothèses qui ne font pas appel à trop de créativité sont plus souvent les bonnes (une variante à moi du rasoir d'Occkham). En gros, plus on doit inventer des trucs pour qu'une hypothèse puisse coller, plus c'est de la merde, en général. Et les hypothèses les plus simples sont bien souvent les meilleures. Les choses ne sont pas binaires. Même si notre perception immédiate dinstingue les choses par contraste entre deux trucs, ça ne veut pas dire que la réalité se résume à ça. Parce que quelqu'un a tort ne signifie pas que j'aie raison quand je le contredis, par exemple. Et évidemment, si on met un blond norvégien avec très peu de pigmentation à côté d'un africain à la peau ultra-pigmentée, on peut distinguer un "blanc" et un "noir". Mais dans les faits, si posait toute l'humanité devant nous en classant tout le monde du plus clair au plus foncé, on serait bien emmerdé pour poser une limite honnête entre les blancs et les noirs. Et le gars, un millipoil plus clair que son voisin, serait bien étonné de se faire dire que son voisin est noir, et que lui il est blanc. Bref, on fait des catégories parce que ça permet de faire des raccourcis. Et ça peut être utile dans certains cas. Mais il faut garder à l'esprit que ce sont des raccourcis, hein. Et surtout, ne pas poser de décisions trop irréversibles sur cette base-là. Entre "vrai" et "faux" il y a tout un tas de nuances. Mais on peut a minima y trouver "vrai et faux" (genre le chat de Schrödinger qui est mort ET vivant), et "ni vrai ni faux" (comme dans "ne s'applique pas"). Bref, de comprendre que le degré de fiabilité d'une information est une chose faite de nuances permet de voir les choses plus finement. Et permet plus d'humilité, de remise en question, et d'ouverture. Les décibels ne sont pas des arguments. J'ai piqué cette formule au père de Mathias, moniteur au CEETS. Je le cite souvent, ce monsieur, même si je ne l'ai jamais rencontré. Mais en gros, si on crie plus fort, qu'on fait plus peur, ou qu'on a plus d'autorité, ça ne nous donne pas raison pour autant. Les arguments d'autorité me semblent être une spécialité couramment pratiquée dans les institutions françaises. Que ça ait lieu dans l'armée où, par définition, le boulot nécessite un niveau d'obéissance important, passe encore. Mais quand ça a lieu dans les facs ou les labos de recherche, j'avoue que ça me désespère. David -- [ mail • fb • insta ] 19 novembre 2019 Quelques stages mis en ligne
David -- [ mail • fb • insta ] Article sur Aurélie et moi dans YggdrasilOn s'est régalés à papoter avec Pablo. Interview intéressante et questions intelligentes :) Vous trouverez un petit portrait des deux et un peu une idée de comment on peut faire de l'effondrement un tremplin vers des trucs mieux ;)
David -- [ mail • fb • insta ] 20 septembre 2019 Formulaires d'inscription en ligne !* Stage Tribu 2.0 du du 24 au 28 juin 2020 David -- [ mail • fb • insta ] 25 juillet 2019 Mise en ligne du formulaire pour le prochain stage AntifragileDu 13 au 17 novembre, chez nous, dans la Drôme, on envoie un stage Antifragile. Aurélie est en train de refaire le site de 3volution de fond en comble, et elle a refait la page du site qui parle de ce stage, d'ailleurs. L'objectif général de ce stage est de développer sa capacité à profiter de l'adversité et à grandir à travers elle. David -- [ mail • fb • insta ] 24 juin 2019 Sortie de trois nouveaux manuels de (sur)vie chez Amphora !Après le manuel de (sur)vie en milieu naturel, qui sert de tronc commun, je publie avec respectivement Guillaume Mussard (forêt), Julien Imbert (grand froid) et Chris Cotard (montagne), trois manuel de survie qui se veulent être des compléments, par biotope, au premier opus. Les trois sont des "classiques instantanés" et se vendent comme des petits pains ! :) 13 juin 2019 Je continue d'avancer dans la rédaction de "Où est passée ma tribu ?", la suite à mon premier bouquin en PDF.Ca avance vite et bien, et ça remue plein de trucs. C'est un bouquin pour préparer l'avenir. David -- [ mail • fb • insta ] 12 juin 2019 Chronique de l'ours des bois, de Carnets d'aventures #56 en kiosques : Camoufler son bivouac.Dans ce numéro j'explique un peu mes vieux trucs pour bivouaquer de manière discrète, non pas pour échapper à la loi mais bien pour pouvoir bivouaquer dans les zones où c'est autorisé sans être dérangé. Abonnez-vous, ce magazine donne des fourmis dans les pattes :) David -- [ mail • fb • insta ] 11 juin 2019 Mise en pré-commande de mes trois nouveaux manuels de survie sur le shop du CEETS.Avec Guillaume Mussard, Chris Cotard et Julien Imbert on vous a pondu trois manuels, précisant les techniques les plus utiles par biotope, pour compléter le premier Manuel de (sur)vie en milieu naturel paru en 2016. Ce sont donc les manuels de (sur)vie Forêt, Montagne et Grand Froid qui voient le jour. Ils sont actuellement en impression. Ils sont dispos dédicacés (seulement par moi, pour les co-auteurs il faudra ller en stage avec eux !), en pré-commande, sur notre shop.
David -- [ mail • fb • insta ] 10 juin 2019 Publication d'une première rubrique dans "Outside.fr""Mission survie" va être le titre de ma rubrique (pour le moment avec une périodicité de deux rubriques par mois). Pour le premier numéro : "Comment les gens meurent dans la nature". Je suis super heureux de pouvoir contribuer à ce magazine qui est une référence dans le domaine des sports et de la culture "outdoor" aux USA.
David -- [ mail • fb • insta ] 9 juin 2019 Ouverture d'un stage 5% dans la Drôme du 16 au 20 octobre Le concept de ce stage est de former des citoyens à être les premiers intervenants, les piliers qui pourront structurer la réaction des gens autour d'eux en cas de crise, quelle qu'elle soit. Que ça soit une fusillade, un glissement de terrain, un tsunami ou un accident de la route, ce stage vous apportera des outils concrets pour réagir, mais aussi pour mettre en place une coopération efficace dans l'instant, et transmettre vos connaissances en amont, ou après l'impact (module pédagogie). Ne traînez pas, les places partent vite.
David -- [ mail • fb • insta ] 9 juin 2019 Nouvelle chronique autonomie natureDébut d'une collaboration -- que je sens que je vais adorer -- avec le magazine Outside.fr :) J'y suis allé au bagou, sur ce coup là. J'ai appris leur existence parce qu'une de leurs journalistes m'a contacté pour faire un article sur les stages de survie. En voyant que les sujets qu'ils publiaient étaient très proches de mes délires et de mes centres d'intérêt, j'ai pris contact avec la rédaction en proposant mes services pour lancer une rubrique "autonomie nature". Et voilà. Qui ose gagne, comme on dit. Je suis super content de pouvoir contribuer à ce magazine, en plus de Carnets d'aventure, avec qui je continue, évidemment ! Publication du premier article la semaine prochaine. Stay tuned !
David -- [ mail • fb • insta ] 9 juin 2019 C'est quoi, un blog ? Ben en fait à l'origine c'est un web-log. Un log, c'est un journal empilé, en informatique, avec les dernières entrées en haut. L'idée, à l'origine, c'était juste de donner des nouvelles facilement au sujet d'un truc sans se faire chier. Du temps où les hommes étaient des hommes et savaient écrire en HTML et utiliser un FTP. C'est simplissime, mais ça se perd. Bref, j'ai envie de m'y remettre. À l'ancienne. Parce que j'aime bien ce concept de journal en ligne super sobre. Ce "blog" sera donc juste une sorte d'aggrégation de liens, de trucs que je fais, de publications, de projets. Si vous voulez avoir une idée de "ce que je fais maintenant" ça sera ici. Je vais tâcher de l'entretenir régulièrement. Vos feedbacks m'aideront à garder le lien avec cette page, et à l'entretenir vraiment.
David -- [ mail • fb • insta ] 9 juin 2019 Effacement de plein de vieux trucs de merde. Tout cramer pour repartir sur des bases saines, comme dirait Léodagan.
|