Bonjour,
Une allusion récente m'a donné envie de créer ce petit post sur le "8 kilomètres" qui semble être encore pratiqué dans l'armée de nos jours. J'imagine que plein de gens ici pourront apporter des conseils et des informations sur ce joyeux exercice
Voici quelques mots basés ma faible expérience remontant à la fin des années 80....
Description :En gros il s'agit de courir 8kilomètres en une heure avec l'équipement de combat (en gros 11 kg). Parfois on a une version "sportive" de la chose : on peut courir en tennis treillis, tête nue, avec un sac pesant 11kg. Parfois on a une version "mili" : on est en rangers, casque lourd, Famas, sac à dos à 15 kg. Parfois on a la version "de guerre" c'est à dire que l'on porte en plus le brelage chargé, la pelle et l'ANP serré sur la cuisse. On peut aussi ajouter des variantes (genre la tenue NBC....).
Personnellement on nous décrivait l'exercice comme étant un moyen de quitter rapidement une zone pouvant être "battue" par l'artillerie adverse qui venait de nous repérer. Il fallait donc "s'exfiltrer" pour augmenter le cercle d'incertitude le plus vite possible.
Intérêt de l'exercice :Dans l'Armée Française, singulièrement dans l'Infanterie, on aime beaucoup courir. C'est même la base de l'entrainement physique. Sur le plan physique une jeune en bonne santé (qui est apte au service) deviendra rapidement capable de faire ce qu'on lui demande...selon la forme physique de départ et la force morale cela prendra juste plus ou moins de temps.
Ce n'est pas la même chose pour le parcours de combattant par exemple qui demande de la force, de la confiance en soi, de l'agilité et de la coordination : certains n'y arrivaient jamais.
L'objectif du 8 kil n'est donc pas réellement physique. C'est avant tout une épreuve mentale et parfois un exercice de cohésion du groupe (s'il est fait en groupe et que celui-ci doit rester cohésif).
Même en bonne forme physique, on souffre lors d'un 8kil. Tout simplement parce que le balancement et les frottements (arme, équipement, brelage, sac à dos..) vont entrainer des douleurs et parfois des blessures légères (brulures, ampoules) ou plus profondes (chevilles, genoux, vertèbres...).
C'est un exercice, comme de nombreux exercices militaires, qui n'est pas "égalitaire" : les forts sont avantagés puisque la charge est la même pour tous, y compris pour le personnel féminin (de mon temps). Remarquez c'est logique : la Shrapnell est par nature peu discriminante, y compris celle de l'adversaire.
Difficultés et moyen d'y faire face :Vous l'aurez compris le gros problème c'est le ballottement de l'équipement. C'est encore pire si on est sous le soleil car dans ce cas le treillis devient trempé, la peau est moite et les jugulaires du casque et les différentes sangles deviennent vite blessantes. Remarquez que la casque F1 était une bénédiction par rapport au casque précédent car il bougeait beaucoup moins dans les chaos. Les casques avec une jugulaire simple étaient une horreur.
La première chose à faire c'est d'être à l'aise physiquement sur la distance, c'est toujours çà de moins à gérer. Puis d'y être à l'aise en treillis et rangers. Personnellement je n'ai jamais trouvé que les rangers, une fois faites, étaient des chaussures inconfortables. Certaines avaient une semelle plus tendre que d'autres, il fallait choisir les semelles tendres. J'avais essayé de mettre des semelles en "sorbothane" mais cela alourdissait beaucoup la chaussure, la rendait plus instable, limitait le rebond...au final j'avais trouvé qu'au bout de quelques temps c'était mieux sans rien.
8 kilomètres en une heure c'est plus une marche rapide qu'une course. Et c'est là que la technique intervenait. En fait le truc c'est de s'entrainer à courir de façon à ce que le centre de gravité ne bouge pas ou peu, on appelait ça la "marche commando". C'est donc plus une marche rapide avec des pas glissés, l'objectif étant de lever le moins possible les genoux et donc les lourdes rangers.
Pour s’entrainer c'est plus facile sur une route lisse, et cela consiste à courir avec une faible charge dans le sac mais bien sonore (gamelles) en faisant un minimum de bruit. Moins on fait de bruit, moins il y a de chocs, moins l’équipement ballote, mieux vont vos articulations.
Progressivement, on muscle des groupes spécifiques et les chevilles jouent mieux le rôle d'amortisseur...on peut alors arriver à courir en effleurant le sol même sur un chemin. A la longue le pieds développe ses sensations et devient "agile", c'est très pratique de nuit.
Sur le plan de la préparation et de l'équipement :- Etre bien hydraté. Pisser 20 minutes avant, boire, pisser juste avant.
- Avoir un Famas à sa main (pas un droitier pour un gaucher) sinon cela fait encore plus mal. Le FSA était plus pénible.
- Ne pas prendre de chaussette en coton. Confortables au début, elles deviennent trempées et font des ampoules.
- Avoir de bonnes rangers faites au pied et souples (comme toutes les montantes fines il faut surtout se méfier des mauvais plis du cuir qui irritent le tendon d'Achille et à la longue font des tendinites).
- Ne pas trop les graisser car dans ce cas elles n'évacuent plus (du tout) l'humidité.
- Bien régler son sac et le remplir de façon astucieuse.
- La crème Nok peut rendre service.
- On peut ouvrir discrètement sa braguette : cela permet un peu de ventilation et évite (un peu) les échauffements. A ce titre bien choisir le "slip du jour".
- Eviter les treillis retaillés de type "moulburn".
Voilà...à vous, j'ai du dire plein de bêtises et oublier plein de points importants.
EDIT : à y réfléchir cela devait être un sac de 11kg...soit à la louche 15kg d’équipement mini si sac+arme, j'ai modifié.